La deuxième session du Conseil des ministres du Conseil international consultatif du cajou s’est tenue, ce jeudi 30 août à Cotonou. Occasion pour relancer l’opérationnalisation de ce creuset censé mieux défendre les intérêts des acteurs de la filière cajou qui souffre de certains dysfonctionnements en dépit de son potentiel.
La deuxième session du Conseil des ministres du Conseil international consultatif du cajou (Cicc), qui s’est ouverte, ce jeudi 30 août à Cotonou, permettra de mettre à jour les documents déjà examinés lors de la première session et d’examiner les nouveaux documents d’opérationnalisation élaborés. Il s’agit notamment des projets de statut du personnel, de manuel de procédures, de fiches de poste, de termes de référence pour le recrutement du cabinet chargé de recruter le Secrétaire exécutif. Cette session permettra aussi le réexamen de la question des modalités de financement du Cicc.
Doté de la capacité juridique internationale et de l’autonomie financière, le Cicc vise à promouvoir la coopération et la concertation entre les pays membres dans les domaines de la production, de la transformation, de la commercialisation, de la recherche-développement, de l’innovation technologique et de la consommation des produits du cajou. L’atteinte de ces nombreux objectifs passe par la mise en place d’un processus d’opérationnalisation de cet instrument de gouvernance et de développement de la filière cajou dans le monde.
En effet, « La pression de la demande internationale sur la production africaine n’est pas de nature à permettre une bonne organisation de cette filière et un approvisionnement efficient des usines locales», fait observer le ministre du Commerce, Joseph Ahissou. Selon lui, « Les exportations africaines de noix de cajou sont l’œuvre des filiales des multinationales de transformation de la noix, financièrement plus aptes à offrir des meilleures conditions d’achat des noix de cajou au détriment des usines locales ».
Face à un tel tableau, l’Afrique, principal producteur, s’est résolu à agir à travers la mise en place d’une sorte de continentale du cajou. Il y a nécessité de se regrouper au sein d’une organisation commune afin de promouvoir les actions de développement et d'accroître la compétitivité de cette filière, note Joseph Seka Seka, président du Conseil international consultatif du cajou (Cicc). D’où la mise en place du Cicc qui permettra ainsi d’assurer un meilleur partage des informations à travers la diffusion et la publication des informations économiques, statistiques, scientifiques, et techniques sur toutes les questions ayant trait au cajou et de défendre les intérêts des acteurs publics et privés de la filière. Ce conseil est composé de tous les pays producteurs ayant signé la Convention de création et de tous les pays acteurs dans la filière du cajou qui adhèrent à la convention après signature ou ratification suivant leurs procédures internes, et approbation par le Conseil des ministres. A ce jour, il compte neuf pays membres à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, la Guinée Bissau, le Mali, le Togo et le Sénégal. Le siège devant abriter le secrétariat exécutif est à Abidjan.
Ce deuxième Cicc qu’accueille le Bénin est, de l’avis du ministre d’Etat chargé du Plan et du Développement, Abdoulaye Bio Tchané, une opportunité pour échanger afin de mieux entrevoir les défis et enjeux du secteur. Ainsi, suggère-t-il que cette session permette d’atteindre au moins trois objectifs. Premièrement, il faut comprendre et partager les expériences des différents modèles de coordination horizontale acquises dans la sous-région ; deuxièmement, mieux connaître tous les risques et récompenses associés aux différentes activités, rôles, services offerts par les différents acteurs dans la filière cajou afin de veiller à ce que tous les maillons faibles soient renforcés et enfin, troisièmement, de rechercher les aspects stratégiques qui influencent la compétitivité et la viabilité de la filière, indique Abdoulaye Bio Tchané. « De la qualité des réponses que nous apporterons à ces objectifs, dépendra notre capacité à mieux comprendre la chaîne de valeur cajou et à en assurer une bonne gouvernance », lance-t-il.
Des chiffres qui rassurent !
Selon les données de la Banque mondiale et bien d’autres structures, l’Afrique compte pour 50 % de la production mondiale de noix de cajou, estimée à 3 millions de tonnes en 2015. Le reste de la production, provient essentiellement de l’Asie (45 %) et de l’Amérique du Sud (5%). En Afrique, la noix de cajou connaît, depuis quelques années, un développement remarquable du fait des faibles coûts de production. Sa production au niveau du continent connaît une constante progression, soit près de 10 % par an en moyenne. Cette production constitue plus de 90 % de l’offre sur le marché international de noix brutes.
En dépit de cette progression, le secteur du cajou reste confronté à des difficultés qui empêchent de nombreux pays producteurs, notamment africains, de tirer pleinement profit des nombreuses opportunités qu’offre la transformation de cette spéculation, notamment en termes de création d’emplois et de richesse et de réduction de la pauvreté. Ces contraintes de la filière, à en croire Joseph Séka Séka, président du Conseil international consultatif du cajou (Cicc), « portent sur la mauvaise organisation de la filière anacarde, la faible capacité de transformation de cette matière première, la faiblesse des échanges d'information et l’accès limité aux financements notamment pour la transformation et l’absence d’un cadre de concertation et d’harmonisation des politiques de développement de la filière anacarde au niveau mondial.
Par ailleurs, l’Afrique contribue à plus de 90 % de l'offre sur le marché international de noix brutes, mais n'en transforme que 6 %, contre
120 % en Amérique du Sud et 226 % en Asie. « C’est inacceptable car pour chaque noix exportée, c’est de la valeur ajoutée et des emplois qui sont ainsi transférés à l’étranger. Nous devons donc contraindre le cours de l’histoire pour redonner à la production, la transformation et la commercialisation du cajou une trajectoire qui rétablit notre dignité, crée de la valeur et du travail pour nos compatriotes », propose le ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané.
Pour ce qui est du Bénin, le cajou représente la deuxième filière d’exportation derrière le coton, pour une production d’environ 120 000 tonnes. Moins de 10 % de cette production est transformé localement.