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En vérité : Un vote historique

Publié le mercredi 25 juillet 2018  |  Fraternité
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© Autre presse par DR
Le député Mohamed Atao Hinnouho
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C’est inédit. Les députés viennent de livrer trois des leurs à la justice. Ils contredisent ainsi l’adage selon lequel « les loups ne se mangent pas entre eux ». Au terme du triple vote intervenu hier à l’Assemblée nationale, Valentin Djènontin, Idrissou Bako et Atao Hinnouho ont perdu leur immunité parlementaire. Dépourvus de ce bouclier considéré comme un privilège rattaché à la fonction de député, ils devront répondre des faits qui leur sont reprochés. La plénière a tranché, préférant accorder une suite favorable à la demande faite par la justice, alors que la commission spéciale ad hoc, au regard de ses conclusions, était divisée sur la conduite à tenir. Sous la houlette de Me Adrien Houngbédji, les députés ont posé un acte historique qui ne manquera pas d’avoir des répercussions sur la vie politique nationale. Un après-midi a suffi pour que trois élus du peuple descendent de leur piédestal.
A priori, on peut être tenté de croire que ces trois compagnons d’infortune paient le prix de leur témérité. En effet, contrairement à la plupart de leurs collègues, ceux-ci ont refusé de soutenir le régime en place. Au parlement, leurs propos ainsi que leurs faits et gestes indiquent à suffisance qu’ils sont opposés aux actions du gouvernement. Contempteurs du régime en place, Valentin Djènontin et Idrissou Bako sont demeurés dans les bonnes grâces de Boni Yayi. Le premier a même pris les rênes du parti des Forces cauris pour un Bénin émergent. A deux reprises, à l’occasion de l’examen du projet de loi portant révision de la Constitution et de la proposition de loi portant amendement de la Constitution, ils ont opposé une fin de non recevoir à toute tentative de toilettage de la loi fondamentale. N’eût été la détermination du Bloc de la minorité parlementaire, le vote du 5 juillet 2018 aurait consacré la révision de la Constitution béninoise.
Si lors du premier vote intervenu le 4 avril 2017, ils étaient unanimes sur la question, le 5 juillet 2018, Atao Hinnouho incarcéré depuis quelques semaines, a, par le biais de sa procuration, adopté une position contraire. Malgré l’assouplissement de sa position, il n’a nullement bénéficié de la mansuétude de ses collègues du Bloc de la majorité parlementaire. Ce serait donc vite aller en besogne d’évoquer la thèse des représailles politiques. Accusé de trafic illicite de médicaments et de fraudes douanières, il devra s’expliquer devant les juridictions compétentes pour la manifestation de la vérité. Contraint au même exercice, Idrissou Bako, directeur général de la Société nationale de promotion des produits agricoles (Sonapra) au moment des faits est accusé de détournement de deniers publics. Pour son honneur, il fournira à la justice les éléments qui le disculpent et le juge rendra son verdict au terme d’un procès équitable.
Valentin Djènontin, quant à lui, bénéficiera d’une procédure spéciale. Ministre de la République au moment des faits, président du comité interministériel sur le coton, il lui est reproché l’achat d’une mauvaise qualité d’engrais qui a eu pour conséquence directe une faible production cotonnière lors de la campagne 2014-2015. En révélant les résultats des audits commandités à cet effet, le Conseil des ministres, en sa séance du 28 juin 2017, a transmis le dossier à la justice. La procédure suivra son cours jusqu’à ce que la Haute cour de justice soit saisie si la demande de poursuite est validée par l’Assemblée nationale. La grande leçon qui se dégage de ce triple vote historique, c’est que l’Assemblée nationale ne sera plus perçue comme un refuge paisible pour les personnes qui ont des choses à se reprocher. Les députés ont bien fait de permettre aux mis en cause de laver leur honneur. La Représentation nationale n’a plus d’autre choix que de maintenir le cap.
Moïse DOSSOUMOU
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