Les dirigeants de la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee) ont annoncé la semaine dernière leur volonté d’engager des poursuites judiciaires contre leurs débiteurs. C’est une mesure qui révèle néanmoins la responsabilité de cette société publique dans ce qui lui arrive.
A compter du 18 juin prochain, il sera lancé à la Sbee le recouvrement forcé des créances. Le Directeur général de la société, Laurent Tossou et ses collaborateurs ne veulent avoir aucune pitié pour les débiteurs insolvables. Ils comptent renflouer les caisses de la Sbee en engageant même des poursuites judiciaires contre certains clients. L’initiative n’est pas mauvaise parce qu’il n’est pas tolérable que de mauvais citoyens consomment les produits de la Sbee sans payer. Et la société a le droit de leur faire rendre gorge coûte que coûte. Cependant, cette société publique est aussi responsable de la situation à laquelle elle fait face depuis son existence. En effet, pendant longtemps, elle a été passive. Ses nombreux responsables ont laissé des milliers de clients (privés comme publics) accumuler leurs factures sans rien faire. Non seulement, des responsables ont été laxistes voire complices, mais aussi la piteuse prestation offerte dans les agences de la Sbee a dû provoquer la situation déplorée aujourd’hui. En fait, il n’est pas rare de voir de longues queues d’attente dans certaines agences. L’engorgement desdites agences décourage certains clients. Ceux qui sont désireux de payer leurs factures, sont souvent très mal accueillis par des agents arrogants. Pis, de nombreux compteurs de la Sbee mal entretenus, présentent des signes de défaillances et créent des pertes énormes à la société. Par ailleurs, la Sbee n’a jamais pensé à innover. Tout porte à croire que tous ces managers ont été peu ambitieux. Ils n’ont jamais voulu copier les belles initiatives prises par certaines structures privées à savoir la modernisation du service clientèle. Jusque-là détenteur du monopole de la distribution de l’énergie électrique au Bénin, la Sbee a été médiocre. Peut-être nulle. Si non, quelle est la politique de suivi du client mise en place dans cette maison ? Quelles innovations dans le mode de paiement des factures? Ailleurs, dans d’autres structures, l’abonné est suivi et quand son abonnement s’en va s’épuiser ou lorsqu’il ne se réabonne pas sur une longue période, il est joint au téléphone ou il reçoit des alertes Sms. On s’enquiert de ses nouvelles. A la Sbeepar exemple, les frais d’entretien sont prélevés chaque mois, des agents passent relever des données, mais quand votre compteur ou un matériel est vétuste ou subit des dommages, c’est la croix et la bannière. Si vous ne vous lancez pas de longues procédures administratives, vous n’aurez pas gain de cause. Est-ce le non recouvrement des frais de factures qui est à la base de l’affaire des compteurs révélée récemment en conseil des ministres et jusque-là non élucidée ? La Sbee a un service commercial très peu rêveur. D’aucuns diront que c’est le recouvrement des dus qui permettra d’opérer ces changements qualitatifs mais c’est discutable. Comment le client qui n’a pas satisfaction ou ne voit rien poindre à l’horizon peut être incité ? C’est dire que la mauvaise politique de la société en est en pour quelque chose. Il faut certes travailler au recouvrement forcé des créances et faire payer les gros débiteurs, mais il faut surtout une refonte de la Sbee. Les Responsables de la société et par ricochet, le gouvernement, doivent se donner de grandes ambitions et apporter des solutions nouvelles qui facilitent la vie aux clients. Des solutions devant permettre à la société d’engranger également de gros bénéfices.