Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Faits Divers
Article
Faits Divers

Mort des poissons dans le lac Toho à Athiémé : A quand la vérité sur l’origine du drame ?

Publié le jeudi 28 juin 2018  |  Matin libre
Comment


Déjà de longues semaines après le drame du lac Toho et on est visiblement encore loin de connaître la vérité sur l’intoxication qui a décimé plusieurs tonnes de poissons du lac Toho dans la commune d’Athiémé. Outre les polémiques nées de la publication des résultats du Laboratoire central de contrôle de sécurité sanitaire des aliments, les derniers résultats sur la recherche de probables molécules sulfureuses pour la confirmation ou non d’une intoxication aiguë par contamination chimique ne sont toujours pas connus. Jusqu’à quand devra durer encore le suspense sur l’origine du drame…

Si les premiers résultats des prélèvements (eaux, poissons, et sédiments) effectués par le Laboratoire central révèlent que deux médicaments vétérinaires à savoir les Tétracyclines (tétracycline) et sulfamides (sulfamétazine) seraient à l’origine de la mort de plusieurs tonnes de poissons dans le lac Toho, il faut reconnaître que les résultats définitifs sont encore loin d’être connus jusqu’à ce jour. En effet, dans le rapport transmis par le Directeur du Lcssa, Kinnou Kisito Chabi Sika au Ministre de l’agriculture, de l’élevage, et de la pêche, Gaston Dossouhoui, il a été mentionné que d’autres analyses sont en cours au niveau du laboratoire pour la confirmation ou non de l’hypothèse relative à une intoxication aiguë par contamination chimique. Mais depuis, plus rien et point de bourdonnement autour de la question. « Au regard du degré du phénomène (mort massive), on pourrait penser à une intoxication aigüe par contamination chimique venant d’une source endogène au lac par infiltration souterraine. Une recherche de molécules sulfureuses (en cours au niveau du Laboratoire) pourrait aider à confirmer l’hypothèse » lit-on dans ce rapport transmis à l’autorité ministérielle, Gaston Dossouhoui. Mais, la raison justifiant cette hécatombe n’est pas connue bien que des messages rassurants aient été lancés à l’endroit des populations. Faut-il le rappeler, après les prélèvements effectués, il a été procédé ensuite à un screening (exploration) sur les grandes familles de pesticides et de médicaments vétérinaires. Il en ressort que les résultats pour détecter les pesticides tels que les Organochlorés, Organophosphorés, Carbamates, et Pyréthrinoïdes se sont révélés négatifs. «Des résultats,…il convient d’observer qu’aucune des matrices (eaux, poissons, sédiments) ne contient les quatre grandes familles des pesticides ; deux familles importantes de médicaments vétérinaires (Tétracyclines et sulfamides) ont été décelés dans la chair des poissons, mais non dans l’eau et dans les sédiments, présence probablement due à leur usage dans le bassin des alevins ; que le PH et l’alcalinité de l’eau sont neutres » commente le Directeur du Laboratoire, Kinnou Kisito Chabi Sika.

De sources concordantes, l’étendue du polluant serait maîtrisée et les populations peuvent bien consommer du poisson sans crainte aucune. Cependant, ceci semble bien loin de rassurer les populations riveraines qui craignent non seulement pour leur santé mais surtout pour leur vie. Comment peut-on prétendre circonscrire un mal sans en connaître la nature ? Le diagnostic traine et pour des raisons de santé publique, il importe que diligence soit davantage faite pour révéler au public l’origine du drame. Encore que des frontières se ferment déjà sur les poissons importés du Bénin.

Quid des doutes sur les résultats….les pesticides ?

Alors qu’on croyait savoir un peu plus sur la nature du poison à l’origine de la mort des poissons dans le lac Toho, de grandes voies “scientifiques“ se sont élevées pour contester les résultats. Des réactions du Prof Michel Boko et du Dr Brice Sohou, il ressort que lesdits résultats auraient été truqués et ne révèleraient pas l’origine du drame.« Pour moi, il y a probablement un truquage. Les associations de défense de l'environnement doivent commanditer leurs propres analyses et faire des comparaisons, si les responsables en ont le courage et les moyens » a laissé entendre le Prof Michel Boko à propos des résultats du Laboratoire central de contrôle sanitaire des aliments. Et au Dr Brice Enagnon Sohou, chercheur en sciences environnementales, Géo-physicien, Bio-pétrochimiste, Biotechnicien de renchérir «« nous sommes en face d'une intoxication aiguë probablement commanditée. Je suis contre l'hypothèse d'une pollution souterraine ». Pour lui, les deux substances retrouvées dans ces poissons ne peuvent être à la base d'une intoxication aiguë. « Elles protègent plutôt ces poissons des microorganismes qui menacent leur survie. C'est des antibiotiques » soutient-il. « Il faudra donc des contre-expertises avant de tirer des conclusions plausibles. Deuxième chose, une eutrophisation voire une dystrophisation est une hypothèse, mais il aussi vérifier cette hypothèse par l'analyse de l'eau (la DBO et la DCO) avant de tirer une conclusion » fait savoir le prof Boko. Mais ces derniers ont également pointé du doigt, des insecticides, pesticides. « Le fait que cet accident survient au début de la saison des pluies est très révélateur d'un probable lessivage des pesticides, herbicides et autres insecticides jetés dans les champs périphériques. Or, le code de l'eau impose des règles en la matière » a martelé le Prof Boko. Quant au bio-technicien, Dr Brice Sohou, « il faudra se concentrer sur des types d'insecticides dangereux pour la vie aquatique».A quand alors la vérité sur l’origine dudit drame ? La question reste toute posée…

Aziz BADAROU
Commentaires