Le combat contre les violences basées sur le genre doit être mené par tous. Le Bénin gagnerait à mettre l’accent sur les volets prévention et l’investissement dans le capital humain pour relever le défi.
Le Bénin, à l’instar de plusieurs pays africains, dispose d’un arsenal juridique pour promouvoir les droits des femmes et lutte contre les violences basées sur le genre. Pourtant, les cas de violation des droits des femmes sont encore légion. Et il importe de renforcer la prévention, notamment à travers la sensibilisation, afin d’enrayer ce phénomène qui entrave l’épanouissement de la gent féminine et ainsi le développement de la nation.
Quelle que soit la forme de la violence, elle a des répercussions sur la santé des femmes et entraîne dans d’autres cas des conséquences dramatiques. Cela se répercute sur leurs enfants, leurs familles et leurs communautés. Les femmes, notamment celles rurales, en sont davantage victimes, en raison de leur taux d’analphabétisme et des pesanteurs sociologiques.
Selon une étude du ministère en charge des Affaires sociales, qui date de 2009 mais toujours d’actualité, au Bénin, les violences de genre touchent les femmes non instruites (89 %), celles vivant dans un régime polygamique (87 %), et issues des ménages pauvres (86 %), les filles non scolarisées (79 %).
Mais il ne s’agit pas de se réfugier derrière les pesanteurs socioculturelles pour justifier le phénomène. Les violences sont injustifiables dans la mesure où la femme n’est pas la propriété de quelqu’un, encore moins une marchandise qu’on peut malmener.
En dépit des efforts, les auteurs de ces actes continuent d’offrir le triste spectacle des violences. Il se fait malheureusement que les victimes mêmes en sont complices, du fait de leur silence qui limite les actions des acteurs engagés dans cette lutte. En fait, le désir de préserver la cohésion familiale, la honte, la dépendance économique face à l’auteur des violences, sont autant de raisons qui les contraignent à ne pas dénoncer leurs bourreaux. De même, les pressions familiales et les règlements à l’amiable émoussent l’ardeur des Ong.
L’étude de 2009 renseigne que la méconnaissance des droits des femmes, d’abord par elles-mêmes et le mépris avéré des hommes et de certains groupes sociaux en particulier à la jouissance par les femmes de leurs droits sont des facteurs générateurs de violences à leur égard.
Inverser la tendance
La nécessité d’agir sur les perceptions et les comportements qui induisent et entretiennent le phénomène a conduit les différents acteurs intervenant dans le domaine au Bénin à l’élaboration des Procédures opérationnelles standard (Pos).
Elle vise à avoir un système de prévention, de traitement et de prise en charge plus optimal et plus coordonné, en vue d’une riposte efficace contre le phénomène. Elle permet de décrire les procédures, rôles et responsabilités précis de chaque acteur impliqué dans la prévention et la réponse à la Vbg et d’assurer la cohérence et l’harmonisation de la prévention et du traitement de ces questions. Ce dispositif peut inspirer d’autres pays.
Pour gagner le pari, le Bénin devrait mettre l’accent sur le développement du capital humain et rendre performantes les politiques économiques et sociales en vue de l’épanouissement des femmes. Une population bien éduquée, bien instruite et en pleine santé est à même de revendiquer ses droits, de réclamer plus de justice sociale et de contribuer au développement de son pays. Les ressources humaines jouent un rôle fondamental dans les progrès des pays. Les victimes de Vbg ne doivent donc pas être exclues de cette marche. Il est juste de lutter contre les violences à travers l’investissement dans le capital humain en ce sens que les textes législatifs nationaux revendiquent le droit des victimes à la santé, à l’éducation et à la protection sociale.
Les Vbg ne sont pas inéluctables. La prévention est également un facteur déterminant dans la lutte. Cela consiste à offrir les mêmes chances aux filles et aux garçons dès le bas-âge aussi bien dans le cercle familial que dans le milieu scolaire.Une prévention et une réponse efficaces au phénomène nécessitent une action coordonnée avec les services sanitaires, les acteurs judiciaires, ceux intervenant dans les domaines des droits humains, les forces de sécurité, les institutions, les médias, les communautés, les leaders religieux et traditionnels et la société civile.
Un programme complet pour mettre fin à la Vbg doit se concentrer sur les quatre piliers essentiels de prévention, de protection, de prestation de services et de l’investissement dans le capital humain?