Les sols en Afrique sont très pauvres en éléments nutritifs. Et pour avoir de bons rendements, il faut corriger les sols en mettant les nutriments nécesasaires dont les plantes ont besoin pour grandir. Cela appelle à des technologies qui permettent aux producteurs d’augmenter leur productivité. Des technologies comme l’utilisation de variétés performantes, des variétés améliorées, des engrais. Mais, le constat est que l’Afrique n’utilise pas des engrais. Elle consomme 2% des engrais utilisés dans le monde. L’Afrique utilise 6 ou 10 kilogrammes d’engrais à l’hectare. Cependant, la moyenne des pays sous-développés est de 100 kilogrammes à l’hectare. Les pays développés vont jusqu’à 300 kilogrammes par hectare pour avoir de grands rendements. C’est pour répondre à cette inquiétude qui met à mal l’agriculture en Afrique que le Programme de Technologie pour la Transformation pour l’Agriculture en Afrique (TAAT) a initié une rencontre sur les engrais. Tenue le mardi 12 juin à Best Western Hôtel de Cotonou, il vise à travailler à la production et l’utilisation des engrais adaptés aux sols. C’est ce titre que le Coordonnateur technique du Programme TAAT, Dr Mpoko Bokanga, relève que les sols ne sont pas homogènes, donc variables, d’où l’impossibilité d’appliquer les engrais d’une manière unique dans un pays. C’est pourquoi, il a appelé à connaitre les différences pour que les engrais à donner aux producteurs puissent avoir l’effet escompté. « Si le sol est pauvre dans un élément nutritif et vous mettez un autre, il n’est pas possible d’avoir de réponse favorable. Le producteur aura perdu son investissement en engrais. Les techniciens savent exactement quels sont les mélanges d’éléments nutritifs qui doivent être dans les engrais », a expliqué le Coordonnateur technique du TAAT. Dans ce cadre, il a rassuré de ce qu’un travail se fait déjà avec les producteurs d’engrais afin qu’ils puissent fournir des formulations d’engrais qui répondent au besoin à des sols africains. « Il est donc important d’avoir ce dialogue entre ces acteurs pour que le producteur puisse avoir le produit qui répond à ses besoins pour qu’il puisse voir que son investissement va générer des revenus », a-t-il précisé. « Ce que nous mettons en place, c’est une plateforme qui permet d’acheminer des technologies prouvées performantes. Dans deux ou trois ans, on pourra mettre en place un système de technologie améliorée où le secteur privé va jouer un rôle primordial », a promis, Dr Mpoko Bokanga. Pour ce programme qui a commencé avec 28 pays et qui va bientôt s’étendre avec le temps jusqu’à couvrir tous les pays d’Afrique, la coordination entend pérenniser le Programme TAAT afin qu’il aboutisse à une infrastructure supportée par des investisseurs privés qui puissent rendre des services publics aux producteurs d’une manière durable.
L’Afrique, capable de produire et de distribuer
Pour le représentant du Centre de développement des engrais (IFDC), Patrice Annequin, l’Afrique a un gros potentiel devant elle pour développer son marché. C’est un marché qui, poursuit-il, va se développer rapidement dans le monde où on aura des pays qui ont de capacité à produire et à distribuer des engrais adaptés aux cultures comme pour petits producteurs et grands producteurs. « Cela arrivera s’il y a une bonne coordination, si chacun arrive à travailler dans son domaine d’expertise. Je crois qu’il y aura des résultats très probants à partir de cette réunion », confie Patrice Annequin. Toutefois, il a invité les producteurs à la prudence afin de ne pas mélanger les pesticides aux engrais. Pour finir, il a conseillé d’appliquer la quantité d’engrais qu’il faut selon le type de sol pour espérer avoir les résultats escomptés et pour ne pas créer d’autres problèmes environnementaux. Puisque ce défi ne pourra être concrétisé sans des financements, la Banque Africaine de Développement (BAD) a répondu présente aux côtés des acteurs. Au nom de l’institution, son représentant résident au Bénin, John E. C Andrianarisata, a exprimé la satisfaction de la BAD face à l’initiative. A l’en croire, il s’agit d’une rencontre qui entre dans le cadre des acticités que la banque mène pour atteindre un de ses grands objectifs dans le souci de nourrir l’Afrique et d’améliorer les conditions de vie des populations. « Ce programme permet à tous les acteurs de travailler ensemble pour atteindre les objectifs visés » a-t-il relevé avant d’appeler les acteurs à travailler à ce que le programme permette de mieux produire, de nourrir les Africains pour qu’ils ne soient plus dépendants des importations. Par ailleurs, au cours de la rencontre, les réflexions ont tourné autour de trois sujets d’étude. il s’agit des thématiques liées aux : « Défis des producteurs, des importateurs et les industriels dans le secteur engrais », « Défis d’accès au financement pour pouvoir se procurer des engrais » et « Défis techniques de l’utilisation des engrais de façon à pouvoir trouver des solutions à tous les maillons de la filière de l’utilisation des engrais ». Il faut rappeler que le Programme TAAT est un grand programme financé par la Banque Africaine de développement à raison de 120 millions de dollars sur 3 ans. Il est exécuté par IITA (Institut International pour l’agriculture tropicale) qui est basé à Ibadan au Nigéria. Mais la coordination technique du programme est basée à Cotonou au Bénin. Son objectif est de booster la productivité de l’agriculture en Afrique.