Le chef de l'Etat a rencontré ce 7 octobre, les membres du COS-Lépi, les membres du bureau de l'Assemblée nationale, les présidents des institutions de la République et plusieurs autres personnalités impliquées dans le processus de la correction de la Lépi. Au cours de cette séance, les spécialistes de confection de liste électorale et les membres du Cos-Lépi ont tenté vainement de convaincre Boni Yayi que les communales ne sauraient avoir lieu avant septembre 2014, vu la complexité du travail à abattre dans le cadre de l'actualisation définitivement la Liste électorale. Mais le président de la République est resté campé sur sa position insistant sur la tenue des élections avant fin 2013. Il revient donc à se demander ce qui a pu réveiller aussi brusquement le chef de l'Etat de son long sommeil et ce qui peut bien expliquer cette course tardive contre la montre ?
Alors que la fin du mandat des maires en fonction était imminente, les députés ont voté la loi N° 2013- 17 portant dispositions transitoires dérogatoires à l'article 86 de la loi N° 2007-28 du 23 novembre 2007. Cette réforme opérée le 22 avril 2013 visait à éviter le vide juridique que causait le report des communales en attendant la correction de la Lépi. Mais il se fait qu'à nos jours, la correction de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi)) et l'organisation des élections communales, municipales et locales demeurent dans l'impasse. Ainsi, dans l'ultime objectif de trouver des solutions au retard que connait la correction de la Lepi, le président Boni Yayi a convoqué ce lundi 14 octobre 2013 à la salle du peuple au Palais de la Marina, une importante séance de travail. Il s'agissait d'une séance d'échanges qui a regroupé les présidents des institutions de la République, le bureau de l'Assemblée nationale et les acteurs impliqués dans le processus de la correction de la Lépi.
Il était question de faire le point sur l'évolution des travaux pour la correction de la Liste électorale. Au terme des échanges, il se dégage clairement que le Bénin n'est pas prêt pour aller aux élections avant fin 2013 avec une liste électorale actualisée. Un constat qui curieusement n'a pas émoussé l'ardeur du chef de l'Etat qui dit être résolument engagé pour l'organisation des élections communales et locales avant 2014. Les nombreux arguments avancés par les acteurs de la correction de la Lépi ont été simplement rejetés par le président Boni Yayi.
Réveil tardif
Dans sa déclaration face à ses invités du lundi dernier, le chef de l'Etat a laissé entendre que lors du dernier sommet des Nation Unies, le Secrétaire général de l'ONU l'aurait interpelé sur le retard que connait le Bénin sans l'organisation des élections depuis l'avènement de son régime. Un dysfonctionnement qui affaiblit, selon lui, la démocratie béninoise qui est une référence en Afrique. C'est certainement en réponse à l'engagement pris devant l'Onu, que Boni Yayi veut à tout prix de l'organisation de ces élections en 2013. Mais les experts demandent le report de ces élections pour 2014, ce qui est d'ailleurs mentionné dans le relevé du dernier conseil des ministres. La vraie question qui mérite d'être posée est donc de savoir ce qui fait courir autant Boni Yayi qui semble engager un passage forcé, et à quel prix ? Quand on sait que ce raté n'est pas une première sous le régime Yayi, ne doit-on pas se demander à qui profite la confusion ?
Vers une correction bâclée
Pour une correction véritable de la Lépi, les acteurs proposent six étapes, à savoir : l'établissement du cadre juridique, la mise en place des organes de pilotage du processus devant conduire à une Lépi actualisée, l'audit participatif, de l'enregistrement complémentaire, l'exploitation des données au Centre national de traitement (Cnt), la consolidation des données et enfin la production des documents électoraux. Même si les membres du Cos/Lépi peuvent se réjouir de franchir certaines étapes, il n'en demeure pas moins, que le bout du tunnel est encore loin. Mieux, pour rendre disponible cette liste actualisée, le Cos/Lépi réclame environ treize milliards de nos francs. Une ressource dont il ne dispose pas encore et des indiscrétions laissent entendre que le gouvernement entrevoit réduire ce montant à huit milliards. Outre le défaut de financement, le temps dont les acteurs devront disposer pour faire un travail de qualité est un facteur déterminant. A moins d'un miracle, aucune condition n'est donc réunie pour la réalisation du rêve du chef de l'Etat. Autrement, les élections annoncées par Boni Yayi ne seraient que sources de nouvelles tensions postélectorales.
Cosme Keke
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