Et le gagnant est… personne. Pour la quatrième fois en cinq ans, le prix Mo Ibrahim, qui récompense un dirigeant africain élu démocratiquement pour ce qu’il a accompli pour son pays, n’a pas été attribué. Tous les présidents actuels ont été passés en revue, mais aucun n’a été à la hauteur d’un des prix le plus prestigieux qui existent, malgré la convoitise qu’il suscite : il est assorti d’une récompense de cinq millions de dollars (deux milliards et demi de francs CFA) versés sur cinq ans, complétés ensuite d’une bourse de cent millions par an. La Fondation Mo-Ibrahim, du nom du milliardaire anglo-soudanais qui l’a créée, assure qu’il ne s’agit pas d’un "problème africain" et revendique sa lucidité : les lauréats d’un tel prix ne courent pas les rues, que se soit en Afrique ou ailleurs. Pour prétendre aux honneurs, la perle rare doit avoir non seulement considérablement amélioré la sécurité, la santé, l’éducation, le développement économique et les droits politiques dans son pays, mais aussi transféré son pouvoir à son successeur par les urnes. Le dernier lauréat en date est l’ancien président du Cap-Vert, Pedro de Verona Rodrigues Pires, en 2011. Nelson Mandela a également reçu un prix d’honneur. Si elle est difficile à décerner, cette récompense reste "utile" et participe à débarrasser le continent de ses dictateurs corrompus, puisque de nombreux dirigeants viennent d’un milieu pauvre et sont tentés de s’agripper au pouvoir par crainte de sombrer à nouveau dans la misère après leur mandat . Mo Ibrahim concède qu’il sera difficile de trouver une "excellente" personnalité politique l’année prochaine encore, mais, alors qu’une nouvelle classe dirigeante émerge en ce moment en Afrique,, assure-t-il, l’espoir est permis de voir donc le prix bientôt décerné.