Il a fallu deux séances aux ministres pour adopter le décret portant transmission à l’Assemblée nationale du projet de loi des Finances, gestion 2014. Un budget qui, selon le communiqué du Conseil des ministres, est élaboré sur la base des orientations économiques du quinquennat 2012-2016 axé sur le développement de l’entreprise et de l’initiative privée et dans un contexte marqué par l’utilisation optimale des facteurs de production pour une croissance forte dans une économie peu inflationniste. Seulement, la question que l’on se pose est de savoir quel impact réel les 1117 milliards prévus pour cette gestion aura sur le quotidien des Béninois.
Les Béninois, très sceptiques désormais vis-à-vis des annonces du gouvernement de Boni Yayi, attendent de voir ce que les 1117 milliards prévus pour le budget de l’Etat gestion 2014 leur apporteront concrètement. Ils sont désormais habitués aux annonces sans lendemain du pouvoir en place. Le budget de 1117 milliards, il est vrai, ne constitue qu’un projet et donc une ambition. Mais la réalité peut être toute autre. L’exemple du budget précédent est là, bien édifiant. Cela n’enlève tout de même pas son importance à la question de savoir quel sera l’impact réel de cette faramineuse somme sur la vie des Béninois ? Quel impact réel attend le gouvernement de ce montant ? Les priorités, certes, sont énumérées dans le communiqué du conseil des ministres. Mais par rapport aux budgets précédents, y a-t-il vraiment du nouveau dans les priorités ? La réponse est d’office non ! Le gouvernement a toujours fait de la question de l’emploi une priorité. Pourtant, on connaît la situation des écoles, des centres de santé, de l’administration en général. Le comble, c’est que dans la tête de nombre de Béninois, l’emploi qu’offre le gouvernement depuis sept (7) ans est ciblé, voire démagogique. En clair, il ne concerne que certains privilégiés. On n’évoquera jamais assez le supposé concours de recrutement d’Agents permanents de l’Etat au profit du ministère de l’économie et des finances. Ce concours aura fait tant de tort aux candidats et d’autres. En effet, pour les problèmes que ce concours a suscités, les résultats d’autres concours organisés dans d’autres ministères, notamment aux affaires étrangères, n’ont jamais été donnés. Il fera bientôt un an que les candidats ont composé à ce concours. Mais sans suite ! Car il est dit que tant que le problème du concours de recrutement d’Ape au profit du Mef n’est pas vidé, on ne peut donner les résultats des autres qui ont été organisés après. Conséquence, les jeunes diplômés attendent depuis plusieurs mois pour commencer à travailler. Le récent concours au profit du ministère de la santé pourrait subir le même sort. En réalité, l’emploi des jeunes n’a jamais été véritablement une priorité nationale.
Partenariat secteur public-secteur privé !
Le gouvernement du Docteur Boni Yayi, en 2014, entend impulser le développement du partenariat public-privé, en vue de la promotion de l’initiative privée ; et ceci, à travers la mise en place de conditions incitatives. Belle ambition ! Seulement, c’est cette même ambition d’il y a quelques mois qui a amené le pouvoir en place à organiser la table ronde secteur public-secteur privé. Mais c’est toujours ce même gouvernement qui met du temps à mettre en application les grandes recommandations issues de cette table ronde. Au point où on se demande si Boni Yayi et ses ministres ne veulent pas à la fois d’une chose et de son contraire. Du coup, cette annonce contenue dans le projet de budget de l’Etat gestion 2014 sonne mal à l’oreille des Béninois.
L’énergie, toujours une priorité mais toujours rien !
L’une des prévisions au budget général de l’Etat, gestion 2014, c’est de parvenir à «l’autonomie énergétique en diversifiant les sources d’énergie par la réalisation des barrages hydroélectriques de Dogo-bis et d’Adjarala et le développement des énergies renouvelables… ». La même ambition qui a conduit le gouvernement à installer la centrale électrique de Maria-Gléta. Curieusement, cette centrale, achevée depuis plusieurs mois, ne produit toujours pas encore de l’énergie alors que les Béninois en manquent cruellement. La faute en grande partie à l’une de ses sources d’alimentation : le gaz. Le gouvernement était parti pour obtenir de l’énergie électrique de cette centrale dans le premier trimestre de l’année en cours. Au dernier trimestre de la même année, le gaz n’est toujours pas là. Le gouvernement place finalement ses espoirs sur le Ghana dont le président, lors de sa dernière visite de travail au Bénin, a promis de fournir du gaz à la Centrale de Maria Gléta. Du coup, les Béninois se demandent pourquoi ne pas régler définitivement le problème des turbines à gaz de Maria-Gléta avant de se rabattre sur d’autres ? A quoi sert finalement la centrale de Maria-Gléta si elle ne peut pas fournir de l’énergie au Béninois alors que les travaux sont terminés et que les essais sont faits ?
Le coton, le fameux coton !
L’un des secteurs qui a mobilisé tant d’énergie, de temps, d’actions pendant la précédente gestion budgétaire est la réforme du coton. Le gouvernement voulait atteindre au moins 400.000 tonnes pour la campagne 2012-2013. Il y a mis tous les moyens possibles. Toutes les forces vives de la Nation y étaient conviées et associées. Le Chef de l’Etat le premier. Mais au finish, la moisson a été trop maigre. Moins de 250.000 tonnes de coton sorties des champs. Pour 2014, Boni Yayi veut poursuivre la relance du secteur rural pour renforcer la sécurité alimentaire et la production cotonnière. Encore une autre priorité du budget général de l’Etat gestion 2014. Vivement que les résultats de la campagne cotonnière 2013-2014 reflètent effectivement les ambitions du pouvoir en place. Bref, les Béninois attendent désormais des actes concrets de leur gouvernement et non plus des annonces. Si c’est pour qu’un budget fasse 1117 milliards sans que cela ne change rien en bien à leur quotidien, alors ce n’est pas la peine !