Comment perçoit-il la gestion du chef de l’Etat, Patrice Talon ? Mais, surtout pourquoi avoir, avec les députés du bloc de la majorité, proposé de nouveaux amendements à la Constitution ? Bruno Amoussou, président de l’Union fait la nation (Un), a répondu à toutes ces questions, mardi 3 juillet 2018, sur les plateaux de la Télévision nationale. En conclusion, il a plaidé pour le consensus à propos des réformes majeures.
L’ambition de toucher à la loi fondamentale n’est pas un saut dans l’inconnu. Elle répond, selon Bruno Amoussou, à un besoin urgent de régler des dysfonctionnements structurels répétés notés dans l’organisation de la vie politique et sociale du pays. Au contact de la pratique, l’unanimité est faite selon lui sur la nécessité de changer de paradigme en touchant aux textes qui handicapent le fonctionnement normal et paisible de la cité. C’est pour « apporter des réponses ponctuelles à ces difficultés spécifiques connues de tous, qu’intervient », selon ses dires, l’amendement de la loi fondamentale. Au nombre des quatre points visés par le texte de révision, l’invité a identifié deux qui selon lui constituent des réponses franches à des questions concrètes. Il s’agit de la création de la Cour des comptes mais surtout de l’alignement des élections. Par rapport au second point, Bruno Amoussou a déclaré que l’expérience politique, depuis la conférence nationale, a démontré que le Bénin est dans une spirale d’élections continue sur plusieurs années. A l’écouter, cette situation amène le pays à être en élection de façon constante et continue presque tous les ans. Très concrètement, « le texte propose une formule qui permette l’organisation des élections en une année ». L’avantage souligne-t-il, est d’aboutir à un cycle d’organisation des élections chaque 5 ans. « Il s’agira d’organiser le positionnement des scrutins les uns par rapport aux autres. Les élections législatives et présidentielles se dérouleront pendant le même trimestre », a-t-il fait savoir. Mais pour réussir à ajuster les différentes élections, la loi a proposé le prolongement du mandat des députés à 5 ans. Cette formule s’explique parfaitement selon lui. « Si quelqu’un peut nous dire de quelle manière on peut stabiliser notre calendrier sans passer le mandat des députés de 4 ans à 5 ans, qu’il nous propose. « La loi proposée ne s’applique pas aux députés actuels. Elle s’appliquera à ceux qui seront élus en 2019. Ceux-ci feront 7 ans et par la suite on passera aux 5 ans », a-t-il déclaré.
Le Code électoral et la charte des partis politiques
Revenant sur l’historique du code électoral, le président de l’Un a déclaré qu’il s’agit de compilation de textes mis côte à côte. Deux points constituent les points de discussion au niveau de l’opinion. Il s’agit du séjour sans interruption sur le territoire et la question du quitus fiscal. Pour le premier point, il a martelé que le groupe de mot « sans discontinuité » est finalement retiré. « Au séminaire on est revenu à la formulation antérieure et c’est terminé », a-t-il déclaré. Quant au quitus fiscal, il a fait savoir qu’il s’agit juste d’une reformulation qui a été faite pour calmer les ardeurs. « Nous sommes d’accord sur le principe. Ce principe est que si vous voulez être député on doit s’assurer que vous avez payé les impôts. Sur ce principe tout le monde est d’accord. Il s’agira juste de trouver la formule qui convient». L’invité d’hier n’a pas manqué d’aborder la question de la réforme du système partisan. La finalité selon lui est d’avoir des partis représentatifs et une culture politique affirmée avec des acteurs de qualité. « Nous n’avons pas de véritables acteurs politiques qui définissent des orientations politiques claires avec un esprit de suite. Il nous faut avoir de véritables partis politiques qui secrètent de véritables acteurs politiques. C’est cela la garantie de la nouvelle charte sur les partis politiques », a-t-il précisé.
La gouvernance Talon et la crise avec Ajavon
Au cours de son intervention, le président de l’Un Bruno Amoussou a noté des points positifs dans la gouvernance du président de la République Patrice talon. Au nombre de celle-ci figure la réforme portuaire. Pour Bruno Amoussou, le port de Cotonou avait besoin d’expertise de qualité pour son essor. Il se réjouit des grandes réformes en cours dans ce domaine. Il n’a pas manqué d’exhorter les cadres du port à vite capitaliser les notions administrées par l’équipe en place afin qu’au terme des trois ans ils soient véritablement aguerris et opérationnels. L’invité a également abordé la crise entre le Président de la République et l’un des maillons essentiels de la coalition de la rupture, Sébastien Ajavon. Bruno Amoussou a exprimé son regret mais n’a pas manqué de confesser son implication totale dans la médiation en vue d’une réussite de la paix des braves.
Hospice Alladayè
« Nous avons une culture du complot »
Bruno Amoussou, président de l’Union fait la nation (Un), a fêté ses 79 ans il quelques jours. Mais, il ne compte pas encore se mettre en retrait de la chose politique. Comme il l’a maintes fois déclaré, il veut consacrer jusqu’à sa dernière énergie à faire progresser son pays.Pour avoir été au centre du système politique béninois depuis plusieurs décennies, il continue donc de promener un regard critique sur la situation politique nationale. Interrogé sur les plateaux de la Télévision nationale, il a confié soutenir, malgré la discrétion, les actions du président Patrice Talon. A l’entendre, il fallait, plutôt que d’effectuer une révision ou relecture générale de la Constitution, procéder aux amendements ponctuels, selon les besoins du contexte politique. Pour ce faire, il importe de revoir le calendrier électoral, et sur un autre plan, de créer les conditions d’une véritable discrimination position à l’égard de la gent féminine. Bruno Amoussou, a par ailleurs, botté en touche, les critiques qui semblent dire ou penser que les amendements proposés, ont d’autres buts ou objectifs. « Nous avons une culture du complot », a-t-il précisé. Par la suite, il a indiqué que l’essentiel des amendements étaient déjà proposés par les commissions Ahanhanzo et Gnonlonfoun qui avaient statué sur la révision constitutionnelle. Il en est de même, pour les questions du quitus fiscal et de la résidence continue pour participer aux élections. Plusieurs fois pour étayer ses propos le président de l’Un a demandé aux détracteurs de son projet de consulter la jurisprudence en la matière. Par exemple, la décision de la Cour prise en 1994 contre Aboubacar Babamoussa, béninois vivant au Togo et qui voulait participer aux élections.Sur les questions économiques, il n’a pas varié dans sa ligne de défense. Car, selon lui, l’actuelle morosité économique est sous régionale et généralisée. Mais, il a loué la rigueur choisie par le président Talon. « Il nous fallait une gestion plus serrée, plus saine pour préparer l’avenir », a-t-il indiqué. Il a, alors, déploré les errements du régime Yayi, qui n’avait pas de « programme », et a fait de la navigation à vue pendant 10 ans. Avec le Pag, a-t-il poursuivi, tous les Béninois peuvent apprécier les avancées effectuées et savoir le chemin qui reste à parcourir. « Nous sommes dans une fierté mal placée », a-t-il répondu à l’encontre des critiques de la gestion du Port de Cotonou confiée aux Belges. Car, si en 10 ans, le régime défunt a nommé 10 directeurs généraux au Port, il fallait trouver l’expertise requise pour régler le problème, a-t-il suggéré.