Sous la Rupture, c’est désormais la règle. Soupçons de mauvaise gestion, investigations, et si des irrégularités sont constatées, on passe aux sanctions. Ainsi, contre les prévaricateurs et les faussaires de la République, le rouleau compresseur est déployé. De même, c’est à la face du monde que les châtiments pleuvent sur les indélicats. Sale temps donc pour les détenteurs de casseroles sales. D’ailleurs, il ne se passe presque plus de semaine sans qu’on n’en dénombre quelques-uns.
La preuve, au dernier conseil des ministres, malgré les signaux, sous les roues de l’impitoyable machine à broyer les prévaricateurs, des rebelles à l’éthique sont encore tombés. Accusés d’avoir détourné moustiquaires et fonds du Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp), ils démontrent que leur voracité est sans limite. Quelle tristesse ! Finalement, avec ces vautours déplumés presque à chaque mission d’investigation dans les structures d’Etat, on finira par croire qu’en dépit des premiers cobayes servis par la Rupture sur un plateau d’or, il faut en faire plus avant d’avoir raison de la corruption au Bénin.
Pourtant, les audits sont plus réguliers. Tout comme les radiations et les dénonciations publiques ne se comptent plus. C’est dire qu’il y a des cadres, à l’instar de ceux du Programme national de lutte contre le paludisme qui, non seulement aiment jouer avec le feu mais semblent oublier qu’autre temps, autres mœurs.
Bien vrai, et d’ailleurs la mission d’investigation au Pnlp l’a relevé, s’il y a vol et détournement, c’est tout simplement parce qu’il y a des failles dans le système de contrôle et une trop longue sédentarisation des agents au sein du programme. Et s’il y en a qui ne sont pas convaincus, qu’ils tentent un chat futé avec du poisson braisé. A moins d’un miracle, à chaque fois, ils auront les mêmes résultats.
Alors, étant entendu, d’une part, que facilement on succombe à la tentation et d’autre part, que la confiance n’exclut pas le contrôle, il y a donc lieu, qu’à tous les niveaux, le dispositif d’audit et de contrôle interne soit renforcé. Sinon, toujours, à l’appât du gain facile, des esprits vulnérables céderont et des sanctions dissuasives s’enchaîneront.
Au Pnlp, par exemple, c’est déjà l’assistant régisseur et gestionnaire du stock qui se fait éclabousser par plus de huit millions de tickets-valeur sortis sans aucune autorisation. Sans doute, ne pensait-il pas qu’il pouvait se faire surprendre par un audit. Pareil pour les coordonnateurs qui devront désormais justifier, par quelle magie, plus de 56 millions ont été décaissés pour la location de magasins et le convoyage de moustiquaires des arrondissements vers des villages alors que l’activité n’a pas été réalisée. Tous, plus malins, ils se croyaient. Mais mal leur en a pris.
En définitive, la lutte contre l’impunité est en marche. Les sanctions dissuasives et les poursuites judiciaires s’enchaînent. Mais, j’ai comme l’impression qu’aussi longtemps qu’au Bénin, la valeur de l’homme se mesurera à sa fortune, de prévarication, on en parlera toujours. Le mal est profond. Et, ne va pas, du jour au lendemain, à l’école des pays scandinaves, qui veut, mais qui peut. Ici, sévir ne suffira pas. Il faut carrément formater les cerveaux. Malheureusement, ce n’est pas une mince affaire.
Angelo DOSSOUMOU