Les cotonculteurs ont le sourire. Les producteurs les plus méritants le sont davantage. Après avoir reçu à temps leur dû issu de la vente de l’or blanc, ils sont à nouveau célébrés. Les meilleurs d’entre eux, ceux qui ont à leur actif d’excellentes productions pour la saison 2017-2018 bénéficient d’une attention soutenue. Le week-end écoulé, ils étaient à l’honneur. Sous l’égide de l’Association interprofessionnelle du coton (Aic), le mérite des cotonculteurs qui ont obtenu une production record, a été reconnu. A Banikoara, dans une ambiance festive, en présence de leurs pairs et des acteurs de cette filière agricole, ils ont reçu des lots composés de tracteurs, de matériels agricoles divers et de motos. La deuxième édition de cette célébration a tenu toutes ses promesses. Désormais, l’esprit d’émulation est instauré au sein des paysans qui ont jeté leur dévolu sur la culture du coton, principale culture d’exportation au Bénin.
Le ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche a assisté à cette cérémonie de bout en bout. Il dispose a priori d’une bonne source d’inspiration pour étendre cette initiative aux autres filières agricoles. Si elle demeure la principale culture de rente, la filière coton n’intéresse pas nécessairement tous les exploitants agricoles. Dans le lot, il y en a qui ont jeté leur dévolu sur d’autres spéculations comme le cajou, le karité ou encore l’ananas. La saison agricole écoulée, le Bénin a enregistré une bonne production de cajou de l’ordre de 200 000 tonnes. Ceux et celles qui ont œuvré pour obtenir ce résultat ont aussi besoin d’être célébrés. Ils méritent à juste titre que leur soient tressés des lauriers en reconnaissance de leurs efforts. Idem pour les producteurs de karité qui n’ont pas démérité. Ce ne sera que justice si les pouvoirs publics daignent leur accorder les mêmes privilèges qu’aux cotonculteurs.
La diversification des filières agricoles fait partie des points saillants inscrits dans le Programme d’actions du gouvernement. En pleine promotion, l’anacarde et le karité attirent les paysans et les autres travailleurs de la terre qui sont habités par le souci d’enregistrer des productions abondantes. En instaurant une bonne organisation, en mettant les exploitants dans de bonnes conditions, ces filières-là sont en mesure de générer d’importantes ressources aussi bien pour les particuliers que pour les caisses de l’Etat. Le Bénin a tout à gagner en optant pour un panel diversifié de filières agricoles. L’ananas, par exemple produit à grande échelle dans la partie méridionale du pays, ne nourrit pas pour autant l’Etat et les producteurs. Un encadrement de cette filière en vue de susciter des vocations de producteurs ferait le plus grand bien à notre économie qui depuis des lustres ne jure que par le fisc et l’activité portuaire.
Au-delà des acteurs des filières agricoles qui ont besoin de sortir de l’ombre pour la lumière, les éleveurs de volailles et de bovins qui font des investissements sur des hectares sont également fréquentables. Ils participent activement à étoffer le tissu économique. Les petites et moyennes industries spécialisées dans la transformation des produits agricoles ne sont pas du reste dans cette quête pour la célébration de l’excellence. La réédition de la fête des paysans organisée autrefois avec faste serait la bienvenue. A l’époque, outre les décorations et les festivités, il était offert en bonus à la plupart d’entre eux un baptême de l’air. Ces récompenses feront toujours leur effet dans le monde agricole. Mieux, pourquoi ne pas offrir des séjours de travail à l’étranger aux paysans méritants dans des fermes ou des installations agricoles ? Cela leur permettra de s’inspirer des expériences de leurs pairs d’ailleurs pour améliorer ce qu’ils font déjà si bien dans leur pays. Que notre plaidoyer ne soit pas vain.
Moïse DOSSOUMOU