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Pour avoir tué sa fille dans un état mental altéré: Florence Agbahoungba internée à Jacquot

Publié le mercredi 25 juillet 2018  |  La Nation
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© Autre presse par DR
Le palais de justice de Cotonou
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La cour d'assises de la cour d'appel de Cotonou a connu, hier mardi 24 juillet, de la septième affaire inscrite au rôle de sa session supplémentaire. Elle a porté sur un infanticide perpétré par dame Florence Oumè Agbahoungba sur sa petite fille Gisèle Badet. Accusée d'assassinat, celle-ci a comparu, hier, à la Cour dans un état mental délétère et a été déclarée pénalement irresponsable.

Poursuivie pour avoir tuée sa fille unique Gisèle Badet, dame Florence Oumé Agbahoungba sera internée au centre psychiatrique Jacquot et les frais sont entièrement mis à la charge du Trésor public. C'est le verdict rendu par la cour d'assises de la cour d'appel de Cotonou séant hier pour le septième dossier au rôle de sa session supplémentaire. Ce verdict se justifie par l'état mental et intellectuel altéré de l'accusée. « L'accusée n'est pas accessible à la sanction pénale parce qu'elle est irresponsable », a précisé la cour dans la sentence prononcée.

Assistée par la responsable des détenues de la prison civile de Cotonou, dame Florence Agbahoungba n'a pas pu tenir un discours logique devant la cour. « Qui est Gisèle ? », lui a demandé le président de la cour de céans. « C'est votre copine Gisèle ! Je ne sais pas qui elle est », a-t-elle répondu. À la question de savoir ce qui est arrivé à sa fille unique Gisèle, l’accusée a déclaré que celui qui l'a lui a donnée, l'a reprise. « Dis-nous ce qui s'est passé », a demandé le président de la cour. « Je ne veux pas parler... Les morts sont avec nous ici... Je suis parmi eux... Gisèle est ici... », a-t-elle répliqué. La langue déliée, l'accusée déblatérait sans arrêt, allant dans tous les sens comme si elle échangeait avec de nombreuses gens. Lorsque le ministère public lui a demandé combien d'enfants elle a, l'accusée a répondu : « J'ai un enfant et demi, Christophe et Rodrigue... Les autres n'ont pas de noms ». Pourtant, elle est mère de quatre enfants de sexe masculin et le cinquième est la victime, la fille unique.
De divagation en dilatoire, les débats ont été interrompus avec stupéfaction du mari de l'accusée, Pascal Badet qui s'était constitué partie civile avec quelques-uns des enfants venus témoigner contre leur mère, celle-là même qui avait de la peine à donner l'âge exact de sa fille au moment des faits. Le ministère public a alors demandé que soit constaté l'état mental de Florence Agbahoungba. Le conseil de l'accusée, Me Yves Cossou, est allé dans le même sens. « Ce serait perdre du temps que de vouloir écouter la partie civile et les témoins », a-t-il ajouté.

Quand le mystique s'en mêle

L’enquête de moralité traduit que l’accusée, Florence Agbahoungba, née vers 1967 à Abomey-Calavi, résidant à Akassato, mariée et mère de 4 enfants, était une femme normale, une revendeuse correcte avant la survenance du crime. Certains proches rapportent que son ardent désir d’avoir une fille, l’aurait conduite à faire recours à un fétiche. Ce serait grâce à ce fétiche qu’elle aura conçu sa benjamine Gisèle. En contrepartie, elle devrait remplir ses engagements à l’égard dudit fétiche. Ce qu’elle n’aurait visiblement pas fait. Conséquence, elle a été prise d’une folie inéluctable et c’est dans cet état mental altéré qu’elle aurait sacrifié sa propre fille.
En outre, le rapport d'expertise médico-psychiatrique du 18 juin 2015 fait savoir que l'accusée présente un état psychologique altéré avec des anomalies psychologiques et psychiatriques au moment des faits et ce, jusqu’aujourd'hui. Selon l’expert, l’accusée est introvertie et instable émotionnellement. Elle ne dispose pas de toutes ses facultés mentales et intellectuelles. Les faits qui lui sont reprochés sont en relation avec ces anomalies. Le rapport d'expertise médico-psychiatrique conclut alors que l'accusée présente un état de dangerosité nécessitant un internement psychiatrique.

L’article 64 l’emporte sur le crime établi

Dans son réquisitoire, le ministère public représenté par le procureur général près la cour d’appel de Cotonou, s'est appesanti sur les conclusions du rapport d'expertise médico-psychiatrique. « Il existe dans la vie des situations que, humainement, on ne peut expliquer. C'est le cas de dame Florence Agbahoungba qui a décidé de supprimer la vie de sa fille unique », a déclaré le procureur général. Procédant à la lecture juridique de l’infraction, il a indiqué qu’il s’agit d’un meurtre, une infraction prévue et punie par les articles 295 et 304 du Code pénal. L'élément légal étant constitué en l'espèce, l'élément matériel se dégage, selon le ministère public, dans l’acte positif posé notamment le fait de donner la mort et dans la victime vivante dont la mort consomme le crime. « Mais au regard des débats face à la cour, du comportement de l'accusée et du rapport médico-psychiatrique, l'on peut se demander si elle pouvait exprimer une volonté libre et consciente », s’est interrogé le ministère public avant de recourir à l'article 64 du Code pénal qui prévoit la suite à donner en l’espèce. Cet article stipule qu’il n'y a ni crime ni délit lorsque l'accusé était en état de démence aux moments des faits ou lorsqu'il a été poussé par une force à laquelle il ne pouvait se soustraire. C’est en foi de cette disposition que le ministère public a requis que la cour constate l'état mental altéré de l'accusée, la déclare pénalement irresponsable et ordonne son internement au centre psychiatrique Jacquot.
D'intelligence avec la réquisition du ministère public, le conseil de l’accusée a alors conclu: « Il faut que l'Etat l'assiste, il faut que ses soins soient pris en charge par l'Etat. Si on peut encore la sauver, qu'on la sauve ». Selon lui, la justice béninoise a fait preuve de négligence par rapport à ce dossier. « J'ai honte de cette famille Justice à laquelle j'appartiens », s’est-il désolé. Il a rappelé que depuis 2007 où l'accusée a été mise en détention, son état mental altéré était établi et pourtant rien n'a été fait jusque-là pour l'assister.

Les faits

Le dimanche 16 décembre 2007, aux environs de 8h45, la nommée Florence Oumè Agbahoungba s’est enfermée dans sa chambre avec sa benjamine, Gisèle Badet, alors âgée d’environ cinq ans. Quelques instants après, un autre de ses enfants, du nom de Prosper Badet, accompagné d’autres personnes, a signalé aux voisins que sa mère venait d’égorger la petite Gisèle.
La porte de la chambre défoncée a permis de découvrir le corps sans vie de la petite Gisèle emballé dans un pagne. Interpellée et inculpée de meurtre, elle a été mise en détention depuis le 17 décembre 2007.
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