À la sortie de la 7è session du Comité national de lutte contre le Sida (CNLS) en octobre 2012, une lueur d’espoir avait gagné la majorité de la population. Les recommandations issues de ces assises ont réconforté plus d’un. Un an après cette session, le bilan que dressent les potentiels bénéficiaires du fruit de cette session est désolant. Pour eux, c’est le statu quo et les malades sont toujours laissés à eux-mêmes.
La lutte contre le Sida au Bénin a du plomb dans l’aile, tant l’espoir suscité par les travaux de la 7e session du CNLS tarde à se concrétiser. La plupart des Personnes vivant avec le VIH/Sida approchées estiment que les recommandations sont rangées au tiroir. A entendre leurs propos, les engagements pris par le Chef de l’Etat à ces assises n’ont jamais été honorés. « De façon pratique, nous n’avons senti aucune amélioration concernant la qualité de la prise en charge de nous PVVIH. Au contraire ! Les choses vont de mal en pire pour nous. Nous n’avons plus ce que nous considérions entre-temps comme acquis », a révélé, les larmes aux yeux, une PVVIH au Centre National Hospitalier et Universitaire-Hubert Koutoucou Maga de Cotonou (CNHU-HKM). Selon ces citoyens éprouvés par la maladie, les ruptures des antirétroviraux (ARV) sont monnaies courantes depuis 2012. La réalisation des bilans CD4, la charge virale, la biochimie, ne sont plus respectées. Les médicaments de première nécessité, comme le Cotrimoxazole (BATRIM), ne se retrouvent plus sur les sites de prise en charge.
L’engagement de l’Etat dans la lutte contre le Sida en 2012 n’a pas été senti. Pour preuve, les PVVIH évoquent le cas des séances de sensibilisation annoncées à l’issue des assises de cette session et qui n’ont jamais été organisées depuis 2012, alors que la lutte, selon eux, doit être au quotidien. L’Etat ne joue pas pleinement le rôle qui est le sien dans la lutte contre le VIH/Sida et l’amélioration de la qualité de la prise en charge des PVVIH. Le Bénin n’assume pas les 20% des ARV comme convenu. Le jour où les partenaires lâcheront le Bénin, il y aura catastrophe au pays, soutiennent-elles. « Zéro discrimination envers les PVVIH n’était donc qu’un mensonge. Faudrait pas que les gens fassent semblant de nous accompagner », a martelé E. F. Des allégations des PVVIH renseignent que c’est le statu quo en ce qui concerne la mise en œuvre des recommandations de la 7ème session du Comité national de lutte contre le Sida (CNLS) d’octobre 2012, puisqu’elles ne sont informées de rien et ne constatent aucun changement positif sur le terrain. Selon les informations recueillies, bon nombre des acteurs ayant participé à la 7ème session et les représentants du REBAP+ ne sont même pas informés des quelques engagements qui ont connu un début d’application. Toutes choses qui font croire que le SP/CNLS n’a mis en place aucun système de communication pour informer régulièrement les acteurs concernés de ce qui se fait.
En dépit de ce black out constaté au niveau du CNLS, les informations glanées ici et là nous éclaircissent que dans la mise en œuvre des recommandations du CNLS, la recommandation relative aux audits institutionnels a connu un début de mise en œuvre, notamment l’audit du CCM encore appelé CNC. Cet audit a démarré en avril dernier et se poursuit sous la houlette d’un organisme américain, la Grant Mechanism Solutions (GMS) . Que s’est-il passé pour qu’on en arrive à cette situation que déplorent les potentiels bénéficiaires du fruit de cette session ? Où en sommes-nous dans la mise en œuvre effective de ces recommandations selon le chronogramme retenu ? Quelles sont les difficultés d’application de ces recommandations ? Le Comité national de lutte contre le Sida (CNLS) attend-il la 8ème session qui se tiendra dans les prochains jours pour faire le point ?
Des recommandations pourtant attrayantes, mais !
Pour le Responsable de la cellule santé, Dr Antoinette ASSANI, il y a forcément une amélioration de la riposte nationale contre le Sida. Les activités ont été bien coordonnées au cours de l’année. « Le rapport d’activité CNLS 2012 en dira long », ajoute Dr ASSANI.
Les recommandations retenues à l’issue de la 7ème session CNLS d’octobre 2012 étaient, entre autres, d’organiser une réflexion multisectorielle pour alléger les procédures d’acquisition des intrants (ARV, réactifs…) assortie de décisions concrètes, de rendre fonctionnel l’organe de concertation du CNLS conformément aux articles 6 et 7 du décret N° 2002-273 du 18 juin 2002.
Il s’agissait également de réfléchir sur les mécanismes appropriés pour l’amélioration des taux de consommation des ressources externes et internes affectées et la qualité des dépenses effectuées dans le cadre de la lutte contre le VIH et le Sida et d’étudier la possibilité d’étendre le système RAMU aux personnes vivant avec le VIH/Sida. Les participants ont également préconisé un audit institutionnel et organisationnel des structures nationales (PNLS, SP/CNLS, CNC) à charge de la riposte au VIH/Sida. L’élaboration et la mise en place d’un plan de renforcement de capacités des ressources humaines en charge de la gestion de la subvention allouée à la lutte, la formalisation de l’enseignement sur le VIH/Sida au niveau des enseignements primaire et secondaire, l’audit de toutes les Unités Focales de Lutte contre le Sida des différents ministères (UFLS) afin de déterminer les moyens nécessaires pour leur fonctionnement ont été décidés. La création au Ministère en charge de la Famille d’une ligne budgétaire pour renforcer l’appui nutritionnel et scolaire aux Orphelins et Enfants Vulnérables (OEV), la promotion et le renforcement de l’implication du secteur privé, puis la réflexion sur les mécanismes appropriés pour l’amélioration des taux de consommation des ressources externes et internes affectées et la qualité des dépenses effectuées dans le cadre de la lutte contre le VIH et le Sida, sont autant de points inscrits dans la liste des recommandations ayant sanctionné les travaux de cette session.