Le Bénin abrite du 11 au 15 juin 2018, la quatrième édition de la Conférence internationale sur le manioc. Organisée avec le Partenariat mondial du manioc pour le 21e siècle (Global Cassava Partnership for the 21st century “GCP21“), ce grand rendez-vous scientifique de Cotonou s’est ouvert ce lundi, 11 juin 2018 à Bénin Marina Hôtel avec la participation de plusieurs acteurs de la filière dont les scientifiques, développeurs, techniciens, venus de plus d’une centaine de pays. La présente Conférence devra permettre d’identifier et de définir les priorités pour de nouvelles opportunités et défis en vue d’un véritable essor de la filière du manioc…
Plus de 500 participants venus des cent-cinq (105) pays producteurs de manioc et de certains pays développés prennent part aux travaux de ladite Conférence qui se déroule pour la première fois à Cotonou. Ainsi, cinq jours durant, ces derniers composés de scientifiques, professeurs, techniciens, développeurs, journalistes, administrateurs, donateurs, banquiers, représentants d'entreprises privées, partageront leurs expériences et harmoniseront leurs connaissances afin de repositionner le manioc sur le marché mondial et solutionner les problèmes liés à sa production et à sa transformation. Il est donc question de sensibiliser la population sur l'importance du manioc dans le monde, d’examiner les progrès scientifiques récents, d’identifier et définir les priorités pour de nouvelles opportunités et défis et trouver un support pour la Recherche et le Développement insuffisant ou manquant. Dans l’optique d’aborder la question du développement de la filière du manioc dans tous ses aspects, la Conférence se déroule dans un processus de rapprochement entre le monde scientifique, les décideurs, les partenaires au développement, le secteur privé, et les agriculteurs. Faut-il le souligner, la présente assise fait suite à une série d’ateliers et activités notamment l’atelier sur les maladies virales du manioc. Dans son mot de bienvenue, le Directeur général de l’Institut national des recherches agricoles du Bénin (Inrab), Dr Patrice Adégbola a fait savoir que les nouvelles technologies sur le manioc seront mises en exergue au cours de la Conférence. Toute chose qui devra révolutionner la filière du manioc en Afrique notamment de la production à la transformation en passant par la commercialisation. Il s’est, par ailleurs, acquitté d’un devoir de reconnaissance à l’endroit du Partenariat mondial du manioc pour le 21e siècle (Gcp21) pour l’appui financier accordé à l’organisation. Quant au Doyen de la Faculté des sciences agronomiques (Fsa) de l’Uac, Joseph Hounhouigan, il a évoqué la place de choix qu’occupe le manioc dans l’alimentation des populations béninoises. Dans le contexte actuel de mondialisation, le manioc offre un important potentiel de valorisation au plan alimentaire, selon lui. Ainsi, outre les défis liés à la sécurité alimentaire et la production de la richesse, il reconnaît la nécessité d’opter pour la mécanisation de la production, la mise à l’échelle des innovations, l’amélioration de la productivité tant en quantité qu’en qualité. A sa suite, les directeurs de l'Institut international pour l'agriculture tropicale (Iita) et de l’Institut français du Bénin, ont également souligné l’importance de la Conférence et des résultats attendus ainsi que l’impact espéré sur la filière.
Le manioc : l’aliment le plus consommé et moins coûteux…
Prenant la parole, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Marie-Odile Attanasso a laissé entendre que le manioc représente plus de 56% de la production en Afrique. Pour satisfaire des besoins énergétiques, plus de 180 millions de personnes en consomment chaque jour sur le continent. Au Bénin, 183 kg de manioc est consommé par habitant et par an. Toute chose qui démontre l’importance du produit ainsi que ses multiples dérivés. Le manioc bénéficie d’une attention particulière dans le Programme d’actions du gouvernement, rassure-t-elle. Par ailleurs, elle a reconnu que des problèmes auxquels sont confrontés les producteurs subsistent et il faudra relever le défi de l’augmentation du rendement face à la diminution de la fertilité des sols. Pour l’autorité ministérielle, il importe d’œuvrer à la réduction des cycles culturaux, l’éradication des maladies virales du manioc et surtout assurer une compétitivité durable du produit. Procédant à l’ouverture des travaux, le ministre de l’Agriculture, Gaston Dossouhoui a, quant à lui, expliqué que la filière est source d’emplois pour les couches défavorisées et le manioc reste l’un des aliments les plus consommés au Bénin. Etant moins coûteux et accessible à tous, il urge donc d’œuvrer à prévenir une crise du manioc en Afrique et précisément au Bénin. Ceci justifie les nombreuses réformes amorcées par le gouvernement dans le secteur agricole, selon le ministre. « Le manioc est une plante industrielle compatible au réchauffement climatique et qui permet d’obtenir plusieurs dérivés dont la demande est en croissance vertigineuse » a-t-il renchéri. A en croire Claude Fauquet, Directeur du Gcp21, une partie de la conférence sera consacrée à l'exposition des produits de manioc : pain de manioc, éthanol de manioc, casse-croûte de manioc, farine de manioc, amidon de manioc utilisé dans les produits pharmaceutiques et les produits traditionnels tels que le fufu de manioc et le gari jaune.