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En vérité : Dangnivo, l’ultime procès ?

Publié le mercredi 22 aout 2018  |  Fraternité
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© Autre presse par DR
Le palais de justice Béninois
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Huit années déjà qu’il est porté disparu. Huit années au cours desquelles la polémique n’a cessé d’enfler. Huit années que sa famille la plus proche attend vainement son retour. Urbain Pierre Dangnivo, cadre en service au ministère des finances au moment des faits, est devenu sans le vouloir, un personnage célèbre. Très peu de Béninois l’ont connu. Mais depuis qu’il fait parler de lui, l’immense majorité de ses compatriotes peuvent mettre un visage sur son nom, devenu si familier par la force des choses. Au-delà de nos frontières, dans certains cercles, l’évocation de son identité laisse songeur. Ce mois d’août 2010 où sa disparition a commencé par faire l’objet d’un débat public et controversé restera mémorable. La Fédération des syndicats des travailleurs du ministère des finances (Fesyntra-finances), dirigée en ce temps-là par un certain Laurent Métognon, a lancé l’alerte et s’est mobilisée pendant de longs mois pour la cause de ce travailleur.
De fil en aiguille, ce qui s’apparentait au début à une simple affaire d’absence au poste s’est transformé en un long feuilleton politico-judiciaire avec des rebondissements à couper le souffle. Accusé d’être l’instigateur de cette disparition avec l’entrée en scène de l’opposition d’alors, représentée par l’Union fait la nation, le régime de Boni Yayi a soufflé le chaud et le froid. La tension était tellement vive qu’il suffisait d’un rien pour que tout bascule dans le pays. Sous la pression syndicale et politique, le gouvernement a fini par s’intéresser de près à ce dossier. Un mois plus tard, en septembre 2010, une découverte macabre au domicile du sieur Codjo Alofa, présenté comme un féticheur, relance l’affaire. Au dire de Boni Yayi, le macchabée de Womey fut identifié comme étant les restes du corps de Pierre Urbain Dangnivo. Faux ! Répondent en chœur la Fesyntra-finances et la famille du disparu.
Dans la foulée, le sieur Codjo Alofa fut déposé à la prison civile de Cotonou. Il sera transféré plus tard à la prison civile de Missérété, considérée comme étant la plus sécurisée du pays. Puis, patatras ! Le 4 février 2015, l’évasion-surprise de ce prisonnier est venue en rajouter au mystère. Il n’a, heureusement, pas couru longtemps. 40 jours ont suffi pour qu’il revienne manu militari sur ses pas. Retrouvé entre-temps à Lomé, il fut extradé sur Cotonou. En novembre 2015, s’ouvrit enfin le procès tant attendu avec un certain Joseph Djogbénou comme avocat de la partie civile. Interrogé à la barre, le principal accusé est revenu sur ses précédents aveux qu’il a rejetés en bloc avant de faire des révélations hallucinantes. Cet homme n’a pas hésité à affirmer qu’il ne connaissait le disparu ni d’Adam, ni d’Eve, et qu’il n’a accepté de jouer ce funeste rôle que contre des promesses mirobolantes. Pis, son évasion n’en était pas une, puisqu’il a été conduit une nuit de la prison jusqu’à la frontière de Hillacondji et relâché dans la nature.
En novembre 2015, ce procès se tenait à quelques mois de la présidentielle de mars 2016. L’emballement et l’excitation de l’opinion n’en étaient que plus grands. Le préalable soulevé par la défense exigeant que le corps exhumé à Womey soit formellement identifié de manière scientifique aboutit à la suspension de ce procès. A présent, nous y revoilà. Après trois ans de silence, l’affaire refait surface. Le 32ème et dernier dossier inscrit au rôle de la session supplémentaire de la Cour d’assises de Cotonou est en débat. Pendant 4 jours, la justice tentera de démêler les fils de l’écheveau. Dans le box des accusés, Codjo Alofa et Donatien Amoussou, tous deux poursuivis pour assassinat et complicité d’assassinat. L’idéal est que la lumière se fasse enfin sur ce mystère qui s’épaissit. L’épouse, les enfants, la famille et les proches du disparu ne demandent que ça. A défaut, que la vérité judiciaire soit dite.
Moïse DOSSOUMOU
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