Le collectif stop pesticides s’oppose à l’utilisation des produits chimiques de synthèse dans l’agriculture. Pour la société civile spécialisée dans les questions de protection de l’environnement, les pesticides et engrais chimiques mettent en péril certains droits humains . Le collectif est monté au créneau ce 30 août 2018 à Cotonou.
La santé des populations et la protection de l’environnement préoccupent le ‘’Collectif stop pesticides’’ au Bénin. Les organisations de la société civile (OSC) des secteurs de l’environnement et de l’agriculture condamnent et dénoncent l’utilisation massive des pesticides et des fertilisants chimiques de synthèse dans l’agriculture, l’alimentation et les écosystèmes au Bénin. «Il n’existe pas aujourd’hui au Bénin un village ou une ville qui échappe à la présence et à l’utilisation massive de pesticides et ou fertilisants chimiques de synthèse», a déclaré le Prof Michel Boko, au nom du collectif.
Le débat sur les conséquences de l’utilisation des produits chimiques se faisait depuis plusieurs années au Bénin. Mais il a fallu que Mosanto, le géant des produits chimiques glyphosate soit condamné le 10 août parce que son herbicide serait la cause d’un cancer en phase terminal d’un jardinier noir américain, pour que le sujet refasse surface. Depuis, tous les débats et analyses portent sur le glyphosate. Mais le collectif stop pesticides lui, s’inquiète de l’utilisation des pesticides et fertilisants chimiques de synthèse de façon générale. Le professeur Michel Boko pense que la question des pesticides doit aller au-delà du glyphosate.
Bonnes performances agricoles aux prix de la santé des populations
Pour les OSC membres de ce collectif, ces produits chimiques tant prisés dans l’agriculture au Bénin ont des « conséquences désastreuses » aussi bien sur la santé humaine que sur l’environnement. C’est pourquoi, elles sont montées au créneau pour attirer l’attention des citoyens et du gouvernement béninois sur la gravité de la situation. Selon le ‘’collectif Stop pesticides’’, le souci d’augmenter la productivité agricole (notamment du coton) conduit gouvernements et agriculteurs à se tourner vers l’utilisation massive et souvent abusive des molécules chimiques de pesticides et d’engrais aussi variées que dangereuses. « Il y a des agriculteurs qui utilisent 2 à 3 voire 4 litres de produits chimiques sur 1 hectare alors que c’est 1 qui est recommandé. Ils pensent que c’est en multipliant la dose que le produit sera efficace», témoigne Dramane Chabi Akpo, secrétaire général du Syndicat National des Paysans du Bénin (SYNPA).
Pour le collectif, si ces dernières années, les performances du secteur agricole semblent intéressantes, l’importation et l’utilisation « massives » de pesticides et d’engrais chimiques de synthèse qui y contribuent, inquiètent les uns et les autres. Une situation qui interpelle à la fois scientifiques, consommateurs, organisations paysannes et les OSC des secteurs de l’environnement et de l’agriculture au Bénin. «En avril 2018, 36 000 tonnes d’engrais chimiques de synthèse ont été importées pour le coton ; 33 000 tonnes pour le maïs et autres céréales, avec une un milliard de subvention d’engrais chimiques pour les fruits et les légumes ; 500 000 litres de glyphosate (Killer 480 SL, pourtant classé produit cancérigène 2A et fortement contesté dans la sous-région et dans l’Union Européenne), 900 000 attendus », apprend le ‘’collectif stop pesticides’’. Pourtant, selon ces OSC, les importations massives et les utilisations abusives de pesticides et engrais chimiques de synthèse dans l’agriculture sont en « contradiction totale » avec les disposions légales et les engagements internationaux qu’a pris le Bénin, à travers la signature de plusieurs conventions.
Le gouvernement interpellé
Les résidus de tous ces produits chimiques, expliquent les spécialistes des questions environnementales et de santé humaine, se retrouvent finalement dans les cours et plans d’eau. « Une étude a montré que 21 résidus de pesticides organochlorés et organophosphorés ont été identifiés dans les sédiments et les espèces aquatiques prélevées tout le long du fleuve Ouémé et que plus de 40 espèces aquatiques ont disparu des eaux du fait de l’usage des pesticides chimiques de synthèse », fait constater le Prof Michel Boko.
Après avoir présenté les conséquences de l’utilisation des pesticides (toutes catégories confondues), les OSC des secteurs de l’environnement et de l’agriculture ont fait plusieurs recommandations à l’endroit du gouvernement béninois. Il s’agit entre autres : de prioriser et promouvoir une meilleure prise en compte des méthodes et techniques de lutte biologique et intégrée dans la politique de protection phytosanitaire du Bénin, de décourager toute initiative visant la pollution des eaux, de l’air et des sols ; d’arrêter la subvention des pesticides et engrais chimiques de synthèse ; renforcer les dispositifs de veille citoyenne et d’alerte au niveau local pour décourager les mauvaises pratiques.
Le ‘’Collectif stop pesticides’’ dit s’engager à accompagner toute décision ou initiative qui vise à contribuer à inverser la tendance actuelle pour le bien-être des populations et de l’environnement. Les OSC de l’environnement et de l’agriculture demandent au citoyen informé de sensibiliser son entourage sur les conséquences de l’utilisation des pesticides et fertilisants chimiques de synthèse.