L’expert international en finance inclusive et projets de développement et Conseiller spécial du Président de la République du Togo était l’un des invités du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur, qui célébrait ses 50 ans d’existence à Ouadagougou, à la fin du mois de Mai 2018. A cette rencontre des sommités scientifiques de l’Afrique et du monde, Réckya Madougou est intervenue dans le panel de haut niveau sur la politique numérique de l’enseignement supérieur.
Dans une approche andragogique, l’expert international a présenté les défis et les potentialités dont regorge l’enseignement supérieur et dont l’exploitation apporterait une valeur ajoutée aux systèmes éducatifs des universités africaines car il est impérieux pour le CAMES d’entrer dans la voie de la digitalisation.
« Il est désormais impossible de penser l’organisation de la vie socioéconomique de nos pays, de nos institutions, de nos organisations, des entreprises sans penser à leur digitalisation », a introduit la panéliste. « Et cette nécessaire digitalisation, est le fondement de la transition numérique du CAMES », a-t-elle poursuivi.
Selon l’UNESCO, seulement 8% de personnes parviennent à s’inscrire dans les universités africaines au sud du Sahara. Ce qui est totalement en déphasage avec les 75% enregistrés sur d’autres continents notamment en Amérique. Il importe donc qu’avec le développement exponentiel des infrastructures des télécommunications, le CAMES profite pour combler le gap et ouvrir les universités à tous, a fait constater l’ancienne Ministre du gouvernement béninois. Ce potentiel qui favorise le e-learning et le mobile Learning, nécessite que le CAMES mène des réflexions stratégiques pour trouver des mécanismes innovants pour la formation des apprenants mais également des enseignants. L’élaboration des curricula ainsi que les modes d’apprentissage doivent également tenir compte de l’opportunité que constitue la digitalisation.
Pour réussir cette digitalisation, Réckya Madougou propose quatre axes stratégiques. Elle évoque d’abord la nécessaire création d’un écosystème adéquat. Cela impose que les universités doivent pouvoir ouvrir des bibliothèques en ligne, que les recherches soient en ligne et les données actualisées et que le CAMES aide les universités à trouver des mécanismes innovants de financement pour favoriser leur souveraineté.
L’autre axe stratégique, c’est la formation universitaire des apprenants et des enseignants.
Puis l’expert en développement des projets propose la formation des métiers à l’ère du numérique pour régler l’épineuse question de la formation-emploi, car étant en lien étroit avec les défis de développement des pays.
Réckya Madougou propose aussi comme axe stratégique, l’obligation pour les États d’accompagner les universités dans leur processus de digitalisation sur les aspects juridiques et infrastructurels.