Les Organisations de la société civile engagées pour la protection de l’environnement se préoccupent des revers de l’utilisation massive et abusive des fertilisants et pesticides de synthèse sur la santé et l’environnement. Regroupés au sein du Collectif Stop Pesticides au Bénin, responsables d’Ong, chercheurs et agriculteurs sont montés hier au créneau pour dénoncer la dépendance de l’agriculture béninoise vis-à-vis de ces produits toxiques. « Les pesticides et engrais chimiques de synthèse mettent en péril certains droits humains et exposent certains groupes sociaux à un risque élevé de violation de leurs droits. Au Bénin, la situation est tout aussi alarmante. Il n’existe pas aujourd’hui un village ou une ville qui échappe à la présence et à l’utilisation massive de pesticides et ou de fertilisants chimiques de synthèse », a souligné le Professeur Michel Boko, qui a lu la déclaration.
A l’occasion, deux films documentaires ont été projetés pour exposer les risques sanitaires liés à ces produits. La Professeure Jeanne Zoundjiekpon est ensuite revenue à la charge pour partager avec le public les résultats d’une étude sur la nocivité des pesticides de synthèse sur les moustiques. Le collectif Stop Pesticides qui regroupe une quinzaine d’Ong ne s’est pas appesanti uniquement sur les effets. A l’occasion des recommandations ont été formulées en 13 points pour exiger une politique agricole moins dépendante des engrais et des pesticides chimiques de synthèse. Un accent a été mis sur la prise en compte des méthodes et techniques de lutte biologiques. « Les Osc notent ces dernières années le développement au niveau local de plusieurs initiatives de production et de commercialisation de bio-pesticides qui méritent d’être encadrées, encouragées et promues », a précisé le Professeur Michel Boko. Le Président du Réseau Jinukun, René Sègbénou a aussi fait part de quelques initiatives bio qui peuvent aider le Bénin à se départir des produits chimiques de synthèse.
Mariette HOUESSIONON (Stag)
Lire ci-dessous les recommandations
Nous recommandons au Gouvernement du Bénin de :
1- développer une politique à long terme de « zéro intrant chimique de synthèse » notamment pour les zones particulièrement sensibles telles que les zones spécifiques de préservation de la biodiversité (aires protégées, réserves de biosphères…..) et les points de capture et de pompage d’eau de consommation ;
2- encourager la promotion de l’agro-écologie qui, si les principes sont respectés, peut permettre de nourrir l’humanité, comme l’a si bien reconnu la FAO ;
3- décourager toute initiative visant la pollution des eaux, de l’air, des sols ;
4- arrêter la subvention des pesticides et engrais chimiques de synthèse ;
5- prendre des mesures nécessaires pour protéger le droit des citoyens à l’information et imposer notamment l’obligation d’indiquer sur les étiquettes des produits alimentaires et des boissons importés ou produits localement les types de pesticides utilisés et les limites maximales de résidus ;
6- mettre en place des procédures impartiales et indépendantes pour l’évaluation des risques et l’homologation des pesticides, prévoyant l’obligation pour les fabricants de fournir des informations complètes. Ces procédures devront être fondées sur les principes de précaution et d’anticipation, et tenir compte de la dangerosité des pesticides pour la santé humaine et l’environnement ;
7- mettre en place une structure multi-acteurs regroupant entre autres les institutions et organisations des domaines de l’environnement, de la santé et de l’agriculture qui coopèreront à travailler efficacement pour la prévention et la lutte contre les effets néfastes des pesticides et d’atténuer les risques liés à l’utilisation excessive et inappropriée de ces produits toxiques ;
8- élaborer des plans d’action nationaux exhaustifs comportant des mesures incitatives pour promouvoir des solutions de substitution aux pesticides dangereux et fixer des objectifs de réduction contraignants, mesurables et assortis de délais ;
9- prioriser et promouvoir une meilleure prise en compte des méthodes et techniques de lutte biologique et intégrée dans la politique de protection phytosanitaire du Bénin. A ce propos, les OSC notent ces dernières années le développement au niveau local de plusieurs initiatives de production et de commercialisation de bio-pesticides qui méritent d’être encadrées, encouragées et promues ;
10- renforcer les structures d’information et de sensibilisation existantes (services publics déconcentrés, OSC, etc.) pour l’information et la sensibilisation rapprochées du grand public notamment les paysans, les Organisations Professionnelles Agricoles (OPA), les consommateurs, les jeunes, les journalistes…. ;
11- renforcer les dispositifs de veille citoyenne et d’alerte au niveau local pour décourager les mauvaises pratiques ;
12- renforcer les dispositifs et procédures d’application des lois et règlementations environnementales spécifiques à la problématique de l’utilisation des pesticides et engrais chimiques de synthèse au Bénin ;
13- appuyer la recherche scientifique dans l’évaluation des niveaux de contamination de nos écosystèmes aquatiques et des impacts des pesticides et fertilisants chimiques de synthèse sur la biodiversité et la santé humaine.
Enfin, nous nous engageons à accompagner toute décision ou initiative contribuant à inverser la tendance actuelle pour le bien-être de nos populations et de l’environnement.
Fait à Cotonou, le 27 Août 2018
Au nom des OSC, a signé
SEGBENOU M. René
Président de Réseau JINUKUN
Tél : 95402021/94209473/96100837,
E-mail : rene.segbenou@gmail.com
ou jinukun.copagen@gmail.com
Pour :
- Réseau JINUKUN
- Plateforme des Réseaux d’ONG en Environnement (Pro-Environnement)
- Coalition Verte
- Fédération Agro-Ecologique du Bénin (FAEB)
- Syndicat National des Paysans du Bénin (SYNPA)
- Plateforme Nationale des Organisations Paysannes et Producteurs Agricoles (PNOPPA)
- Convergence Globale des luttes pour la terre et l’eau
- Aquaculture et Développement Durable (AquaDeD ONG)
- Nature Tropicale ONG
- ACTION Plus ONG
- Actions pour le Développement Durable (ADeDBenin ONG)
- Centre de Recherche et de Développement Intégré (CREDI ONG)
- Benin Ecotourism Concern (Eco-Benin ONG)
La rédaction