Les enseignants de la maternelle et du primaire du système éducatif béninois ont subi ce samedi 16 juin 2018, les épreuves de l’évaluation intellectuelle et pédagogique et ce, sur toute l’étendue du territoire national. Selon les explications des autorités du ministère de tutelle, cette évaluation entre dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’amélioration de la qualité de l’éducation dans le sous-secteur des enseignements maternel et primaire. A priori, une évaluation ne devrait pas susciter de l’inquiétude au niveau des enseignants. Elle est d’ailleurs souhaitable en vue de jauger leurs niveaux et corriger les erreurs constatées. Seulement le contexte dans lequel elle intervient laisse libre cours à la polémique. En effet, le système scolaire béninois est récemment paralysé par des grèves perlées avec comme principale revendication, le statut particulier des enseignants. La question qui taraude les esprits, en dépit des assurances du gouvernement, est de savoir si cette évaluation n’est pas initiée dans la perspective d’apurer la liste de la corporation avant d’accorder ce statut? Les mêmes inquiétudes subsistent au niveau des enseignants reversés, qui craignent une manœuvre ou une ruse déguisée pour remettre en cause de l’opération de reversement pointée du doigt comme étant à la base des défaillances constatées dans le système scolaire. D’autres craignent même à terme que le gouvernement révèle au grand jour la liste des enseignants qui n’auraient pas excellé, un peu comme pour se venger des récentes grèves, et dénigrer des enseignants qui, en dépit de leurs insuffisances, se livrent à des mouvements de grève intempestifs pour réclamer des avantages alors même qu’ils n’ont pas le niveau requis. Quand on sait qu’en juillet 2016, cette même évaluation avait été faite au Niger avec à la clé, des renvois d’enseignants ‘’nuls’’, n’y a-t-il pas des raisons de se demander où va le gouvernement?
Certes, la crise de l’éducation est lié à la qualité des enseignants. Mais, les causes de l’échec du système scolaire ne sauraient être imputables à la seule corporation des enseignants. Les responsabilités sont à situer à plusieurs niveaux. Outre la responsabilité des enseignants, il y a la responsabilité parentale et la politique gouvernementale qui sont en cause. Les paralysies annuelles de l’école du fait du gouvernement en sont pour beaucoup puisque les enseignants qu’on prétend évaluer aujourd’hui sont de purs produits d’un système malade. Il faut en tenir grand compte pour ne pas jeter le bébé avec l’eau de bain.