Il faut désormais un temps pour les élections, et un autre pour se concentrer sur les questions de développement. Du moins, c’est l’avis du Président de l’Union fait la Nation, Bruno Amoussou qui invité sur la télévision nationale a fait un diagnostic sans équivoque de la nécessité de réorganiser le calendrier électoral au Bénin. « Nous sommes à la charnière d’une situation qui nous emmène à faire des élections en 2019, 2020 et 2021. C’est une situation qui préoccupe tout le monde (…) Nous avons un système qui fait que nous avons une série à récurrence de 20 ans. Ça ne peut pas fonctionner ainsi », a-t-il souligné. Ainsi, pour le Renard de Djakotomey, il est impérieux pour le Bénin de revoir le code électoral de sorte à grouper les élections, de porter le mandat des élus à 5 ans. « Nous avons souhaité qu’elles se passent la même année. Ainsi, nous aurons un temps pour les élections et un autre pour réfléchir sur le développement. Il n’est plus question de passer tous les jours en campagne », a précisé Bruno Amoussou. Pour le Président de l’Un, l’ancien code électoral est une compilation de plusieurs lois avec par endroits des articles qui se contredisent. Il a été donc décidé de fondre toutes ces lois en un code. Cependant, il n’y a pas que l’enjeu de stabiliser le calendrier électoral qui justifie l’amendement de la Constitution. Pour le Président Bruno Amoussou, l’abolition de la peine de mort, la création de la cour des comptes, et la question de la représentativité des femmes sont autant de points sur lesquels il se note une certaine unanimité. A l’en croire, l’intérêt est aussi de faire en sorte de disposer de véritables acteurs politiques à travers l’adoption d’une nouvelle charte. « La démarche est de s’attaquer aux problèmes qui se posent au pays. S’il s’avère que c’est nécessaire de modifier la Constitution, il faut le faire. Nous sommes dans un pays où la théorie du complot est très développée », a déclaré Bruno Amoussou.
Le Kpayo et la gouvernance Talon
Le président Bruno Amoussou s’est aussi prononcé sur le nouveau code pénal adopté par l’Assemblée nationale. L’invité de l’Ortb a déploré le fait que le débat soit focalisé sur l’interdiction du Kpayo : « Ça fait mal qu’une réforme aussi importante qu’est le code pénal soit essentiellement vue comme un code consacré à la lutte contre l’essence Kpayo. On ne parle pas du contenu. C’est une réforme fondamentale. Je suis d’accord avec ceux qui affirment qu’il faut interdire au niveau légal. La mise en œuvre est du domaine de l’exécutif. Que ceux qui sont dans le secteur se rapprochent des autorités pour discuter des dispositions, de sorte qu’on puisse tenir compte de l’impact social ». Le Président d’honneur du Parti Social-démocrate s’est dit satisfait de la gouvernance du Nouveau départ. Le Président de l’Un s’interdit de critiquer ouvertement le régime Talon, tout en étant dans la mouvance présidentielle. « Lorsque vous soutenez quelqu’un qui gagne les élections, vous êtes dans la mouvance présidentielle et vous conduisez avec lui tant qu’il le veut. Quand vous êtes dans un groupe, ça ne veut pas dire que vous approuvez tout ce qui se fait. Les critiques sont internes. On discute beaucoup », a-t-il laissé entendre. Néanmoins, le Président Bruno Amoussou dit comprendre la conjoncture actuelle qui n’est pas l’apanage du Bénin. « Ici comme ailleurs, il y a des problèmes. Il faut une gestion plus serrée. Je suis content du débat autour du Pag. Il y a des orientations qui sont proposées. Il faut s’approprier les choix qui sont faits, les critiquer, les soutenir, les amender de sorte à avoir un corpus d’orientation », a-t-il martelé.
Renouveau de l’or blanc, dynamisation du Port
A la suite d’une analyse précise, le Président Bruno Amoussou est arrivé à la conclusion que face aux dysfonctionnements structurels au Port autonome de Cotonou, il fallait une expertise avérée pour conduire les réformes. « . Toutes sortes de profils sont passées à la tête du port. Quand c’est comme ça, il faut interroger la structure du port pour identifier les problèmes. La décision qui a été prise est celle qu’il faut. Lorsqu’il faut faire des transformations, il faut des gens qui ont l’expérience. Les cadres du Port ont compris que c’est une opportunité d’apprendre », a-t-il dit. Le Renard de Djakotomey s’est dit aussi satisfait du renouveau de l’or blanc avant de faire des propositions pour la diversification agricole. « C’est bien que nous ayons une production cotonnière qui s’accroît. C’est une première étape. Il faut tout faire pour stabiliser les surfaces emblavées en coton et améliorer le niveau de rendement quantitatif (…) Il y a des dispositions à prendre pour que ces performances ne créent pas des distorsions sociales », a-t-il laissé entendre. L’invité de l’Ortb a par ailleurs salué l’engagement du Gouvernement à lutter contre la corruption et rassuré de la bonne santé du Parti Social-démocrate.
Fulbert ADJIMEHOSSOU