Ultimatum ! Au Bénin, le mot fait actuellement des vagues. Menaçantes, pour ceux qui aiment défier les lois de la République, elles se dressent très haut, pour une course-poursuite. Si les motocyclistes qui ne sont pas en règle ont eu un temps de répit, les praticiens de la santé confusionnistes ont encore quelques heures pour goûter aux délices du bistouri ‘‘Ultimatum’’. A l’image de leur peuple, le personnel politique se retrouve aussi dans la gadoue et se fait tirer les oreilles. En effet, de guerre lasse, l’Anlc tape du poing sur la table et rappelle à l’ordre les personnalités têtues qui résistent à faire la déclaration de leur patrimoine. Là aussi, ultimatum pour le 17 septembre prochain.
Sans besoin de grandes explications, on l’aura compris. Conformément à la loi N°2011-20 du 12 Octobre 2011 portant lutte contre la corruption et les infractions connexes en République du Bénin, de hauts fonctionnaires ont délibérément choisi de ramer à contre-courant. Curieusement, la plupart des réfractaires au respect de la loi sont chaudement logés au Palais des gouverneurs. Sinon, selon le point fait au 28 juin 2018, le président de la République et tous les membres du gouvernement l’ont fait. Le bon exemple a été suivi par tous les membres de la Cour constitutionnelle, de la Cour suprême, de la Haute cour de justice, de la Cena, de la Haac et par les préfets. Heureusement que l’Anlc est aux aguets et fait savoir à qui veut l’entendre que 24 députés et quatre conseillers du CES sont à blâmer.
Dans un contexte où des citoyens, pour défaut d’immatriculation de leurs motos, ont été surpris par les rafles de la Police, apprendre que les députés ne sont en fait que ceux qui aiment le plus se soustraire à la loi, donne à réfléchir. A ce rythme, si les peines prévues par les textes, notamment une retenue de 6 mois de salaires ne sont pas appliquées, on finira par faire du législateur un citoyen à part. Déjà, ils dorment sur un matelas douillet d’immunité et si, en plus, ils ne respectent pas les lois qu’eux-mêmes votent, automatiquement, ils doivent en subir les conséquences.
En principe, l’Anlc devrait se passer de cet ultime ultimatum et créer l’incident. Normalement, ce n’est pas à elle de rappeler aux hauts fonctionnaires que les lois sont faites pour être respectées. Aussitôt les délais prescrits dépassés, la Chambre des comptes de la Cour suprême devrait faire le point et mettre le mécanisme de répression en branle. Ce n’est qu’à ce prix qu’on réussira à construire une République d’hommes intègres. Car, pour ceux qui l’oublient souvent, le Béninois préfère le bâton à la carotte et en continuant à le caresser dans le sens du poil, il ne changera jamais.
Maintenant, passé le délai du 17 Septembre 2018, j’espère que l’Anlc n’aura pas l’occasion de saisir le président de la Cour suprême aux fins d’exiger que des personnalités soient punies. Tellement magnanime, elle a même fait l’amabilité aux députés et conseillers concernés, de leur rappeler leur devoir. Prochainement, qu’elle ne tombe pas si bas.
D’ailleurs, n’est-ce pas que tous ces paramètres conditionnent l’aide des Partenaires techniques et financiers ? Alors, que l’Anlc agisse contre ceux qui grugent le peuple et qu’elle cesse de grommeler. Le chien qui aboie trop ne mord pas et laisse passer une caravane qui refuse de remplir les formalités. Pourtant, devant la loi, nous sommes tous égaux, et qu’il plaise aux hauts fonctionnaires rebelles ou pas, nous devons l’être !
Angelo DOSSOUMOU