Samedi noir pour le système éducatif béninois. A plus de 70%, l’échec au Bepc 2018 a eu raison de la bonne humeur des parents d’élèves. Si le Littoral s’en sort avec un peu plus de 40%, l’Atacora, l’Alibori et surtout le Borgou ferment la marche avec à peine 20%. Même s’il y a eu pire en 2016 avec 16%, la consternation ne peut qu’être grande. D’ailleurs, perdre une année d’investissement, ce n’est jamais de gaieté du cœur. En plus, la dynamique positive de 50,56% en 2017 vient d’être brisée. Et de plus belle, le système éducatif béninois retombe dans ses travers et nous révèle son vrai visage.
Particulièrement, au cours de cette année-ci, il a souffert des grèves et des perturbations qui en découlent. Finalement, pour des élèves qui ont accumulés des carences depuis leur entrée en sixième, avoir moins de cinq mois de cours au lieu des neuf réguliers, ça ne pardonne pas. Alors, ces résultats catastrophiques, il fallait être d’un optimisme béat pour ne pas s’y attendre. A l’impossible, nul n’est tenu. C’est dire qu’on ne saurait demander le miracle à des élèves envoyés en pâture. Sinon, la réussite aux examens n’est réservée qu’aux élèves moyens et s’ils sont seulement 28% à être admissibles au Bepc, n’allons plus chercher loin. Le ver est dans le fruit. Et s’il en est ainsi, manquer, pendant qu’il est encore temps, de situer les responsabilités, c’est délibérément accepter de faire le lit des échecs massifs à répétition.
Déjà, pointons notre premier doigt accusateur sur le duo Gouvernement-Syndicats. Acteurs essentiels de l’encadrement optimal des apprenants, ils ont été incapables de trouver, à temps, un terrain d’entente pour sauver l’essentiel. C’est donc peut dire qu’entre eux deux, les responsabilités des 70% d’échec enregistré au Bepc 2018 sont partagées. Ce qui est sûr, quelque part, il y a eu du jusqu’au-boutisme, de la mauvaise foi ou de l’incompétence.
Conséquence, au bout d’une année scolaire fracassée, la formation a été au rabais. Dans une course contre la montre, seuls les élèves ayant une intelligence au-dessus de la moyenne et majoritairement ceux formés dans le privé ont pu tirer leur épingle du jeu. Finalement, il va falloir que nos deux précieux acteurs nous fixent définitivement sur ce qu’ils comptent faire pour qu’on n’ait pas, à la longue au Bénin, une éducation à deux vitesses et surtout celle qui n’arrête pas de pâtir de leur guéguerre.
Ensuite, si nous partons du principe que quand les enfants émerveillent en classe et à l’examen, les parents sont fiers de s’attribuer les honneurs de leur mérite, ils devront alors souffrir d’endosser également la paternité de leurs piteux résultats. Bien vrai, qu’avec la longue et préjudiciable grève, c’était facile qu’ils se laissent surprendre. Mais, il est inimaginable que les parents n’aient pas vu le danger venir.
A défaut de se confondre en enseignant de leurs progénitures, ils ont à peine défendu leur intérêt. Pas assez de lobbying et de pression sur le duo Gouvernement-Syndicats. De même, beaucoup de ces candidats ont été laissés à eux-mêmes. En définitive, ce sont les cas de grossesse, d’abandon et d’échec qui ont ravi la vedette au diplôme de fin de cycle. On n’en parlera jamais assez : avec le Bepc 2018, les Béninois redécouvrent les freins à un système éducatif performant. A présent, qu’ils se connaissent, qu’ils fassent amende honorable, jouent convenablement leur partition et qu’enfin, la réussite revienne de plus belle. Le Bénin révélé en a énormément besoin et le plus tôt, sera le mieux.
Angelo DOSSOUMOU