Hommage à titre posthume un haut dignitaire du culte vodoun: La vie et l’œuvre de Dah Agbalènon au cœur d’un forum (Ses obsèques prévus pour le samedi prochain)
Les dignitaires du culte vodoun conduiront, samedi 7 juillet prochain, à sa dernière demeure, Dah Agbalènon, grand artisan et défenseur de ce culte, décédé en mars dernier. Au nombre des manifestations prévues, un symposium a été organisé à Abomey pour magnifier l’œuvre de l’homme, notamment son combat pour le respect et la valorisation du vodoun.
« Dans le domaine spirituel, religieux et vodoun, il a passé une bonne partie de sa vie à se battre pour restaurer l’image du vodoun, pour faire en sorte que le vodoun soit bien vu et qu’il ne soit plus diabolisé comme c’est souvent le cas. Il a lutté pour l’organisation des confréries et il est normal que nous puissions continuer de porter haut le flambeau qu’il a porté ». Ce témoignage émane de Rémi Guèdèdgbé, un des notables de la ville d'Abomey et organisateur du forum sur la vie et l’œuvre de Dah Agbalènon Adanmanyikpohoué, du nom de cet illustre dignitaire du culte vodoun, passé de vie à trépas le 21 mars dernier des suites d’une courte maladie. Du 27 juin au 7 juillet prochain, plusieurs manifestations sont prévues pour lui rendre hommage.
De son vivant, dans la localité d’Adingnigon, non loin d’Abomey, Dah Agbalènon a fait ériger une basilique en l’honneur des divinités vodoun. Il était également au cœur d’une initiative de promotion et de pérennisation du culte vodoun sous forme d’une école et d’un centre de savoir. Bien d’autres initiatives relatives à ce culte sont à son actif et justifient l’hommage que lui rendent les dignitaires du culte vodoun depuis des jours, en marge de ses obsèques.
Pour Rémi Guèdèdgbé, à partir de son œuvre, il faut écouter les sachants pour apporter un peu plus de lumière sur ce qu’est le vodoun. C’est le motif du forum qui a mobilisé le week-end dernier à Abomey,, des compétences d’horizons divers autour du thème « Le vodoun, une entité au service de l’homme et de la communauté ».
Le sociologue Dodji Amouzouvi, un des communicateurs à l’occasion du forum, explique que l’objectif principal de la rencontre est de déconstruire le discours qui tend à montrer le vodoun comme le diable et le mauvais. « Le vodoun, pour la vérité n’est ni une culture, ni une religion, ou encore un système de pensée. Il est la déité, l’entité première, la cause causante. Le vodoun est donc dieu », soutient le sociologue qui bémolise que le vodoun, pris en tant que tel « a généré une religion, un art de vivre, de penser, de construire ».
Aussi déplore-t-il que les malentendus autour du concept pour en déduire que « Le vodoun a généré un hold-up intellectuel » et qu’il faille une sorte de décolonisation intellectuelle pour en finir avec l’hypocrisie orchestrée dans une certaine mesure par les dignitaires eux-mêmes. Son vœu, c’est que ces derniers attirent « l’attention des gens sur cette hypocrisie souriante qui proclame l’appartenance à d’autres religions et qui jouissent tous des avantages du vodoun ».
Gildas Agonkan, député à l’Assemblée nationale, et natif de la localité, apprécie tout particulièrement cette initiative qui, note-t-il, était plus qu’indispensable en raison du profil du cujus. « Il était un haut dignitaire. Si l’on fait ses obsèques sans faire un clin d’œil à la spiritualité, cela pourrait troubler un peu son âme », pense-t-il. Au-delà de ce forum, bien d’autres initiatives de valorisation de l’œuvre du défunt sont prévues avant son inhumation prévue pour le samedi prochain, probablement en présence du président de la République, Patrice Talon.