Que de polémique, de vacarme et de contestations autour de la décision du gouvernement relative à l’évaluation intellectuelle et pédagogique des enseignants en vue de la mise en œuvre du Plan d’amélioration de la qualité de l’éducation au Bénin. Cependant, de l’analyse des différents communiqués et réactions des organisations syndicales du secteur éducatif, il ressort que les enseignants craindraient bien des résiliations de contrats ou encore des radiations…
Les enseignants du sous-secteur des enseignements maternel et primaire ont été soumis samedi, 16 juin 2018 à une évaluation intellectuelle et pédagogique. Si cette évaluation diagnostique a été une effectivité, il faut reconnaitre que cela n’était pas acquis d’avance. Plusieurs responsables syndicaux avaient haussé le ton pour dénoncer une intention “déguisée“ du gouvernement de procéder à des licenciements ou encore des radiations après le vaste mouvement de paralysie des activités académiques. Dans un communiqué relayé abondamment sur les réseaux sociaux, la Fédération des syndicats de l’éducation nationale affiliée à la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Fesen/Cstb) a appelé simplement au boycott de l’évaluation. Le secrétaire général de la Cstb, Kassa Mampo, bien qu’étant en dehors du territoire national, a réagi pour soutenir la position de la Fesen. Encore qu’ici encore, le ton utilisé dans les messages n’a pas été apprécié de tous les syndicalistes.
« Dans les différents discours de cette fédération, nous avons eu droit au style habituel qui consiste à tirer à boulet rouge sur les autres responsables syndicaux du primaire en les considérant naturellement comme les ennemis et les bourreaux de leurs collègues. Ce discours éloigne donc les autres responsables syndicaux de la FeSEN/CSTB qui a toujours adopté la même stratégie face aux différentes préoccupations.« Je pense que cette méthode doit être revue », a rétorqué Alexandre Adjinan du Front des syndicats de l’éducation nationale, dans un communiqué. Contrairement à la Fesen/Cstb, la Fédération des syndicats du secteur de l'éducation nationale (Fesynsen) affiliée à la Cgtb a appelé les enseignants à se soumettre à l’évaluation et à y participer massivement. Mais ici aussi, le doute persiste et les craintes demeurent bien perceptibles dans leur communiqué. Car faut-il le rappeler, ledit communiqué stipule que le gouvernement sera rendu responsable des déconvenues qui découleraient de la mauvaise organisation de l'évaluation. Et à Alexandre Adjinan du Front de tirer la conclusion suivante « nous lisons alors à travers ce communiqué de la Fesynsen/Cgtb que des inquiétudes subsistent également quant à l'organisation de l'évaluation annoncée par le gouvernement ». Mais la précision sur la nature des craintes qui animeraient les enseignants semble bien se trouver dans cette partie de l’opinion d’Alexandre Adjinan « pour les organisations syndicales qui appellent les enseignants à y participer, je pense qu'il y a des préalables qui devraient être réglés. Il s'agit d'obtenir du gouvernement, un protocole d'accord dans lequel les objectifs de l'évaluation sont clairement définis. Dans le même protocole d'accord qui doit recueillir la signature des représentants des enseignants du Memp et celle des autorités, le gouvernement doit s'engager à ne pas procéder à des représailles allant jusqu'à des résiliations de contrats à l'issue des résultats de l'évaluation. Mais je constate malheureusement qu'il n'y a rien de tout ça. Il n'y donc pas de garde-fous. » C’est donc clair que les moins méritants à l’issue de l’évaluation pourraient être menacés de renvoi ou de radiation et c’est ce qui semble justifier les remous autour de la décision. « Les inquiétudes relatives à la suite à donner aux résultats qui seront issus de ladite évaluation sont à mon avis fondées »,renchérit-il avant de s’interroger sur les motifs d’une évaluation qui intervient subitement après la grève qui a duré près de quatre mois“. A présent que les évaluations ont été déjà effectives, le sort des enseignants se trouvent alors dans les mains du gouvernement et des représailles ne laisseraient pas indifférentes, les organisations syndicales. En dehors des messages rassurants des autorités ministérielles, il importe de ne plus recourir à des actes susceptibles de donner naissance à la fronde sociale.