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Bénin : Quand la dot s’invite de moins en moins dans les unions

Publié le vendredi 6 juillet 2018  |  Matin libre
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© Matin libre par DR
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Dans la plupart des régions d`Afrique au sud du Sahara et au Bénin en particulier, une pratique légalisait les relations entre conjoints auprès des parents.
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Dans la plupart des régions d'Afrique au sud du Sahara et au Bénin en particulier, une pratique légalisait les relations entre conjoints auprès des parents. C’est l'acceptation de la dot après la connaissance des parents de la femme. Mais depuis peu, l'eau a coulé sous le pont. La complémentarité entre la connaissance des parents et la cérémonie de dot n’est plus la norme. Beaucoup d’hommes préfèrent s’arrêter à la simple connaissance des parents. Quand on sait tout le symbole que représente la dot dans la tradition africaine, quels pourraient être les tenants et aboutissants de cette mutation générationnelle? Enquête...

Au Bénin, les réalités sociétales exigent que ça soit l'homme qui dote la femme. C'est une pratique qui consiste tout simplement à un versement d'apports par celui-ci, au profit de sa future belle famille élargie. Mais avant, il devra se rendre dans la belle-famille, afin de prendre connaissance, de se familiariser avec elle et de profiter pour avoir une idée des conditions dans lesquelles, se fera la dot : cette étape qui précède la cérémonie de dot n’est rien d’autre que la connaissance de la famille. Le jour de la dot, c'est à une cérémonie de communion et de réjouissance qu'on assiste entre les familles des tourtereaux. Ceci, pour que l'homme en toute liberté officialise sa relation avec sa conjointe pour signifier à qui veut l'entendre et le voir, qu'il est enfin prêt à changer de statut. Madeleine Djossou, cinquantenaire dont l’époux a respecté les deux étapes, rencontrée ce samedi 19 mai 2018 fait savoir que ce procédé est le moyen le plus recommandé pour une vie de couple sans vice. << En mon temps, tu ne pouvais même pas squatter chez ton copain sans la cérémonie de dot. C'était la finalité et la plus importante. Sans ça, tu ne peux pas avoir le toupet de rejoindre ton homme. C'est le lendemain de la cérémonie de dot que j'ai pu le rejoindre >>, a-t-elle déclaré, très nostalgique. En plus d'être bien vu par toute sa belle famille, la connaissance de la famille et la dot jouent le rôle de protecteur du futur ménage. Pour Géogratte Sagbohan vendeuse de divers à Ekpè, la dot est un grand signe de respect de l'homme, aux yeux de sa belle famille. Elle explique que ça limite les brouilles et conflits entre membres de la belle-famille car, tout le monde trouve pour son compte dans ces apports, dit-elle. << Mes tantes, mes oncles et mes géniteurs ont tous reçu leur part dans ma dot. Cela permet jusqu'à aujourd'hui à mon mari d'être bien accueilli et bien vu par mes parents>>, se réjouit la jeune dame. Si le fait de doter son épouse répond aux bonnes mœurs, la loi ne la trouve guère péremptoire, comme l'explique le juriste Wassi do Rego. Pour lui, l'article 142 du code béninois des personnes et des biens confère un caractère symbolique à la dot. Nonobstant son caractère légalement symbolique, d'autres trouvent qu'elle est devenue très coûteuse et par ricochet, un moyen de rançonnement. C'est le cas du jeune déclarant en douanes Raymond Yetongnon, qui associe la pratique de la dot au plus offrant. Il trouve d'ailleurs qu'il faut de nos jours réunir un pactole avant de se lancer dans les préparatifs de la dot. L'alternative qu'il a trouvée pour demander la main de sa femme est juste de se limiter à la connaissance de sa belle famille.

La Connaissance des parents désormais prisée

Cette connaissance qui veut juste que l'homme fasse des démarches en toute sobriété, à l'endroit du landerneau restreint de sa partenaire est désormais en vogue. Ceci, avec des apports de son choix et dont la valeur peut être négligeable. A l'instar de Raymond Yetongnon qui l'a fait à l'endroit de sa belle famille, d'autres jeunes n'y sont pas du reste, comme le témoignage Aimé Hazoumè, chauffeur rencontré au soir du dimanche 20 mai 2018 à Sèkandji. <>, martèle-t-il. À l'opposé, Kêmy Elary Adjangan géomètre typographe, trouve que la simple connaissance de la belle famille n'est point chose rassurante. Elle est laconique et fade. Pour la jeune célibataire, son futur époux ne doit pas se contenter seulement de la connaissance pour pouvoir l'espérer à ses côtés. « Il devra impérativement après la connaissance de ma famille, me doter. Il sait bien que sans ces deux étapes, en tout cas, il ne m’aura pas », lâche-t-elle d’un ton ferme.

…de la ‘’banalisation’’ de la dot… et conséquences

Si chez certains conjoints la volonté de doter leur future épouse est manifeste au départ, il faut faire remarquer que cette volonté s’émousse parfois à cause de certaines considérations. << Des parents ont tendance à considérer leur fille comme une marchandise, et c’est au plus offrant que l’on préfère l’offrir. Raison pour laquelle la dot est délaissée ou banalisée. A cette réalité, s’ajoute le nombre de plus en plus croissant de filles. Ce qui manque donc, ce n’est plus la femme même si l’on peut discuter sur la qualité >>, a confié le sociologue Émile Adambadji. Selon ses explications, le caractère symbolique de la dot est de plus en plus mis de côté par la belle famille. Quant à la limitation à la connaissance des parents, le sociologue déplore la manière dont elle est désormais faite et pointe du doigt la modernisation et la mondialisation. << Dans ces conditions, seuls les jeunes conscients connaissent, ne serait-ce que les parents directs de leurs futures épouses avant leur union, si ce n’est la grossesse qui les y contraint. Cette connaissance est faite par le jeune accompagné de quelques membres de sa famille. Mais parfois ils y vont seuls, signe de négligence, d’ignorance du caractère sacré de la connaissance. L’autre pan qu’il ne faut pas négliger, c’est l’entremêlement des cultures. Une fille non dotée, dans certaines régions du Bénin ne peut amener son mari à une cérémonie familiale. La famille de la femme est en mesure de refuser ses éventuelles cotisations si elle est éplorée par exemple. Tout simplement parce l'époux n'est pas reconnu en tant que tel>>, informe le sociologue. Il relève pour finir, que la connaissance de la famille devrait, a priori, être un préalable, avant la cérémonie en bonne et due forme de dot, ce qui restaure la complémentarité parfaite entre les deux pratiques. Si pour certains il n’y a guère dot sans connaissance de la famille, pour d’autres, la complémentarité entre les deux pratiques n’est plus une contrainte dans certains milieux.

Janvier Gbedo (Stag)
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