Un Bénin digne et grand. Un Bénin qui se révèle à lui-même et au monde. Patrice Talon ne lâche plus ce crédo cher à lui, depuis qu’il est au pouvoir. Et le répète à chacune de ses sorties médiatiques. L’entièreté du Programme d’actions du gouvernement y est consacrée. Mais il y a des faits qui contrastent avec la noble ambition du Chef de l’Etat. Les vacances gouvernementales, parlons-en, sont nécessaires et indispensables pour chaque ministre qui en profite pour se revigorer et reprendre le souffle, après plusieurs mois de dur labeur. En leur offrant chaque année, depuis bientôt trois ans, ce moment de détente, Talon sacrifie à une vieille tradition des grandes nations du monde.
Il reste à savoir si les vacances constituent des moments privilégiés de promotion et de découverte des valeurs touristiques des pays étrangers, pendant que le Bénin est laissé pour compte. C’est là toute la question, lorsqu’on sait que plusieurs ministres de Talon, depuis quelques jours, se sont repliés dans des pays lointains pour leurs vacances. Italie, France, Etats-Unis et autres nations développées les accueillent depuis peu pour des moments de loisirs, de détente et autres escapades. Certains sont partis avec leur famille. D’autres sont allés les rejoindre là-bas. Libre à chacun de choisir sa destination, le gouvernement n’ayant aucun droit de s’en mêler, a priori. Mais dans le fond, cela pose un problème majeur en ceci que la valorisation des sites touristiques nationaux, souffre aussi du manque des visites de prestige de ces élites et gouvernants.
Au lieu d’aller s’éclater dans des stations balnéaires en Italie, de faire du shopping à Paris, de se pavaner dans les rues de Berlin ou de New-York, les ministres vacanciers auraient fait œuvre utile en descendant dans les tréfonds du Bénin dont les richesses touristiques ne sont pas des moindres. Qui ne serait pas heureux de voir un Oswald Homeky, de surcroit ministre de la Culture et du tourisme, s’offrir quelques jours de plaisir avec sa famille ou ses collaborateurs dans les Tata Somba et au Parc Pendjari ? Quel Béninois ne serait pas fier de voir défiler sur plusieurs jours, le ministre du Cadre de vie, José Tonato, sur les belles plages de Grand-Popo? Le Président Talon, un natif de Ouidah, la ville historique, rendrait lui aussi, davantage service à la culture béninoise en allant y ériger ses quartiers, avec quelques pas de promenade sur la route de l’Esclave, dans la forêt sacrée de Kpassè ou encore au temple de Python.
La France, la nation mère a compris
Dans des pays comme la France, qu’on s’acharne à copier à tout-va, des résidences d’été ont été même construites spécialement pour héberger les chefs d’Etat et autres hauts responsables, pendant leurs jours de vacances. La Lanterne est la résidence d’État préférée de François Hollande quand il était au pouvoir. Ce pavillon de chasse, juxtaposé au Château de Versailles, était mis à la disposition du premier ministre, jusqu’à ce que Nicolas Sarkozy, le prédécesseur de Hollande à l’Elysée le réquisitionne, au nez et à la barbe de François Fillon en 2007. S’il n’est pas expressément interdit aux ministres français d’aller en vacances plus loin, la coutume de se rabattre sur les villes natales et sites touristiques de l’intérieur du pays est tellement ancrée dans les habitudes, que chacun en fait un évènement personnel et national à la fois. Pour les vacances récentes en France, plusieurs ministres d’Emmanuel Macron ont choisi la Corse, comme Marlène Schiappa, originaire de l’île de Beauté, mais aussi Benjamin Griveaux ou encore Agnès Buzyn, qui y possède une maison où elle se rendra «avec ses amis et sa famille». La ministre des Armées, Florence Parly a elle, pris «quelques jours de vacances non loin de Paris», à la limite de la grande banlieue parisienne. Muriel Pénicaud, ministre du Travail partagera ses vacances entre la Normandie et le sud de la France. Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert est allé, par exemple, passer ses vacances dans le Cotentin, sa région d’origine. Mais au Bénin, la préférence des ministres comme bien d’autres hautes autorités, est de s’évader plus loin. Loin du Bénin. Loin de ses riches sites touristiques et culturels. Loin de ses paysages naturels et magnifiques. Loin de tout ce qui respire béninois, quant il s’agit de prendre les commandes de leur propre destination pour les loisirs et autres moyens de détente qu’ils adorent.