Déposée et dévoilée, elle attend patiemment sur la table du parlement. Portée par huit députés, elle n’est juste qu’une proposition d’amendement de la Constitution. Pas une révision. Pas de mystère autour. Pas de grands chamboulements de la loi fondamentale. Tout simplement, quatre succinctes mais indispensables retouches pour remettre un pays exsangue sur orbite. Dans un monde de droits de l’homme, en proie à la récession économique et où la femme occupe, de plus en plus, une place prépondérante, le Bénin n’a pas d’autre choix que de changer de paradigmes.
Evidemment, cela n’est possible que par l’actualisation des textes. Ainsi donc, pour un toilettage attendu, les députés nous réservent d’abord la suppression de la peine de mort. Ensuite, une ouverture constitutionnelle pour une meilleure représentativité de la gent féminine à l’Assemblée nationale.
Mais, les deux réformes qui, véritablement, auront une incidence sur l’avenir socioéconomique du Bénin ont pour noms, la création de la Cour des comptes et des élections générales à partir de 2026. Pour être plus explicite, il est prévu un alignement de tous les mandats constitutionnels sur cinq ans et une prochaine Assemblée nationale de transition de 7 ans. D’ailleurs, l’essentiel n’est-il pas que grâce au vote de la proposition d’amendement, le Bénin se conforme à ses engagements internationaux et assure une gestion transparente et efficiente de ses finances publiques ?
S’il en est vraiment ainsi, a priori, le consensus pour de judicieux amendements ne devrait pas faire défaut. Déjà, il serait curieux que les mêmes qui, hier, ont véhément réclamé la création de la Cour des comptes, trouvent aujourd’hui à redire sur cette proposition. Quant aux élections générales à partir de 2026 avec toutes les commodités offertes aux députés, ça m’étonnerait qu’ils la rejettent. Et même si nous sommes sur un terrain politique, ce n’est pas quelques sièges gracieusement accordés aux femmes encore moins la suppression de la peine de mort qui devaient gêner.
Alors, suspicions oui, mais là, en tout sincérité, où peuvent être des raisons d’inquiétude ? Pour le moment, j’ai du mal à en voir une. Raison pour laquelle, j’aurais bien voulu que la proposition d’amendement soit portée par un éventail plus large et multicolore des députés à l’hémicycle. Mais passons. De toute façon, au parlement, le débat se fera et il est à espérer que le consensus, pour une Constitution actualisée, triomphe.
Autrement, ce serait une énième opportunité gâchée et des mois voire des années pour remettre le Bénin sur orbite de perdus. Ailleurs, au rythme des réalités socioéconomiques, la Constitution est amendée. Et, pourquoi pas au Bénin ? Encore qu’elle n’est pas une Bible ni un Coran. En plus, le monde est en perpétuelle évolution. Il faut se mettre à jour. C’est dire que quand l’occasion l’exige, le toilettage doit être immédiatement au rendez-vous.
Sinon, jusqu’ici, cette Constitution du 11 Décembre 1990 laisse la jeunesse, avant-gardiste de la démocratie et fer de lance du développement, sur sa faim. Ici au Bénin, et nos ainés n’y pensent pas encore, il faut forcément avoir 40 ans avant de briguer la magistrature suprême. Alors, en attendant d’ouvrir un débat global, l’amendement pour les femmes, pour le respect des droits de l’homme et des économies pour l’Etat, c’est maintenant ou jamais.
Angelo DOSSOUMOU