(Les anciens présidents Idji, Amoussou, Nago aussi saisis)
La session extraordinaire de l’Assemblée nationale qui démarre ce jour lundi 27 août 2018, va se pencher sur plusieurs sujets dont le Code électoral adopté déjà en Commission. Un Code électoral proposé par les députés du Bloc de la majorité au pouvoir (Bmp), et qui fait couler beaucoup d’encres et de salives. En prélude aux débats en plénière, des indiscrétions font état de ce que Me Adrien Houngbédji, président de l’Assemblée nationale, a reçu une lettre personnelle de son ancien collaborateur, Fréderic Joel Aïvo, Agrégé des Facultés de Droit, professeur de Droit public à l’Université d’Abomey-Calavi et président de l’Association béninoise de Droit constitutionnelle (Abdc). Les anciens présidents de l’institution parlementaire, à savoir Bruno Amoussou, Antoine Kolawolé Idji et Coffi Mathurin Nago ont reçu également la même lettre.
Globalement, trois points focalisent l’attention dans la lettre. Il s’agit des questions du quitus fiscal, de la caution de 250 millions et 200 millions de FCfa à payer respectivement pour la présidentielle et les législatives, puis le traitement fait aux anciens président de la République. Le professeur Aïvo aurait beaucoup plus attiré l’attention de Me Adrien Houngbédji sur les acquis démocratiques du Bénin notamment le consensus obtenu à la Conférence nationale de 1990. Si l’Assemblée nationale notamment les députés du Bmp en arrivaient à voter ce Code en l’état, ce consensus serait vidé de son contenu. Le Bénin sera ainsi exposé à des turbulences avec risque de déclassement de sa démocratie chèrement acquise. Et, dans ses craintes, le citoyen Aïvo qui s’y connaît en crises nées d’élections, alerte sur ce que ce Code voté en l’état va ouvrir un cycle de règlement de compte, de vengeance et d’insécurité politique. Du coup, c’est l’image de marque du Bénin, label démocratique, qui prendrait un coup à l’étranger. Si le professeur semble approuver le diagnostic posé globalement et qui a entraîné ce Code, la thérapie appliquée en retour n’est pas la bonne. A cette allure, l’argent risque d’être le maître suprême de tout : les idées, la jeunesse, la morale, le patriotisme. Le règne de l’argent, Joel Aïvo n’aime pas ça et il l’aurait partagé avec Me Adrien Houngbédji et les autres anciens présidents de l’institution. Pour finir, on précise que le président de l’Abdc a rappelé à Me Houngbédji de ne pas perdre de vue les circonstances dans lesquelles il a été élu à la tête du Parlement en 2015. Aussi, invite-t-il les quatre anciens du Parlement à ne pas céder face à l’idée que certains de leurs collègues véhicule soit disant que la Constitution béninoise de 1990 est vétuste. Les regards sont désormais tournés vers la plénière de l’Assemblée nationale pour voir quelle suite sera donnée à cette lettre du professeur de Droit public.