C’était prévisible ! Les résultats des examens de fin d’année scolaire commencent par tomber et ceux de l’examen du Brevet d’études du premier cycle (Bepc 2018) sont simplement catastrophiques avec plus 70% de taux d’échec sur le plan national. 28,63% de taux d’admissibilité en 2018 contre plus de 55% en 2017, le naufrage collectif des apprenants a été bien préparé par le gouvernement, les enseignants de même que les parents délèves étant donné que tout le monde voyait le danger venir après tant de mois de paralysie des activités académiques.
Pendant de longs mois, ils ont joué avec l’avenir des apprenants, entretenant un dialogue de sourd autour des revendications. Alors qu’ils peinaient à s’accorder sur des questions de primes, de prise de décret pour l’application des statuts particuliers, les gouvernants et enseignants béninois se sont peut-être moins préoccupés du sort des apprenants, de leur avenir et surtout des efforts des parents d’élèves pour qui, ces derniers restent et demeurent le seul espoir. Pendant qu’ils claquaient les portes et se retiraient des négociations avec une position tranchée de ne faire aucune concession pour sauver les meubles, les centrales et organisations syndicales ont peut-être ignoré les conséquences de leurs actes sur ces innocents candidats aux examens scolaires, ces cadres de demain. Alors qu’ils évoquaient des textes, des dispositions juridiques pour opérer des défalcations pour fait de grève et envenimer davantage la situation déjà critique, les gouvernants n’ont peut-être pas perçu que le niveau des apprenants était plus qu’en chute libre. L’éducation passait davantage au rabais dans une indifférence totale. Chaque camp, était alors resté camper sur sa position mais les vraies victimes n’étaient autres que ces apprenants qui se privaient de sommeil et devraient se rendre, sous la pluie comme sous le soleil, dans les établissements scolaires pour y recevoir du savoir. Ils y allaient mais n’y trouvaient point d’enseignants pour leur transmettre des connaissances. Tout le monde n’ayant pas la patience d’attendre la fin des grèves, beaucoup d’élèves ont tourné dos à l’école. D’ailleurs, il fallut se trouver un job pour subvenir à ses besoins dans un contexte où la morosité économique ne permet plus aux parents de jouer pleinement leur rôle de géniteurs. Loin des salles de classes alors, beaucoup avait préparé leur examen. Des filles, elles s’en sont sorties avec plein de nouveau-nés, de futurs cadres également n’est-ce pas ! Les grèves avaient fait leur effet. Les enseignants se foutaient de l’avenir de leurs enseignés et le gouvernement inflexible avait laissé perdurer la grève. Et que dire des parents d’élèves qui, pendant quatre mois de grèves, ne sont pas montés au créneau pour exiger des acteurs le droit des apprenants à l’éducation? Maintenant, les résultats sont là. Plus de 70% d’échec au Brevet d’études du premier cycle. Le comble, ce ne sont ni les enseignants ni les gouvernants qui ont coulé des larmes lors de la proclamation des résultats; ce sont bien ces pauvres et innocents apprenants. Ils étaient nombreux, inconsolables, pleurnichant tels de nouveaux orphelins. C’était quand même une année scolaire à perdre. Difficile de s’engager pour un nouveau départ après l’échec. Mais les dés sont pipés. Les primes ont eu raison de leur avenir. D’interminables et infructueuses négociations au bras de fer, on a joué avec le sort des apprenants. Les élèves livrés à eux-mêmes ont passé le clair de leur temps en villégiature. Au finish, qu’ont-ils obtenu comme acquis, ces enseignants ? Rien ! Mais d’autres paient très cher, le prix des grèves.