Le devoir de réserve les confine au silence. Ils n’ont ni le droit d’aller en grève, ni celui d’élever la voix pour porter des revendications. Ils endurent, en silence, des injustices, déceptions et frustrations…Ils sont démoralisés. Il s’agit des hommes et femmes de l’ex gendarmerie dont le moral est depuis quelques mois en berne à la Police Républicaine. Selon nos investigations, la motivation au travail n’est plus au rendez-vous, laissant place à des chuchotements. La situation est plus alarmante qu’on ne saurait l’exposer à quiconque. Aucune voix n’est encore en mesure de porter la situation à qui de droit.
A l’origine
La raison qui explique cet état de chose est le non-respect des dispositions transitoires de leurs textes. « Une légèreté » qui laisse croire que les responsables de la Police Républicaine foulent au pied les performances de ce corps militaire qui a fait ses preuves. Alors que l’Article 169 du Chapitre premier des textes stipule ce qui suit : « Les membres du personnel de la gendarmerie nationale et de la police nationale ainsi reversés sont reclassés dans les grades et échelons des différents corps de la police républicaine en tenant compte de leur date d’incorporation dans la gendarmerie ou dans la police, la date d’entrée dans leur ancien corps et des diplômes professionnels détenus avant le reversement ». C’est le contraire qui s’observe au sein de la Police Républicaine béninoise. Une mesure qui selon eux, frise à de l’injustice contre des agents plus formés techniquement comme intellectuellement que leurs collègues de l’autre catégorie. La police est aujourd’hui mieux lotie dans ce nouveau corps que la gendarmerie. Les moins gradés de la police sont aujourd’hui « plus gradés » que les gradés de la gendarmerie. Sinon, sur quelle base les gendarmes de 3ème classe ont été reclassés Agent de police de 2ème classe avec 2 V Bleus ?. En huit (08) ans de service, certains Inspecteurs de police sont devenus Lieutenants et d’autres, Majors. Alors que la commission de toilettage des textes n’a pas fini ses travaux, il a été imposé aux forces de la gendarmerie le port des galons n’équivalant pas à leur niveau. Bref, les acquis des gendarmes tels que les diplômes professionnels ne sont pas pris en compte. « On ne réclame pas beaucoup de choses: qu’on nous reconnaisse nos diplômes » précise un agent de l’ex-gendarmerie.
La police pour commander la gendarmerie ?
L’ex-police est en train de monter en puissance. Elle veut commander l’ex-gendarmerie après la fusion. C’est la déduction qu’on pourrait faire de la situation. Elle laisse croire que les policiers ont reçu une meilleure formation que les gendarmes. Les gendarmes souhaitent être traités au même pied d’égalité que la police sinon, mieux. A leurs yeux, les éléments de l’ex police sont promus pour occuper les postes de responsabilité à la Police Républicaine. Face à cette situation, l’ex gendarmerie exige un meilleur traitement dans le reclassement. C’est pourquoi, elle interpelle le Chef de l’Etat Patrice Talon qui selon elle, ne serait pas informé de la situation, pour que justice soit rendue.