Le Bénin a enregistré de catastrophiques résultats lors des examens de fin d’année. L’année 2018 ayant été marquée par plusieurs mois de mouvements de grève, lesdits résultats constituent un parfait prétexte pour la Rupture qui pourrait décider de réduire définitivement au silence les organisations syndicales de l’enseignement.
Le régime de la Rupture tient peut-être le «bon argument» pour faire taire à jamais les organisations syndicales du secteur de l’éducation. La réflexion était en cours et Patrice Talon n’a jamais caché son aversion pour le droit de grève. Les résultats catastrophiques notés cette année aux différents examens scolaires pourraient bien conforter le régime de la Rupture dans ses initiatives liberticides. Au Certificat d’étude primaire (Cep), il a été enregistré un taux de réussite de 64,44% contre 65, 15% en 2017. Le Brevet d’étude du premier cycle (Bepc) a affiché 28,63% cette année contre 50,56% en 2017. Au Baccalauréat (Bac), 33,43% des candidats sont admis en 2018 contre 41, 78% l’année dernière. Sauf le Cep qui a semblé présenter des résultats acceptables, les deux autres examens ont affiché des taux d’échec inquiétants. Même si certains observateurs sont tentés d’évoquer des résultats politiques, il n’en demeure pas moins que l’année scolaire 2017-2018 a connu plus de trois mois de mouvements de grève. Et pendant tout ce temps, les candidats étaient pour la plupart laissés à eux-mêmes. Les cours ont été certainement bâclés et les élèves n’ont pu avoir le niveau requis. Il est évident que les mouvements de grève sont aussi à la base de l’échec massif noté cette année. Le gouvernement a d’ailleurs déjà exprimé ses inquiétudes à travers le ministre des Enseignements secondaire et professionnel, Kakpo Mahougnon. « C’est un sentiment d’insatisfaction qui m’anime par rapport à la qualité de tous les examens de cette année. Nous avons une tendance baissière depuis le Cep jusqu’au baccalauréat en passant par le Bepc », a-t-il déclaré à en croire nos confrères de Nouvelle tribune infos plus. Le ton est donné. Le gouvernement a fait un constat amer qui pourrait l’amener à corser sa position sur le droit de grève au Bénin. Il dispose en tout cas du prétexte parfait pour réaliser un rêve : porter l’estocade à l’organisation syndicale au Bénin. La Rupture est en réalité dans cette logique depuis 2016. Une partie des acteurs de la justice ne peut plus recourir au droit de grève, pourtant reconnu comme un droit fondamental. Les acteurs de la santé ont également été privés de ce droit. Sur le terrain, il ne reste fondamentalement que les acteurs de l’éducation qui continuent de tenir tête au gouvernement. Dans l’opinion, la Rupture pourrait bien justifier sa décision en brandissant les chiffres de honte. Pour elle, seuls les enseignants sont responsables de l’échec des enfants. Elle dispose aussi d’une majorité écrasante au Parlement pour faire passer à nouveau un retrait de droit de grève. Mieux, les nouveaux membres de la Cour constitutionnelle qui ont imprimé une nouvelle dynamique à la Haute juridiction depuis quelques temps, devraient entériner une telle réforme. Au Bénin, les jours du syndicalisme sont peut-être désormais comptés.