Du 29 mars 2017 au 28 avril 2017, un contrôle interne a eu lieu dans l’Hôpital de Zone considéré. Conduit par quatre agents de la maison, il a concerné la gestion de la pharmacie de gros sur la période du 1er janvier au 30 avril 2017. Les contrôleurs ont fait 6 constats et 6 recommandations. La lecture des 12 points laisse croire que la pharmacie fonctionne sous le régime d’une privatisation non avouée. La sixième recommandation a mis en débet le jeune gestionnaire pour un détournement (‘‘les écarts constatés’’) de 1.131.760 f CFA. Le sieur stagiaire recruté par l’ANPE pour deux ans n’a rien remboursé à l’hôpital, a commencé à être absent au poste, a cependant perçu son salaire jusqu’au mois de mai 2018.
Une enquête buissonnière et silencieuse a révélé que tout l’Hôpital de Zone fonctionne, mutatis mutandis, sur le modèle de la pharmacie, modèle qui rappelle l’Abbaye de Thélème de Rabelais, avec son mot d’ordre ‘‘Fais ce que voudras’’, le Père Abbé dirigeant lui-même le bal libertaire du laisser-faire. Voici l’état des lieux en 7 exemples non exhaustifs.
1- Le secrétaire général du syndicat a fait valoir ses droits à la retraite. Mais son mandat de SG court jusqu’en 2019. Il s’est donc maintenu chef du syndicat et, de son lieu de repos, vient à l’hôpital percevoir des jetons, car c’est un bon collabo du Père Abbé. 2- Les parturientes attendant une césarienne doivent ‘‘acheter les compléments des éléments devant constituer le kit [gratuit] pour un montant total de trente mille frcs (30.000 frcs)’’ (sic).
La future césarisée doit en plus payer 15.000 f sous l’appellation AREK contre une facture factice. 3- Une opération audacieuse permit de récupérer cinq feuillets brouillons, agrafés, remplis à la main, ne comportant rien de ce dont pourrait se prévaloir une administration : liste de nom et prénom de 93 césarisées, nom du chirurgien et de son aide opérateur, 15.000 f AREK avec mention ‘‘payé’’, et un N° dont un non-initié ne sait pas à quoi il renvoie. Ni date, ni signature. 4- Une opération kamikaze permit de savoir que 93 x 15.000 f AREK n’ont pas été enregistrés dans les caisses de l’hôpital. 5- Le 14 février 2018, le médecin chef du service de gynécologie obstétrique avait sorti une note rappelant ‘‘à tous les agents…qu’ils ne doivent en aucun cas faire payer une quelconque somme aux bénéficiaires de césarienne’’ (sic).
Raté. Une nique à la dame et en avant l’arnaque ! 6- Ledit Hôpital de Zone n’a pas de service radiologique ; son groupe électrogène n’a pas d’inverseur. Etc. 7- On a aussi noté un partenariat secret gré à gré avec des personnes privées, ce qui explique que des analyses du laboratoire de l’hôpital ne sont pas payées à la caisse de l’hôpital, mais directement aux agents du laboratoire ; ce qui explique derechef que ce qui est vendu par la pharmacie de l’Hôpital de Zone est en partie fourni par une dame dont l’activité normale n’a rien à voir avec une pharmacie : d’où le grand écart entre ce qui est acheté et payé de main à main (maxi) et ce qu’encaisse la pharmacie (mini) sur la base de l’ordonnance établie par le médecin traitant. On s’en arrête là pour les exemples.
Cet Hôpital de Zone est aujourd’hui un cauchemar pour les trois Communes qu’il dessert. Les malades y entrent poussés par le désespoir de l’urgence et du ‘‘on n’a pas les moyens pour aller ailleurs’’. Ils y entrent, le cœur serré à l’idée d’aller à la rencontre de simili-braqueurs, prêts à détrousser et non à soigner, un personnel englué dans l’affairisme du ‘‘Fais ce que voudras’’. Or si l’Abbaye de Thélème convient aux esprits sains, libres et rétifs aux dogmes, elle ne convient pas aux corps souffrants qui demandent à être secourus, et ne convient donc pas au personnel d’un hôpital. Reste à savoir si la transposition de l’Abbaye de Rabelais sur un hôpital au Bénin a la bénédiction de l’Etat béninois qui, jusqu’à preuve du contraire, répond aussi du fonctionnement de l’Hôpital de Zone ci-dessus.