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Campagne précoce pour le référendum : Le Bmp force la main à Talon

Publié le mardi 10 juillet 2018  |  Matin libre
Nassirou
© aCotonou.com par Didier Assogba
Nassirou Bako-Arifari , Ex-ministre des affaires etrangere, député à l`Assemblée Nationale
Les 100 premiers jours du Président Patrice Talon au pouvoir.Causerie débat initié par la fondation Friedrich Ebert. Cotonou, le 13 juillet 2016. Soirée politique sur les 100 premiers jours du Président Patrice Talon au pouvoir
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L’échec imposé par la minorité parlementaire par rapport à la tentative de l’amendement de la Constitution a été très mal encaissé par le Bloc de la majorité parlementaire (Bmp). Et honnis une seconde fois, les députés dudit bloc comptent par tous les moyens amener le Chef de l’Etat à organiser un référendum.

Les membres du Bmp ne veulent pas abandonner la bataille. Ils sont apparemment décidés à toucher la Constitution du 11 décembre 1990. La défaite du 05 juillet dernier n’a pas mis fin à l’objectif que ne partagent pas de nombreux citoyens béninois. Les députés proches du pouvoir veulent faire poursuivre la procédure de révision puisque les résultats obtenus au Parlement le jeudi dernier permettent au gouvernement de soumettre les points à introduire dans la Constitution à référendum. Et déjà sur le terrain, on sent la mobilisation du Bmp. En effet, le week-écoulé n’a pas été de tout repos pour certains députés de la majorité parlementaire. Ils ont investi toutes les chaines de télévision et de radio pour blâmer leurs collègues de l’opposition. A les entendre, la minorité parlementaire bloque la modernisation du Bénin alors qu’il est évident que la non révision de l’actuelle Constitution n’empêchera aucunement la marche du pays vers le développement. Pour ces députés, il est urgent d’amender les textes fondamentaux. Gilbert Bangana, Nassirou Bako-Arifari et Mathurin Nago ayant fait les plateaux de télévision, ont tenu le même discours en diabolisant leurs adversaires qui trouvent plutôt des pièges dans la procédure engagée la semaine dernière. Et le Bmp semble avoir trouvé dans son combat le soutien peut-être intéressé d’une organisation de la société civile. Il s’agit de l’OngAlcrer. Le dimanche dernier, son président, Martin Assogba a même pu souligner que la situation socio-économique serait davantage invivable si la Cour des comptes n’était pas créée et inscrite dans la Constitution. C’est une menace à peine voilée qu’il a faite au peuple le dimanche dernier sur Golfe Tv en lui demandant de voter oui lors du prochain référendum. Le même week-end, le député Jean-Michel Abimbola était presque en compagne à Kétou. Il a dû réunir dans la précipitation certains de ses lieutenants politiques pour montrer à Patrice Talon que le peuple était prêt pour l’organisation du référendum. Et dans les prochains jours, les députés laudateurs du pouvoir devraient multiplier les sorties politiques pour faire croire au Chef de l’Etat que l’opération est gagnée d’avance. Ils feront recours au mensonge pour vendre un produit de qualité douteuse. Du théâtre, diraient certains observateurs. Car, à l’heure actuelle, la préoccupation du peuple est fondamentalement la morosité économique. Aucun citoyen n’est encore prêt à autoriser le gouvernement à s’engager dans des dépenses inutiles. Mais le Bmp a ses propres calculs. Il faut convaincre le Chef de l’Etat à organiser le référendum afin de baliser le terrain pour les prochaines législatives. Ces députés veulent peut-être mobiliser des moyens financiers ou encore tester les capacités de manipulation d’un scrutin pour espérer rester au palais des Gouverneurs en 2019.

Le Chef de l’Etat doit mettre fin au processus

Seul Patrice Talon a le dernier mot. Et vu la morosité économique actuelle, le Chef de l’Etat n’a aucun intérêt à engager des dépenses inouïes pour l’organisation d’un référendum qu’il n’est pas certain de remporter. Par deux fois, son projet de révision de la Constitution a subi des revers. Cela montre un défaut de consensus qui est la conséquence d’une suspicion de la classe politique et d’une partie du peuple sur ses réelles intentions. Dans un tel contexte, si on n’est pas capable de réunir la classe politique autour de ses idées et d’enlever de la tête des gens qui, pour le principe, sont acquis à la révision de la loi fondamentale, cette suspicion ou du moins les articles qui la fondent, il vaut mieux classer cette réforme et passer à autre chose. Car, seul Patrice Talon sera responsable de son bilan. Et ce bilan, c’est la réalisation des projets inscrits dans le Pag. Il est presque à mi-mandat. C’est maintenant qu’il a méchamment besoin de résultats. Il n’a ni le temps, ni l’énergie, ni les ressources pour s’engager dans une telle voie à l’issue incertaine. Ceux qui le poussent à aller au référendum ont d’autres intérêts que le « Oui » du peuple.

Mike MAHOUNA
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