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Assassinat (21e dossier): Orou Ganni Sanni et Yorou Gouagui libres dans un mois

Publié le lundi 11 juin 2018  |  La Nation
Cour
© Autre presse par DR
Cour d’appel de Parakou
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Dans les liens de la détention pour le crime d’assassinat, Orou Ganni Sanni et Yorou Gouagui ont été entendus, jeudi 7 juin dernier, par la cour d’assises de la cour d’appel de Parakou. Ils ont été condamnés à 7 ans de réclusion criminelle et recouvreront leur liberté dans un mois.

Considérés comme les principaux meneurs du lynchage à mort de Bio Kpingouré Gnanki N’Douro, les sieurs Orou Ganni Sanni et Yorou Gouagui ont tous les deux été condamnés à 7 ans de réclusion criminelle, jeudi 7 juin dernier, par la cour d’assises de la cour d’appel de Parakou présidée par Edouard Ignace Gangny. Ils ont été déclarés coupables d’assassinat, selon les dispositions des articles 295, 298 et 302 du Code pénal. Mis sous mandat de dépôt le 25 juillet 2011, il leur reste un mois à passer dans l’établissement pénitencier.

De leur audition à la barre, il ressort que dans le village de Timbouré, commune de Bembèrèkè, toute personne suspectée de pratiques de charlatanisme et de sorcellerie, est châtiée jusqu’à ce que mort s’ensuive. « Mon père est décédé dans ces conditions, un jour alors que je venais à peine de rentrer du champ. Son corps abandonné a commencé par être dévoré par les porcs. Ce sont les gendarmes qui, après leur arrivée, m’ont autorisé à l’inhumer», informe l’accusé Orou Ganni Sanni. Ainsi, s’est-il retrouvé avec Yorou Gouagui, aux côtés de tous les autres habitants du village, pour mettre fin à la vie de Bio Kpingouré Gnanki N’Douro sur qui portait des soupçons. Au cours de la vindicte, l’un d’eux a utilisé un coupe-coupe et l’autre, un fusil artisanal. Ils se sont justifiés, en mettant leur acte sous le sceau de l’ignorance.
Pour le père de la victime, l’irréparable est déjà fait, alors pourquoi continuer à détenir les deux accusés en prison ? Des propos qui ont suscité la réaction immédiate du président de la cour Edouard Ignace Gangny qui avait comme assesseurs, Abdou-Moumouni Gomina Seïdou et Hervé Théodore Houdégbé. «L’assassinat est un crime puni par la loi», lui a rétorqué le président. Le vieux Bio qui avait conscience de la loi que les populations du village de Timbouré se sont imposée, a refusé de se constituer partie civile pour réclamer des dommages-intérêts.
Sur la base des déclarations des deux accusés aussi bien à la barre qu’à l’enquête préliminaire et devant le magistrat instructeur, l’avocat général Alexis Mètahou conclut, au terme de ses réquisitions, que les éléments constitutifs du crime d’homicide sont réunis. « Ils ont reconnu avoir contribué au décès de Bio Kpingouré Gnanki N’Douro », a-t-il justifié, en indiquant que l’élément matériel a consisté à l’utilisation d’un coupe-coupe et d’un fusil artisanal. Ce qui, selon lui, traduit bien leur intention de donner la mort à la victime. «La loi de leur village n’est pas une loi républicaine », a ensuite fait observer le représentant du ministère public, avant d’appeler la cour à les condamner à 7 ans de réclusion criminelle.
Assurant la défense de leurs intérêts, Me Mamadou Samari Moussa et Me Claude Tékounti ont expliqué qu’ils ont agi aux
côtés de leurs frères, en ne faisant qu’appliquer une loi qui est en vigueur dans leur village. Cette loi, font-ils remarquer, a même été déjà appliquée au père d’Orou Ganni Sanni. Selon eux, les gendarmes qui avaient fait le constat à l’époque, avaient l’obligation de saisir leur hiérarchie pour mettre fin à l’exécution de cette loi. « Ils ont participé à un lynchage qui a eu lieu le 3 février 2010 et ce n’est qu’un an plus tard, suite à des considérations politiques, qu’ils ont été dénoncés, puis arrêtés», s’insurge Me Claude Tékounti. Avec son compère, Me Mamadou Samari Moussa, il plaidera la clémence de la cour, en invoquant de larges circonstances atténuantes pour leurs clients. Ils la sollicitent pour les condamner au temps déjà passé en détention afin qu’ils recouvrent immédiatement leur liberté.

Les faits

Le village Timbouré, commune de Bembèrèkè, a été confronté à des cas de décès provoqués par la sorcellerie et les pratiques de charlatanisme. C’est dans ce cadre que certains de ses membres influents ont, courant 2002, tenu une réunion et décidé au nom de la population de sanctionner de mort, toute personne convaincue de pratiques de charlatanisme et de sorcellerie.
En 2010, Bio Kpingouré Gnanki N’Douro a été soupçonné d’être à l’origine du décès par envoûtement de son jeune frère Adam Orou, après l’avoir empoisonné. La population, au nombre de laquelle Orou Ganni Sanni et Yorou Gouagui, l’a lynché à mort, en application de la loi du village. Des constations effectuées, il ressort que son corps présente plusieurs lésions au crâne avec des impacts de cartouche de calibre 12.
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