Saura-t-on un jour le nombre de patients décédés suite à la réforme de l’évacuation sanitaire ? Le drame du décès du petit Fèmi Jean-Eudes a révélé au grand jour les conséquences macabres d’une réforme qui, quoique pertinente, est mal pensée et mal mise en exécution. Du coup, on se demande le nombre de patients en attente d’être évacués et qui ont déjà subi le triste sort du petit Fèmi dans un total anonymat.
“Je n’ai plus l’intention de confier des cas d’évacuation à une seule structure. J’ai décidé de réformer le secteur et j’ai demandé à ce que des cas extrêmement urgents ne soient uniquement traités et évacués. Le reste, on fera des économies pour doter le centre de référence de plateau technique nécessaire”, avait affirmé Patrice Talon face aux acteurs de la santé. La nouvelle politique ainsi définie sera très tôt traduite dans les faits par les cadres en charge des dossiers d’évacuation sanitaire. Les patients dont les cas nécessitaient une évacuation urgente ont vu leur dossier se heurter à l’application aveugle de la politique de réforme exprimée par le Chef de l’Etat. Or, quand on lit entre les lignes, l’idée exprimée par Patrice Talon, il ne s’agit nullement d’interdire les évacuations sanitaires, du moins à l’étape actuelle de la réforme mais au traitement et à l’évacuation des cas les plus urgents en attendant qu’un certain nombre de mesures soient prises et qui devraient avoir pour finalité l’interdiction pure et simple de toute évacuation sanitaire. Au nombre de ces mesures, la construction d’un grand hôpital de renom qui va offrir les meilleures conditions de soins à toutes les couches de la société béninoise à tel point qu’il ne serait plus nécessaire de faire évacuer les gens en France, en Afrique du Sud ou au Maroc. Cela suppose l’existence d’un plateau technique qui réponde aux normes, la formation des spécialistes de maladies telles que la leucémie (cancer de sang) qui, souvent, sont à la base des évacuations sanitaires.
Seulement, tout ceci devrait venir pour soutenir en aval la politique d’interdiction des évacuations. Et tant que ce n’est pas encore une réalité, aucune interdiction ne pouvait être décrétée au péril de vies humaines. La plupart des réformes annoncées telles que la construction d’un hôpital de renom à Abomey-Calavi, l’acquisition d’un plateau technique...