109 députés. Au conditionnel, mais au bon vouloir de l’honorable éclaireur Sabaï Katé et de ses collègues, c’est le nombre de députés à élire pour la prochaine législature. Raison évoquée, sous représentativité des Béninois à l’hémicycle. Et effectivement, constat pertinent, depuis une décennie, les données démographiques ont changé à tel point que ce n’est pas une surprise que des voix s’élèvent contre une répartition déséquilibrée. Alors, caduque pour les réformistes, et ne reflétant plus la réalité sur le terrain, la loi N° 2010-35 du 30 décembre 2010 portant règles particulières pour l’élection des membres de l’Assemblée nationale doit être revue.
Affirmer le contraire, c’est oublier, qu’actuellement, il y a des circonscriptions électorales qui, en termes d’élus, méritent largement mieux que le nombre qui leur est affecté. Un paramètre à également prendre en compte, c’est l’éventualité du quota de 24 sièges à réserver d’office aux femmes. Tout ceci réuni, il est difficile de ne pas prêter une oreille attentive à l’appel à un réajustement quantitatif au Palais des gouverneurs à Porto-Novo. En définitive, si entre-temps, et pour des raisons tout aussi valables, le Bénin est passé de 63 à 83 parlementaires, c’est prévisible, qu’après une décennie, la barre de 109 soit fixée.
Mais, s’il faut vraiment tirer leçon de l’évolution des législatures au Bénin, à l’hémicycle, la quantité a plutôt totalement éclipsé la qualité. D’ailleurs, ce ne sont pas les nostalgiques du premier parlement à l’ère du renouveau démocratique qui se réjouiront à l’idée d’une augmentation du nombre de députés, sans au préalable un minimum de conditions pour rehausser le niveau des débats. Sinon, en l’état, ce serait peine perdue que d’augmenter pour augmenter. Car, le travail législatif, c’est non seulement la disponibilité mais surtout l’ouverture d’esprit en vue de légiférer en toute connaissance. Et si, sérieux et qualité il y a, ce que pourraient abattre comme travail 109 députés, malgré la pression, les 83 le peuvent également.
De plus, avec l’austérité économique, le virage pour aborder l’augmentation de députés est très risqué. Déjà, il y aura un budget du parlement à revoir à la hausse et plus de recettes à mobiliser pour combler le gap. Et si le peuple accepte aujourd’hui souffrir le martyre, ce n’est pas pour que le fruit de ses labeurs soit investi pour de futurs bourgeois. Mais, pour des causes communes, notamment le financement de l’entrepreneuriat et des infrastructures de développement. Par ailleurs, n’oublions pas que jusqu’ici, le Bénin n’a pas encore réussi à se doter d’un hémicycle moderne, plus spacieux et offrant de meilleures conditions de travail.
D’où, sans ambages, je suggère qu’au lieu d’opter pour une augmentation onéreuse de députés, le mieux serait une refonte des circonscriptions électorales et la redistribution des sièges. Drôle de paradoxe, pendant qu’au Bénin, les tractations sont en cours pour une augmentation du nombre de députés de 83 à 109, en France, il est question d’une réduction d’un tiers. Et même si comparaison n’est pas raison, notre actuel niveau de développement nous interdit des folies. Sinon, à quoi bon parler de couplage pour faire des économies à l’Etat si c’est pour lui créer d’autres charges ? Enfin, si on veut être réaliste, le défi, c’est la qualité d’abord et la qualité toujours. Pas un remplissage inutile. Et surtout pas l’agréable avant l’utile. Surtout pas !
Angelo DOSSOUMOU