La lutte contre la corruption prend corps à l’Assemblée nationale. Et pour cause, les députés Valentin Djènontin, Idrissou Bako et Mohamed Atao Hinnouho ont vu leur immunité levée pour répondre des faits à eux reprochés devant la justice. Désormais, leur honneur et leur crédibilité sont en jeu.
"Ils se rassemblent contre la vie du juste et condamnent le sang innocent", a déclaré le député Valentin Djènontin, mardi dernier, après le vote de ses collègues pour la levée de son immunité au parlement.
L’élu des Fcbe veut ainsi clamer son innocence devant les parlementaires sans oublier que c’est la justice qui décidera de son sort.
M. Djènontin rend hommage à la commission spéciale de l’Assemblée pour avoir fait preuve d’impartialité pour ne l’avoir pas culpabilisé. Mais dans cette commission, certains ont voulu qu’il aille laver son honneur devant la justice. Il clame son innocence devant les députés alors qu’il pouvait le faire avec autant de vigueur devant la justice. "Je n’a jamais été nommé ministre de l’agriculture, ni secrétaire général du ministère", indique-t-il. Quand le passé rattrape, il faut l’assumer pour s’en sortir heureux. Il n’est donc pas question de fuir son destin.
Valentin Djènontin doit garder son son sang froid s’il est conscient de son innocence. La gestion des affaires de l’État au cours des dix dernières années pourrait rattraper beaucoup de personnalités.
En dehors de Djènontin, son collègue Idrissou Bako, qui avait dirigé la Sonapra, clame aussi son innocence. Selon lui, il faut protéger l’élu "pour que le député ne tombe pas sous les coups politiques. Les votes émis par les députés béninois sont sanctionnés, la roue tourne. Quel que soit ce qui sera fait contre, nous sommes confiants que nous serons sous la protection de Dieu et chacun à sa conscience". Des paroles de victimisation alors qu’ils ont une parcelle de de responsabilité dans la filière coton.
En suivant les déclarations des députés Djènontin et Bako, il est difficile de croire en la franchise des hommes politiques. Ayant longtemps géré avec complaisance, ils se disent écoeurés de voir le comportement de leurs collègues face à la demande de levée d’immunité adressée par le procureur de la République au président de l’Assemblée nationale.
Il faut alors saluer la promptitude du président Adrien Houngbédji qui a montré et continue de démontrer qu’il faut toujours respecter les textes. Selon les propos de ces deux députés dont l’immunité à été levée, il ne fallait pas qu’ils aillent répondre de leur gestion antérieure. Toute chose déplorable qui donne raison à ceux qui prennent l’hémicycle comme le refuge des délinquants financiers.
La lutte contre la corruption et la constitutionnalisation de la Cour des comptes étaient pourtant prônées par le gouvernement qu’ils ont eu a servir avec dévouement.
On se rend compte aujourd’hui que la peur a gagné le rang de ces opposants qui crient le nom du président Talon sur tous les toits. Il faut désormais désengorger l’hémicycle de ces hommes qui ont mal géré les ressources publiques et prennent le palais des gouverneurs comme le lieu de refuge de toute poursuite. Il est plus préférable que les députés versent à la justice les preuves de leur innocence que de prendre l’hémicycle comme un refuge. Comme le stipule un proverbe togolais, "celui qui veut taquiner un nid de guêpes doit apprendre à courir vite"