Depuis un certain temps, le président de la République est devenu hyperactif. Tel un rat surpris par un feu de brousse, il saute à gauche, puis à droite. Devant et derrière. En moins de deux semaines, des audiences plus ou moins suspectes. Avec des promesses loufoques. C’est dans cette frénésie que Bolloré et Dangoté sont reçus par le représentant de Dieu au Bénin : Yayi Boni. Alors que le premier aurait promis la construction du chemin de fer Cotonou-Parakou, le second quant à lui, rassurerait sur la construction d’une centrale électrique de 150 milliards de francs Cfa. Dangoté et Bolloré sont-ils devenus fous ? Sans doute non. Retour sur un vrai marché de dupe… fait de promesses en l’air !
« Ah ! Certes, on n’est pas avare de promesses ; chacun de nous les prodigue » s’écriait Zola. Le président yayi Boni n’est pas avare en promesse. C’est d’ailleurs le seul domaine dans lequel il excelle depuis 2006. Les promesses, il en abuse. Changement…Bénin émergent…Refondation ! Des mots ! Rien que des mots ! Si des promesses pouvaient construire un pays, le Bénin rivaliserait avec le Qatar.
Il était une fois Koweitiens et Malaisiens…
Au début, au tout début, des imposteurs kowetiens et malaisiens ont débarqué au Bénin. Tapis rouge, gardes d’honneur, hôtels gratuits, voitures officielles à disposition.
Les diseurs de bonnes aventures koweitiens avaient des projets colossaux dans leurs bagages. Ils ont promis construire des hôtels même là où on en aurait pas besoin. Ils ont promis de faire de l’aéroport de Glo-djigbé, le plus grand au monde. Ils ont promis de renflouer nos caisses d’Etat avec des milliards de dollars. Le président Yayi Boni leur a donné le Bon Dieu sans confessions. Le problème, c’est que ces kowetiens étaient aussi pauvres que des rats d’Eglise. Ils n’avaient pas un seul « Kobo ». Des escrocs tels qu’on en rencontre partout en Afrique dans les cercles du pouvoir. A la fin, ces kowétiens se sont envolés. Arrivés en fanfare, ils sont partis comme des bossus.
Les charlatans malaisiens ont eu plus de chances car, ayant un ami dans le cercle du pouvoir : Richard Sènou. Ils avaient un projet mondial pour le Bénin. Un projet de plusieurs milliards de dollars : huile de palme. Et ils ont traversé le monde entier pour choisir le Bénin. Quelle chance ? A cause des beaux yeux de Yayi Boni.
Le projet des Malaisiens est très simple : planter partout des palmistes. Même sur nos maisons à étages. Ils se foutent du climat ou de la qualité du sol. Ils ont le secret ces Malaisiens. La pluviométrie est leurs derniers soucis. Ils sont tombés sur des crédules. Ils y sont allés à fond la caisse. Et à notre président de se comporter en enfant de cœur. Pour lui, il s’en fout que le projet des malaisiens soit réaliste ou non. Il s’en fout qu’il soit la risée de tous les escrocs internationaux. Pourvu qu’il en tire une propagande digne de son rang.
Deux jours après, le chef de l’Etat envoie ses ministres à l’intérieur du pays. Il faut trouver des terres aux malaisiens. Et ceci, même s’il faut trouver des terres dans le désert de Malanville.
Sans attendre leur retour, les Malaisiens sont décorés. En grandes pompes. Déjeuners par ici, diners par là. Ces Malaisiens, escrocs de la pire espèce, sont devenus des bons samaritains pour le président Yayi Boni. Ils sont décorés avant même qu’ils ne réalisent leur projet.
Bolloré et Dangoté ? De simples objets publicitaires…
Comme les koweitiens, les malaisiens ont aussi disparu. Emportant nos décorations ; oubliant au passage de régler leurs factures d’hôtels et emportant avec eux les titres fonciers des terrains gracieusement offerts. Dieu seul sait s’ils n’ont pas déjà vendu ces terrains…
Aujourd’hui, c’est au tour de Dangoté et de Bolloré de venir jouer les sauveurs du Bénin. Contrairement aux escrocs kowetiens et malaisiens, ces deux ont des sous. Ils sont riches. Mais de là, à nous faire avaler des couleuvres, il y a un pas qu’ils ne doivent pas franchir. Car, c’est de cela qu’il s’agit : Bolloré et Dangoté mentent comme des arracheurs de dents.
Deux exemples permettent de dire que ces deux là nous prennent pour des « zèbres ». La situation politico-juridique du pays et la rentabilité des projets qu’ils prétendent vouloir mettre en œuvre.
C’est un secret de polichinelle que de dire que le Bénin est sur une corde raide. Dangoté et Bolloré le savent plus que tout le monde. Tout comme ils savent que l’argent n’aime pas le bruit. Or du bruit, Yayi Boni en fait suffisamment pour croire que ces deux richissimes oseraient mettre leur argent dans un pays en déconfiture totale avec un avenir politique des plus troubles.
Situation politique ? Le Bénin fait fuir tous les investisseurs à l’heure actuelle. Le projet dangereux de la révision de la Constitution n’est pas pour encourager des investisseurs, surtout lorsqu’on sait que Yayi veut s’accrocher au pouvoir en 2016 tout en s’attribuant tous les pouvoirs. Il a déjà la presse en poche ; il dirige le Législatif de son bureau. L’actuel président de la Cour constitutionnelle est son griot. Seul le judiciaire lui tient tête encore. Mais qu’à cela ne tienne ; la nouvelle Constitution qu’il propose n’est rien d’autre qu’une vassalisation du pouvoir judiciaire.
Quel homme d’affaire accepterait d’investir dans un pays sans lendemain politique ?
