La messe est dite. Les étudiants se sont prononcés. Dans le silence et le secret de l’isoloir, ils ont opéré leur choix. Les élections devant consacrer les organisations estudiantines faîtières les plus représentatives de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac) ont livré leur verdict. Grand vainqueur de ce scrutin, l’Union nationale des scolaires et étudiants du Bénin (Unseb). Les milliers d’étudiants conviés au vote n’ont pas tergiversé avant d’opérer leur choix. En majorité, si l’on se fie aux résultats provisoires proclamés par la commission électorale mise sur pied à cet effet, cette association a recueilli le maximum de voix. Sur les 11424 suffrages exprimés, 5660 ont été en faveur de l’Unseb qui signe ainsi sa légitimité dans le concert des organisations estudiantines. Avec 4916 voix, la fédération nationale des étudiants du Bénin tire son épingle du jeu avec un pourcentage de 43%.
Avant d’en arriver à ce couronnement, les étudiants ont soufflé le chaud et le froid. Cette consultation électorale ouvre une nouvelle ère dans les relations entre étudiants et les autorités rectorales et gouvernementales. Ces dernières, excédées par la pugnacité et l’extrémisme dont ont fait montre les étudiants à travers leurs diverses associations ont cru devoir apporter une riposte à la mesure de l’affront. C’est ainsi que le Conseil des ministres, en sa séance du mercredi 5 octobre 2016 a pris la décision d’interdire les activités de toutes les fédérations, unions, associations ou organisations faîtières des étudiants dans toutes les quatre universités nationales. Par la même occasion, le gouvernement a pris un décret pour définir toutes les activités et les conditions de reconnaissance des associations d’étudiants. Diversement interprétées à l’époque, ces décisions n’ont pas pour autant entamé la détermination des apprenants qui n’ont pas démordu.
Le 16 mars 2017, la Cour constitutionnelle est venue remettre les pendules à l’heure. Saisie de plusieurs recours portant sur le sujet, la haute juridiction a déclaré les décisions incriminées non seulement contraires à la Constitution, mais aussi nulles et non avenues. Ce verdict qui a ressuscité les associations estudiantines a conduit le gouvernement à définir les nouvelles règles du jeu. Aujourd’hui, c’est l’Unseb dont les membres sont perçus comme des parias ou des renégats qui reçoivent les lauriers des étudiants. C’est un coup d’éclat pour l’Unseb qui passe de l’ombre à la lumière. C’est un secret de polichinelle qu’elle n’a jamais été dans les bonnes grâces des autorités académiques qui lui ont toujours dénié sa légitimité. Maintenant, elle est acquise de plein droit. A l’avenir, c’est l’Unseb et la Fneb qui agiront au nom et pour le compte de la communauté estudiantine.
Une nouvelle page s’ouvre ainsi dans les relations, de tout temps tumultueuses, entre étudiants et autorités académiques. Aux dirigeants de l’Unseb et de la Fneb, il leur faudra tabler désormais sur des revendications pertinentes et sérieuses. Certes, les problèmes qui minent le bon déroulement des activités académiques sont divers et variés. Quid de la satisfaction des étudiants quant aux prestations liées aux œuvres universitaires ? Avec un minimum de discipline et de pondération, les étudiants, à travers leurs nouveaux représentants peuvent faire bouger les lignes si les négociations se mènent avec tact et diplomatie. Le déni et l’affront constant vis-à-vis de l’autorité ne feront qu’empirer les choses. Il appartient aux étudiants d’être plus souples dans leurs rapports avec les décideurs car ils sont les plus marginalisés de la communauté universitaire. En optant pour un sens élevé de responsabilité, ils sont à même d’écrire les plus belles pages de leur séjour sur les campus.
Moïse DOSSOUMOU