Les trois accusés d’hier, mercredi 8 août 2018, sont admis à périr en détention. Le verdict du président de céans a été sans appel à leur égard: la peine de travaux forcés à perpétuité. Qu’on-t-il fait pour mériter ce verdict?
KabaNaimi et Mamadou Kondé de nationalité guinéenne ainsi que Halidou Hamadou Mohamed de nationalité nigérienne ont braqué une agence de transfert d’argent Western Union à Godomey le lundi 28 octobre 2013. Ce jour-là aux environs de 11 heures, Halilou Amadou et le chef de file Souleymane Sawadogo actuellement en cavale se sont transportés chacun sur une motocyclette par Kaba Naïmi et le sieur Abass. Une fois sur les lieux, Abass et Naïmi sont restés en embuscade attendant les deux autres qui sont allés au front. Muni d’un pistolet chacun, Sawadogo et Amadou ont tenu en respect la caissière et ont réussi à vider la caisse. Opération réussie donc mais malheur à eux, ils ont été surpris par la clameur populaire. Une fois sur la moto Amadou a été tiré dans la foulée par la chemise par une dame. Il est tombé, abandonné de ses acolytes. Interpellé et présenté à la presse, l’image d’Amadou a suscité la curiosité de beaucoup de victimes spontanées qui se sont présentées au commissariat pour se plaindre d’actes de braquage exécutés par celui-ci avec pratiquement les mêmes modes opératoires. Lesdits braquages ont eu lieu respectivement le 10 avril, le 26 juin, le 28 août, le 27 et le 30 septembre 2013 à Cotonou au préjudice des sociétés Travels and Tours, Van Technologie, Ammalis Group, laptop shop et schibathel. Les investigations ont permis plus tard d’arrêter Kaba Naïmy alias Ahmed Fofana, Mamoudou Kondé, Alou Dembele et Abdou Hamidou. À la barre hier, deux des trois accusés ont reconnu le crime de Godomey mais ont balayé du revers de main toutes les autres accusations. Halilou quant à lui a en plus du braquage de Godomey avoué avoir opéré dans une autre structure à Akpakpa-Dedokpo. Au cours de leurs explications du modus operandi des actes de braquage, ils ont laissé entendre qu’ils sont en fait des exécutants du maître suprême Souleymane Sawadogo qui les sollicitait de temps en temps pour ses actes de braquage. Ils ont également affirmé que leur apport reste ponctuel et visait généralement à l’aider pour réussir son forfait. L’enquête de moralité ainsi que l’examen médico psychologique ne vont pas à l’avantage des accusés. Mieux, Amadou et Kaba sont attendus une fois encore à la barre ce jour, jeudi 9 août 2018. C’est pour répondre des mêmes infractions dans un autre dossier les concernant. Assez d’éléments qui ont conforté la réquisition de l’avocat général Christian Atayi. Dans son développement, il a soulevé la personnalité fondamentalement criminelle des trois accusés. Il s’agit selon le Ministère public de redoutables malfrats qui sont passés maîtres dans l’art de perturber la quiétude des populations. Les nombreux braquages dans lesquels ils se seraient impliqués ainsi que leur caractère fondamentalement récidiviste conseillent selon lui à préserver la société de leur présence. Il adopte donc le principe du cumul des peines et requiert la peine de travaux forcés à perpétuité. La défense contre attaque. Me Lionel Agbo, Jean-Claude Gbogblénou et Pacôme Kounde ont soulevé des zones d’ombre dans le dossier. Pour Me Lionel Agbo, les supposés victimes ayant vu Amadou à la télévision n’ont pu présenter jusqu’à présent une plainte prouvant un acte de braquage. Mieux affirme-t-il que parmi toutes ces victimes qui se sont plaints, il n’y a qu’une seule qui a eu le courage de se constituer partie civile. Il souligne également que les accusés n’étaient que de malfrats amateurs qui aidaient leur chef le sieur Sawadogo pour pouvoir survivre. Jean-Claude Gbogblénou a, quant à lui, joué sur le quantum de la peine. Il trouve que la perpétuité est assez sévère et a demandé à la Cour de permettre la réinsertion sociale de ces accusés qu’il qualifie d’égares. Leur appel n’a sans doute pas été entendu par la Cour qui a déclaré les trois accusés coupables du crime d’association de malfaiteurs et vol à main armée et condamné à la peine de travaux forcés à perpétuité. Les intérêts civils de la victime qui s’est constituée partie civile, le sieur Marius Hountondji ont été réservés. Celui-ci n’ayant pas pu quantifier avec précision le dommage subi.