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Art et Culture

Ronne da Silva Costa, dignitaire de culte endogène au Brésil: « Nous devons extirper les brebis galeuses qui souillent le vodoun »

Publié le lundi 20 aout 2018  |  La Nation
Ronne
© aCotonou.com par DR
Ronne da Silva Costa, dignitaire de culte endogène au Brésil
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Ronne da Silva Costa, descendant d’esclave et dignitaire de culte endogène au Brésil, est adepte du vodoun Dan. De passage au Bénin, la semaine dernière dans le cadre de la présentation de la Charte pour la pratique des cultes endogènes au Bénin et du Code de déontologie des praticiens des cultes endogènes au Bénin, il a invité les dignitaires des pratiques endogènes à œuvrer à assainir leur milieu, pour mieux valoriser l’héritage des ancêtres.

La Nation : Qu’est-ce qui motive votre passage au Bénin ?

Ronne da Silva Costa : Les raisons de ma visite ici au Bénin sont spirituelles. Je suis initié au Vodoun au Brésil et depuis un certain temps, j’ai remarqué que le culte Vodoun tel qu’il est pratiqué au Brésil diffère de comment les Béninois le font. Pour changer un peu la donne, j’ai décidé de revenir à la source. Je suis Béninois d’origine, parce que fils d’esclaves béninois. Mes grands-parents sont des esclaves partis du Bénin. J’ai l’intention de renouer le contact avec mon origine, ma base, pour divulguer le culte vodoun au Brésil tel qu’il est pratiqué au Bénin.
La pratique du vodoun au Brésil est-elle dévoyée pour que vous décidiez de venir vous ressourcer au pays de vos aïeux ?

Le culte vodoun se pratique d’une manière figée au Brésil, c’est statique depuis la période des ancêtres qui nous ont légué cet héritage. C’est la même pratique depuis ce temps, ça n’ai pas connu d’évolution ni d’amélioration. Alors qu’ici au Bénin, le culte évolue, le monde de Vodoun évolue. Il y a de changement, plusieurs facteurs se sont ajoutés en réalité au culte vodoun ici au Bénin. Du coup, je pense qu’il n’est plus possible que les choses continuent ainsi au Brésil avec les mêmes pratiques. C’est pourquoi, je suis ici pour pouvoir apporter cette évolution afin que le Brésil se rapproche un peu du Bénin en matière de pratique du culte endogène. Les Brésiliens ont perdu assez de choses au fil du temps. C’est le moment de nous rattraper.

Le Conseil national des cultes endogènes du Bénin
(Conaceb) a présenté la Charte pour la pratique des cultes endogènes au Bénin et le Code de déontologie des praticiens des cultes endogènes au Bénin. Qu’est-ce qui justifie votre soutien à cette initiative aux côtés des dignitaires de cultes endogènes ?

Je suis très satisfait de ce que j’ai vu ici au Bénin. En réalité, l’un des objectifs de l’Organisation culturelle Danxomè que j’ai créée au Brésil est d’unir les peuples, tout le monde autour des valeurs que la nature humaine pourrait partager. Mon message est particulier à l’endroit des pratiquants. Je demande aux dignitaires du culte traditionnel vodoun de parler d’une même voix afin de porter loin ce culte et de travailler à extirper de leur milieu les brebis galeuses qui cherchent à souiller la religion endogène.

Comme vous le savez, au Bénin il y a une variété de cultes endogènes. Est-ce le cas au Brésil ?

Si ! Il y a une variété de cultes aussi au Brésil. Ce qui se
retrouve là-bas, c’est ce que nos ancêtres ont emporté d’ici. Tout ce que vous avez ici existe là-bas. Il y a par exemple le Sakpata, vodoun Dan, Lègba, Ogou, Hêviosso... C’est pratiquement la même diversité sauf qu’aujourd’hui, il est possible de remarquer que d’autres divinités se sont ajoutées et que nous n’avons pas là-bas. Et il y a d’autres qui existent là-bas qui sont venus d’ailleurs que les gens adorent également.

Vous envisagez un partenariat entre le Bénin et le Brésil pour la promotion des cultes endogènes. De quoi retourne cette initiative ?

Les priorités majeures de ce partenariat, c’est de s’unir aux têtes couronnées, aux prêtres et prêtresses vodoun, aux dignitaires et à tout ceux qui se retrouvent dans le panthéon vodoun du Bénin, et de créer un partenariat afin que du Brésil les gens puissent venir visiter les temples. Dans ce projet, il y a le tourisme religieux. Il y a déjà une équipe de dix personnes prête à venir au Bénin pour visiter et voir comment le vodoun est vénéré. Ce sont là les priorités du projet. C’est aussi de créer un partenariat avec les prêtres vodoun engagés qui seront disponibles à apporter l’information à ceux qui se retrouvent de l’autre côté et qui sont dans le besoin.

Comment sera conduit ce projet de tourisme religieux dont vous parliez tantôt ?

Cela fait partie des activités de notre organisation dénommée Organisation culturelle Danxomè. Je fais un travail sur Internet donc les réseaux sociaux. J’ai établi un circuit touristique et l’objectif de notre venue actuellement au Bénin est de tisser des liens avec les personnes ressources que nous avons rencontrées et amener par la suite les vodounon brésiliens, les vodounsi brésiliens à venir visiter et recevoir des enseignements dans les temples qu’ils auront à visiter. Nous avons déjà une équipe et d’autres vont s’ajouter. Nous allons divulguer ce que nous avons appris ici au Bénin afin de montrer la véracité de cette culture.

Propos recueillis par Alexis M. METON


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