Sur le plan juridique, la situation est peu reluisante. Le pouvoir de Yayi ne respecte les textes qu’au gré de ses intérêts. Un exemple simple : l’année dernière, un appel d’offre est lancé pour les intrants agricoles. Des privés achètent le dossier à prix d’or. Ils prennent des cautions au niveau des banques. Sans crier gare, Yayi Boni annule l’appel d’offre purement et simplement. Il accordera ce marché de plus de 40 milliards à un Burkinabé et ceci…gré à gré. Partout, l’Etat est assigné en justice. Mais Yayi Boni n’en a cure. Ce n’est pas sa poche qui payera les dommages et intérêts. L’environnement des affaires est malsain. Le président Yayi ne respecte même pas sa propre signature. Une guerre sans merci est déclarée contre les hommes d’affaires locaux…Quel homme d’affaires acceptera d’investir dans ce désordre ?
Il faut être fou pour le faire. Or, Bolloré et Dangoté ne sont pas fous. Loin de là. Contrairement aux autorités béninoises, ces deux là ont la tête sur les épaules. Ils ne font ni du social ni des œuvres caritatives. Ils ne font pas de la charité. Ils sont des hommes d’affaires avec tout ce que cela implique : Ils sont froids, calculateurs. Quant ils mettent un franc quelque part, c’est pour en récolter mille.
Quels intérêts ont-ils à faire le chemin de fer Cotonou-Parakou (Bolloré) ou à construire une centrale électrique de 200 Mw d’un coût de 150 milliards de nos Francs ? Aucun.
La versatilité des autorités béninoises est criminelle. On pousse un homme d’affaire à investir des milliards (Bénin Control Sa), puis par une décision impulsive, on suspend le contrat sans autre forme de procès. Qui dit que les 150 milliards de Dangoté ne subiront pas le même sort ? Ça craint grave. Aliko Dangoté le sait très bien. Dans son monde, des informations circulent.
De même, du point de vue de la viabilité du projet de construction d’une centrale électrique, le Bénin n’est pas le pays indiqué. C’est le Nigéria. S’il y a bien quelque chose qui manque au Nigéria, c’est le courant électrique. Lagos fait deux fois la population béninoise. Pourtant Lagos est dans le noir total. Là-bas, chaque foyer a son générateur. Il suffit de vous rendre à Malanville pour vous rendre compte de ce que l’on dit. Cette ville a au plus 6 heures de disponibilité du courant électrique par jour. Malanville est branché sur le Nigéria. Alors, le Nigéria a plus besoin de courant électrique que le Bénin. Ce n’est pas pour rien que le projet de Maria Gléta bat de l’aile. Le Nigéria a refusé de nous envoyer du gaz. Il en a besoin plus que le Bénin.
Aliko Dangoté est Nigérian. Son pays est le plus peuplé d’Afrique, soit plus de 160 millions d’habitants contre 10 millions pour le Bénin. Remarque : un docteur en économie, ancien de la BCEAO, ancien président de la BOAD doit pouvoir se rendre compte que ce projet pour le Bénin ne tient pas la route :
D’abord parce qu’en matière de consommateurs, nous faisons 1/16 de la population du Nigéria. Ensuite en matière de besoin le Nigéria est plus dans le délestage que le Bénin. Enfin, l’élément majeur c’est qu’Aliko Dangoté est Nigérian. D’autres parleront de l’affectio-territorialiste. C’est-à-dire l’attachement à son pays, sa patrie. Alors quel intérêt Aliko Dangoté a au Bénin pour y jeter en pâture 150 milliards de francs avec tous ces risques ?
En vérité, c’est un forcing du président béninois. Au départ, Aliko Dangoté est venu ramasser ses sous à Onigbolo. Quand les autorités ont appris son passage, elles ont fait un forcing pour tout le cinéma que vous avez vu à la télévision suivie d’une campagne au niveau de la presse écrite. On l’a en fait prié de faire cette promesse insensée.
Quant à Vincent Bolloré, il vous suffit de suivre très attentivement les images de la dernière visite du chef de l’Etat à Paris. Il a reçu Vincent Bolloré en audience. A la fin, il a donné une interview. Est-ce la peine de vous rappeler que c’est le chef de l’Etat lui-même qui dicte à ses invités ce qu’ils diront à la presse après l’audience ?
Micro donc pour Vincent Bolloré. Embêté, il a raconté des vertes et des pas mures. Il a parlé du port de Cotonou sans savoir ce qu’il avait à dire. A la fin, il dit merci aux journalistes quand Yayi Boni l’interpella : « …il reste les chemins de fer. Vous n’avez pas parlé des chemins de fer… Allez y. Parlez-en ». Tout confus, il bredouilla quelques incongruités à propos du chemin de fer Cotonou-Parakou. Vincent Bolloré s’en fout de ce projet comme de tous les rois nègres qui font courbettes devant lui.
Par ailleurs, il n’a vraiment aucun intérêt à le faire. La Côte d’Ivoire est en train de construire le chemin de fer Abidjan-Ouaga-Niger. Pourquoi viendra-t-il investir 500 milliards dans un projet aussi moribond ? Pour quels intérêts ? Si c’était Areeva, on comprendrait…Mais Bolloré non. C’est du Pipeau.
Alors ? Disons que Dangoté et Bolloré ne sont pas assez fous pour investir dans ces projets. Et Yayi Boni n’est pas assez con pour y croire. Il sait en son for intérieur que ce sont des éléphants blancs comme la plupart des projets montés par le régime du Changement : aéroport de Glo-Djibé, de Tourou…etc…
Alors, quel est l’intérêt du président Yayi Boni dans ce marché de dupe ? (Voir encadré)