Crue au Nord, danger à l’horizon. Dans le bassin septentrional, les cours d’eau en crue déversent leur surplus et déjà, les premières victimes et les dégâts se comptent. Récemment, Kandi a chaudement pleuré ses morts, ses plantations emportées et son pont coupé en deux. En furie, dans leur descente vers le sud, les eaux ont eu raison, il y a à peine 48h, de la tranquillité des populations de Gamia dans la commune de Bembèrèkè. Là aussi, les victimes des fortes pluies et des inondations qui s’ensuivent, se comptent par dizaines. Seule bonne nouvelle, il n’y a pas eu de morts. Mais, la plus mauvaise, c’est qu’à Malanville et Karimana, il y a alerte orange qui vire progressivement au rouge.
Au sud, le funeste rendez-vous, c’est pour bientôt. Plus précisément, en Octobre où les eaux du Mono sortiront de leur lit. Du nord, les eaux dévaleront. Avec la fonte des glaciers en Europe, l’océan Atlantique est également bien parti pour battre le record de son débordement. Et quand, au même moment, tout ceci adviendra, bonjour les dégâts. D’ailleurs, ces phénomènes naturels sont cycliques. Chaque année, les spécialistes en parlent, préviennent et conseillent. Cette fois-ci, j’imagine ce qui peut arriver à ceux qui se trouveront sur le chemin des eaux et qui feront la sourde oreille. Alors, avertissement lancé, que ceux qui sont concernés fassent gaffe et que ceux qui ont des dispositions à prendre, le prennent à temps !
Déjà, cette situation de péril aura, dans certaines localités du Bénin, une répercussion négative sur la rentrée scolaire. Inondées ou parfois détruites, il serait impossible que les salles de classe accueillent au moment opportun les apprenants. D’où, avec la forte pluviométrie et la crue, les craintes autour d’une perturbation des activités scolaires ne sont que légitimes. De toute façon, avec ces phénomènes climatiques, la mobilité est généralement réduite. De même, les activités champêtres et commerciales tournent au ralenti et donc, à Kandi, Bembèrèkè et les autres villes en attente sur la liste noire, à défaut de prévenir, il faut gérer la détresse.
Pourtant, il ne devrait pas être ainsi. Il est même rébarbatif de répéter à chaque fois, que l’eau, c’est la vie. Et, les dispositions à prendre pour qu’elle ne nuise pas sont connues de tous. Pour une énième fois, la solution qui vaille la peine, c’est des barrages fonctionnels et en bonne et due forme sur le parcours de l’eau. Sinon, bizarrement, dans le bassin du nord, il y aurait 400 retenues d’eau. Malheureusement, la plupart sont ensablées. Conséquence, du Nord au Sud, l’eau circule sans frein, et comme un bulldozer, détruit tout sur son passage. Ailleurs, si abondante chaque année, elle aurait été une bénédiction pour les populations et les entreprises agropastorales.
Mais au Bénin, faudrait-il déjà apprendre à entretenir les infrastructures publiques existantes et à construire pour l’avenir. Et quand le péril ‘‘crue’’ n’a jamais été un inconnu ou un invité inattendu, ce n’est plus une erreur d’attendre qu’il frappe avant de réagir mais un grave péché. Bref, en attendant l’assainissement des barrages non fonctionnels et l’érection d’autres, dignes du nom, dame nature est insatiable, et les drames s’accumulent. Tout le monde le sait, la crue non maîtrisée, c’est un piège sans fin. Alors, agissons !
Angelo DOSSOUMOU