Il fallait l’écouter pour mieux le comprendre. Incompris, critiqué, Patrice Talon a su saisir l’occasion idéale pour exposer les tenants et aboutissants de ses choix de gouvernance. La célébration du 58ème anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance n’est pas passée inaperçue. Contrairement à l’année écoulée où le chef de l’Etat ne s’est pas prêté aux questions des journalistes, cette fois-ci, l’opinion a été servie. Pendant un peu plus de deux heures d’horloge, Patrice Talon a eu tout le loisir de s’exprimer sur les fondements de ses décisions et actions à la tête de l’Etat. Dans un langage clair et direct, le président de la République s’est adressé à ses compatriotes. Tout ou presque tout a été dit. De la politique au programme d’actions du gouvernement en passant par les réformes, rien n’a été occulté par le premier des Béninois qui tenaient à lever l’équivoque sur les sujets qui fâchent.
Martelant que la lutte contre la corruption et l’impunité n’est ni politique, ni sélective, et parce que les infractions à caractère économique sont imprescriptibles, Patrice Talon fait le pari que tous les acteurs politiques, empêtrés dans des faits de malversations n’échapperont pas à l’œuvre de la justice. Mais ça, c’est une question de temps. L’aboutissement des réformes en cours dans plusieurs secteurs clés notamment dans l’éducation et la santé préoccupe particulièrement le chef de l’Etat. Restaurer la crédibilité des hôpitaux publics, offrir aux malades des chances d’être soignés en temps et en heure, bref doter le Bénin d’un système de santé performant sont des vœux exprimés par Patrice Talon. La même ambition est affichée dans le domaine éducatif où l’excellence n’est plus la chose la mieux partagée par les acteurs. Pour atteindre les objectifs escomptés, le locataire du palais de la Marina opère des choix qui font grincer des dents.
La grande attente des Béninois a trait à la réalisation à un taux élevé du Programme d’actions du gouvernement. Là encore, le chef de l’Etat se veut rassurant. L’Exécutif fait le maximum pour asseoir les bases du développement. « Les importantes transformations et réalisations qui s’opèrent progressivement donneront bientôt à notre pays un autre visage… Il est en pleine transformation, et rien ni personne ne sera oubliée… ». En dépit du contexte socio-économique difficile, Patrice Talon invite ses concitoyens à lui faire confiance et à garder espoir. Un appel à davantage de patience et de sérénité a été lancé par le premier des Béninois à l’attention de ses mandants. Le moment de desserrer la ceinture n’est pas encore venu. Il faut encore faire des sacrifices pour baliser le terrain en vue d’un meilleur avenir. Les populations qui commencent à perdre patience devront garder leur calme pour un laps de temps.
« Nous en demandons beaucoup à nos concitoyens. Mais quand on manque de tout et qu’on veut avoir le minimum, il faut se saigner davantage. Les riches n’ont pas besoin de se battre autant que les pauvres pour avoir un mieux-être. Et ce que nous investissons aujourd’hui, nos enfants n’auront plus besoin de l’investir à nouveau ou encore moins à cette même hauteur pour vivre mieux ». Tel est l’engagement renouvelé du chef de l’Etat pour mieux servir l’intérêt général. Dans l’attente des résultats promis, il n’est pas demandé aux populations d’attendre les bras croisés. Au moyen de la veille citoyenne, les Béninois et Béninoises doivent être encore plus exigeants vis-à-vis de leurs gouvernants. L’attentisme n’est pas la bonne option. Tout en donnant carte blanche aux dirigeants, ils devront apprendre à les marquer à la culotte par le biais du contrôle citoyen dans tous les domaines. Elle est belle l’ambition affichée par le chef de l’Etat pour le Bénin. Reste que les Béninois s’organisent pour le suivre de près.
Moïse DOSSOUMOU