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Charte des partis politiques, Code électoral : Le contraste avec l’engagement de départ

Publié le vendredi 17 aout 2018  |  Matin libre
Patrice
© aCotonou.com par DR
Patrice Talon, président du Bénin et Adrien Houngbedji, président de l`Assemblée Nationale du Bénin
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Certains points des réformes politiques entreprises sous la Rupture vont à l’encontre des engagements pris par le Chef de l’Etat. L’exécution desdites réformes pourrait remettre en cause la parole de Patrice Talon.

Le poids de l’argent en politique devrait diminuer sous la Rupture. Le Chef de l’Etat en a fait du moins la promesse le 06 avril 2016 lors de son investiture. « Il n’est pas (…) sans intérêt de s’inquiéter du rôle de l’argent dans la compétition politique et le vote des électeurs. Il nous faut de toute urgence prendre la mesure du péril collectif, auquel nous sommes exposés. (…) Ici et maintenant, j’appelle à notre conscience citoyenne et davantage de civisme pour faire cesser le règne de l’argent en politique», avait publiquement martelé Patrice Talon. Mais les réformes engagées par la Rupture au Parlement pourraient amener le Chef de l’Etat à ne plus travailler conformément à la volonté exprimée. Selon les nouvelles propositions contenues dans ce qui pourrait servir prochainement de code électoral au Bénin, le cautionnement prévu pour les candidats à la présidentielle devrait être désormais de 250 millions F Cfa contre 15 millions F Cfa actuellement. Chaque liste de candidatures devrait payer pour les législatives désormais 200 millions F Cfa au lieu de 8, 3 millions F Cfa pratiqués jusque-là. Par ailleurs, il se susurre que le financement alloué par l’Etat aux formations politiques sera réévalué. Certains évoquent des sommes avoisinant le milliard. Et ce sont les députés du Bloc de la majorité parlementaire (Bmp) qui ont introduit certaines de ces réformes à l’Assemblée nationale. C’est dire que l’argent dont la force est décriée, continuera de régner sur la scène politique nationale. Et pourtant, quoique discutable, l'intention d'opérer une telle réforme n'est pas mauvaise. En proposant des financements conséquents, l'on veut, théoriquement, relever le niveau de la compétition politique, former davantage les membres des partis politiques, instaurer un contrôle rigoureux des comptabilités des formations politiques et réduire les effets des financements occultes. Mais à y voir de près, l’environnement politique national actuel n’augure rien de bon. On peut craindre une application biaisée des nouveaux textes. Beaucoup craignent que ce soient les formations politiques soutenant les actions du gouvernement qui bénéficient de ces financements et que la Cour suprême accorde à celles-ci très souvent sa bienveillance. Ce qui devrait fausser tout le jeu politique. Les réformes critiquées pourraient donner les effets contraires des promesses faites par le Chef de l’Etat en début de mandat. Inquiété d’ailleurs par lesdites propositions, le Premier Secrétaire du parti communiste du Bénin, Philippe Noudjènoumè a montré mardi dernier lors d’un point de presse que désormais, « pour exister en tant que parti, les membres et initiateurs doivent être riches et couvrir à la naissance tout le territoire national» et « pour se faire élire chef d’Etat, il faut provenir des classes hautes de la société, la haute bourgeoisie politique ou d’affaires mafieuses». Pour ce Professeur de droit, « la conséquence directe (des réformes politiques entreprises, Ndlr), c’est l’exclusion des pauvres, des jeunes et des femmes et leur empêchement à participer à part entière aux affaires d’Etat. Il finit en soutenant que le Code électoral et la Charte des partis politiques « instaurent une démocratie censitaire ; où le suffrage ou droit d’élire et d’être élu n’est réservé qu’à une catégorie de citoyens disposant d’un niveau donné de richesse ; une démocratie où les candidatures fantaisistes c'est-à-dire des pauvres sont exclues». D’autres forces de l’opposition ont aussi dénoncé les mêmes propositions. Seulement, tout semble montrer que toutes les réformes critiquées seront adoptées et validées par la nouvelle Cour constitutionnelle. Il y a lieu de craindre les conséquences dangereuses des réformes initiées par les députés, alliés du Chef de l’Etat.

Mike MAHOUNA

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