L’option prise par le chef de l’Etat de mettre un terme à l’essence de contrebande sans renvoyer au chômage ses acteurs est déjà saluée par certains de la chaîne de commercialisation illicite des produits pétroliers. Pour eux, la mesure est certes tardive, mais salvatrice à plus d’un titre.
Le président Patrice Talon a profité de son entretien avec la presse, à la veille de la célébration de la fête nationale, pour révéler au grand jour son ambition de voir les acteurs de la commercialisation de l’essence de contrebande se reconvertir. « La vente du carburant au bord des voies est devenue une activité importante au Bénin, car elle concerne des centaines de milliers de Béninois. Aucun gouvernant ne peut décider de tirer un trait sur une telle activité. Ce qui est fondamental, c’est de la réorganiser… Cette réorganisation ne pourra pas être faite du jour au lendemain mais en accompagnant les acteurs qui sont déjà recensés de façon discrète », a indiqué le président de la République au cours de ce débat télévisé largement suivi.
C’est justement cette reconversion qui est déjà applaudie par certains qui y voient une meilleure solution pour les sortir d’affaire. Aurélien Avocègamou, un des responsables d’association de revendeurs dans la ville de Cotonou, trouve que « Le président Talon est en train de réussir là où ses prédécesseurs ont échoué ». « Les autres présidents n’ont pas trouvé la solution au ‘’kpayo’’ parce qu’ils ont voulu envoyer au champ ou au chômage les revendeurs », estime-t-il.
« Le gouvernement est en train de mettre en place un programme de fourniture de mini-stations mobiles de sorte que leur activité n’impacte pas négativement leur environnement et leur santé. Nous allons les faire entrer dans le formel. Après, nous allons formaliser les sources d’approvisionnement. Cela permettra d’agréer leurs fournisseurs afin qu’ils se ravitaillent par voie légale. Nous devons faire les concessions possibles pour que les nouveaux prix ne soient pas loin des prix pratiqués actuellement. En d’autres termes, nous allons combattre la contrebande et non l’activité », a expliqué le chef de l’Etat.
Aurélien Avocègamou trouve en tout cas que le président Patrice Talon vient ainsi de déceler la formuler magique pour casser le puzzle du ‘’kpayo’’.
Symphorien Dantondji qui importe l’essence du Nigeria vers le Bénin par voie lacustre depuis des décennies, partage lui aussi l’option prise par le chef de l’Etat. Pour y avoir fait fortune, ce commerçant qui se disait soucieux de l’avenir de son activité se dit déjà « prêt » pour l’installation du dispositif de redistribution ou même l’implantation des mini-stations. « Il faut faire en sorte que nous puissions tirer un bénéfice consistant », plaide également Symphorien Dantondji. Une chose est sûre, « le sujet est sensible et donne beaucoup de stress », admet le chef de l’Etat lui-même.
Quid des petits vendeurs et autres revendeurs aux abords des voies ? Sont-ils tout aussi favorables à l’option du président de la République ?
Herman Edah qui occupe un petit étalage au quartier Gbégamey à Cotonou est plutôt dubitatif à ce propos. Il dit avoir entendu parler de la mesure du chef de l’Etat sur une radio privée de la place « sans trop y croire ». Saint Thomas sur les bords, il attend de se voir relogé dans une mini-station un de ces jours pour s’assurer de l’effectivité de la mesure annoncée. La seule crainte de ce revendeur, c’est de se retrouver à la rue du jour au lendemain et pour cette raison, il jure de « trouver à chaque fois des astuces pour se ravitailler et vendre l’essence ».