La cinquième édition des Journées béninoises de l’évaluation (Jbe) a démarré, lundi 6 août dernier à Cotonou. Evaluateurs, décideurs politiques à divers niveaux, acteurs de la décentration et de la reddition des comptes s’y sont donné rendez-vous, pour faire le bilan du chemin parcouru par le pays et surtout revisiter ensemble les nouvelles exigences de l’évaluation et leur application à la gouvernance nationale.
Depuis 2010 où il a tenu la première édition des Journées nationales d’évaluation, le Bénin est entré dans un processus évolutif qui lui a permis de poser de nombreux pas en matière d’évaluation. Huit ans après, et à l’heure de la tenue de la cinquième édition desdites journées, bien de lauriers ont été récoltés et cela réjouit Abdoulaye Gounou, chef du bureau de l’évaluation des politiques publiques et de l’analyse de l’action gouvernementale. L’évaluation est élevée au rang de priorité nationale et le Bénin a adopté pour la période 2012-2021 sa politique nationale d’évaluation. Le Conseil national d’évaluation a été également créé et, dans la pratique, des efforts pour réaliser un nombre considérable d’évaluations, tout comme il a été procédé à l’élaboration d’un guide national.
« Pour faciliter la réalisation des évaluations, le Conseil des ministres a décidé de faire de la théorie du changement un critère d’éligibilité des programmes inscrits au Programme d’investissements publics… Ainsi à partir de 2019, tous les projets et programmes publics disposeront de leurs théories de changements», a aussi expliqué Abdoulaye Gounou, faisant le point du chemin parcouru par le Bénin. Au niveau des collectivités locales par contre, la pratique évaluative est encore à un faible niveau, mais des efforts sont faits pour remonter la pente, assure-t-il. Pour accélérer l’enracinement de la culture évaluative dans toute la sphère publique béninoise, d’importants défis sont à relever.
Au nombre de ceux-ci, il y a : la poursuite de l’institutionnalisation de l’évaluation, l’élaboration d’un projet de loi sur l’évaluation, l’ouverture de l’évaluation aux objectifs de développement durable, la professionnalisation de l’évaluation en vue d’exiger de l’Exécutif et du Législatif, la poursuite des efforts pour l’enracinement de l’évaluation dans toute la sphère publique. Il envisage, dans ce cadre, la poursuite de la coopération avec le milieu universitaire en vue de développer des curricula appropriés en cette matière. Autant de défis qui seront vite résolus avec la mise en œuvre des activités prévues dans le Plan stratégique national d’évaluation.
Gouvernance éthique
Malgré ces défis, le pays est très bien vu de l’extérieur sur le chantier de l’évaluation. Sara Pacque-Margolis, représentante de l’Initiative internationale pour l’évaluation d’impact (3Ie) a salué « le leadership du Bénin sur les questions de l’évaluation» et s’est dite fière de constater qu’il est le premier pays de l’Uemoa à devenir membre de cette initiative. Même sentiment en ce qui concerne les filières de formation ouvertes dans ce cadre et qui sont bien appréciées, selon elle.
L’apologie de l’évaluation ouverte à cette tribune s’étendra également à Siaka Coulibaly, représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) qui estime qu’autant que le suivi et l’audit, l’évaluation constitue un vecteur de changement et un pilier de la gestion axée sur les résultats. Il appelle donc de tous ses vœux l’institutionnalisation de la fonction évaluative pour une meilleure redevabilité surtout dans la perspective de l’agenda 2030.
« L’évaluation pour promouvoir une administration de développement », c’est le thème retenu pour cette cinquième édition des Jbe. Thème sur lequel le professeur Hygin Kakaï de la Faculté du droit et des sciences politiques (Fadesp) de l’Université d’Abomey-Calavi a tenu une conférence inaugurale.
Le ministre d’Etat secrétaire général à la Présidence de la République, Pascal Irénée Koupaki, a plaidé pour une gouvernance éthique et une meilleure utilisation des ressources publiques. Il a insisté sur la théorie du changement et invité les décideurs publics à mettre en priorité l’impact de leurs actions et décisions sur la vie des Béninois. Plutôt optimiste sur ce chantier, il fait foi à la culture de la performance devenue la chose la mieux partagée sous le président Patrice Talon et soutient qu’on « a suffisamment gaspillé les ressources et qu’il est temps de faire les choses autrement ».