Plusieurs centaines d'afro-descendants sont descendus ce jeudi à la "Porte du Non Retour" de la ville historique béninoise de Ouidah, une terre de mémoire douloureuse, pour rendre hommage à leurs aïeux capturés, déportés et mis en esclavage, à l'occasion de la célébration de la journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition.
Ces afro-descendants sont venus de la Martinique, du Guadeloupe, de la Réunion, des Antilles et de la ville, de la France métropolitaine, des Etats-Unis et d'ailleurs.
Très tôt ce jeudi matin, plusieurs délégations de ces afro-descendants, accompagnés de certains dignitaires de la ville de Ouidah, ont parcouru avec regrets et tristesses les différentes stations de la Route des Esclaves, pleins d'histoire de la traite des esclaves, jusqu'à la "Porte du Non Retour", plantée au bord de l'océan Atlantique et pavoisée pour la circonstance de plusieurs banderoles véhiculant des messages sur l'importance de la tragédie négrière.
Sur ces banderoles, on pouvait y lire : "Briser le silence sur la traite négrière et de l'esclavage dans les différentes régions du monde" ; "Ignorer ou occulter des évènements historiques majeurs peut constituer en soi un obstacle à la paix et à la réconciliation nationale" ; "Enseigner aux jeunes cette histoire et les faire réfléchir sur les conditions pour une meilleure vivre ensemble".
A ce lieu très symbolique et plein d'histoire de la traite négrière, les délégations des afro-descendants, ont été accueillis avec ferveur par le chef suprême des cultes traditionnels du Bénin, Daagbo Hounon Tomadjè Houkpon II.
"Nous sommes ici à cette place historique de la Porte du Non Retour de cette cité de Ouidah pour commémorer nos ancêtres, et souvenons-nous d'eux. Nul n'est censé honorer nos ancêtres que nous-mêmes", a scandé Marie Ange Thébaud, afro-descendante venue de la Réunion.
Cette cité de Ouidah est une côte qui a vu déportés des milliers de filles et fils d'Afrique, partis pour des destinations lointaines, a souligné la maire de la ville, Célestine Adjadohoun.
"Aujourd'hui, nous avons une pensée pour ces femmes et ces hommes, car c'est la seule manière de transmettre l'histoire et surtout d'assumer collectivement et pleinement ce passé douloureux dont le souvenir devra nous éviter de verser encore dans les mêmes travers", a-t-elle indiqué.
La commémoration de cette journée du souvenir de la traite négrière et de son abolition, sera poursuivi jusqu'au dimanche par des réjouissances populaires, ponctuées par des expositions et découvertes sur les richesses culturelles et artistiques du Bénin.
La journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition a été instituée en 1998 par l'UNESCO, en référence symbolique à la date à laquelle éclata, en 1791, la révolte des esclaves de saint Domingue (actuel Haiti et République dominicaine) au Bois Caïman.