Le chef de l’Etat a eu à la veille de la fête de l’indépendance, un entretien avec les chaînes de télévision de la place. Plusieurs sujets ont été évoqués. Mais le volet qui a le plus retenu votre attention, c’est celui de l’éducation et vous avez vos raisons.
Le constat est amer. L’école béninoise est malade. Profondément alitée, soit à cause de l’inaptitude et de la désinvolture des encadreurs, ou faute d’un programme approprié et des interminables grèves. Après des années à marcher à reculons et à fabriquer des cancres, de tous leurs vœux, les bonnes consciences appellent les réformes pour lui redonner un second souffle. Au parfum de ce triste diagnostic, le président Patrice Talon n’a pas d’autre choix que d’agir.
A l’instar de la clairvoyance qui l’a guidée dans la prise de la dernière mesure dans le secteur de la santé, il s’impose qu’il relève, contre vents et marées, le défi de permettre au quartier latin de l’Afrique de redorer son blason. Heureusement, que de cette école, classée à l’avant-dernière place parmi dix pays francophones, le président Patrice Talon n’est pas fier. Tellement choqué, qu’il en a fait cas au cours d’un entretien qu’il a voulu solennel.
D’ailleurs, quand à défaut d’une relève de qualité, l’horizon s’obscurcit et menace l’émergence d’une Nation prospère et intègre, ce serait ne pas mesurer la plénitude d’une responsabilité à la tête de l’Etat que de rester les bras croisés. Alors, qu’il plaise ou pas aux syndicalistes et aux empêcheurs de tourner en rond, l’école doit être exorcisé de ses démons. Et pour ça, s’il y a lieu de se foutre des canards boiteux pour que l’objectif soit atteint, il faut foncer droit devant. Car, tant que c’est pour l’avènement d’un système éducatif qui redonne espoir au peuple, aucun sacrifice ne sera de trop.
Vous n’êtes pas sans savoir que les instituteurs sont réfracteurs à leur évaluation. C’est dire qu’une réforme dans ce secteur n’est pas gagnée d’avance…
Dans un contexte où des instituteurs qui, en principe, devraient réclamer des formations ont jugé bon de boycotter leur évaluation, le chef de l’Etat ne doit pas céder au découragement. Bien au contraire, droit dans ses bottes, il doit rester pour accompagner la recherche de solutions à une école à la croisée des chemins. Alors, le tout ne suffit pas de déplorer l’état décadent de la formation de nos enfants mais, le plus important, c’est d’attaquer, au plus vite, le mal à la racine.
Déjà, le premier axe de réflexion concerne le niveau des instituteurs. Depuis pas mal d’années, personne n’est dupe au point de ne pas savoir que leur recrutement sur la base du Bepc est dépassé. A ce qu’il paraît, même ceux qui y sont avec le Bac ne donnent pas toujours satisfaction. D’où, l’impérieuse évaluation rejetée qui ne peut que revenir en force pour situer tous les acteurs. Le second axe de réflexion, c’est le programme scolaire. Depuis des lustres, on en parle mais jamais, personne ne se décide à corriger le tir. Peut-être qu’avec un Talon déterminé qui n’a pas peur du qu’en dira-t-on, les lignes bougeront. Pareil pour le syndicalisme et ses grèves qui n’en finissent pas de perturber les années scolaires.
On l’aura compris…, l’école béninoise a besoin de réformes. Mais, la balle est dans le camp du gouvernement…
En somme, pour une école marquée du sceau de la Rupture, Talon n’a pas droit à l’erreur. Sur ce chantier, son peuple l’attend. Désormais, et si possible, avant la prochaine rentrée, il urge d’aller aux réformes pour une école de développement. Celle qui donne une bonne base et qui, pour la vie, formate positivement les cadres de demain. Ce qui est sûr, l’école de nos rêves à un prix. Et c’est maintenant ou jamais de le payer.
Angelo DOSSOUMOU