24h après leur installation, les nouveaux membres de la Cour constitutionnelle se sont réunis dans la matinée d’hier pour élire celui qui présidence la charge de la Haute juridiction pour le compte de la 6e mandature. Le professeur Joseph Djogbénou, Agrégé en droit, a eu la confiance de ses pairs pour assumer cette charge. Il succède au professeur titulaire, Théodore Holo, qui lui passera le témoin ce jour. Ancien garde des sceaux, le patricien du droit est dans son marigot, et ce n’est que justice, s’il est élu pour conduire la destinée de l’institution pour les cinq (5) prochaines années. Il ne s’agira pas de se lancer dans des comparaisons stériles entre l’actuelle équipe et les précédentes. Car, les hommes passent mais l’institution demeure.
Mieux, la Cour est une Haute juridiction qui 25, ans après, jouit d’une stabilité, tant du point de vue des décisions rendues, enracinées dans sa jurisprudence et la Constitution, que sur le plan de l’alternance qui s’observe à chaque fin de mandat. Et les hommes qui y siègent aujourd’hui, comme ceux d’hier, sont des Béninois, désignés conformément aux critères prévus par la loi fondamentale. Ils connaissent donc l’environnement social. Joseph Djogbénou et les siens vont rendre la justice constitutionnelle à l’aune de leurs connaissances, expériences, et des arsenaux juridiques établis, et non selon les humeurs de la rue.
D’ailleurs, si on n’y prend garde, les inquiétudes et pressions, quoique normales, pourraient influencer la sentence des nouveaux juges. Heureusement, les personnes qui siègent à la 6e mandature sont averties. Sous Joseph Djogbénou, le droit et rien que le droit sera dit. Il a le profil du job, et c’est avec beaucoup de fierté que l’homme a souvent exprimé sa reconnaissance à cette Nation qui lui a tout donné. Joseph Djogbénou demeure un modèle pour sa génération et pour celles qui suivront, et ceci, en dépit des rôles politiques qu’il a eu à jouer pendant un laps de temps.
Ses fonctions devraient d’ailleurs renforcer son aperçu de la sociologie politique du pays. En effet, la Constitution ‘’est’’ ce que dit le juge constitutionnel, (ses décisions sont sans recours), et si ce dernier est suffisamment ancré dans les méandres de sa société, cela ne pourrait qu’être bénéfique. D’ailleurs, le mode de désignation est politique, et le constituant n’a pas fait qu’exiger des profils juridiques, bien que la Cour soit la plus haute juridiction en matière de justice constitutionnelle. Une nouvelle page s’ouvre donc à la Cour pour un enracinement de l’Etat de droit et de la démocratie.
Arnaud DOUMANHOUN